Le Hamas a voulu encore mieux faire que le Hezbollah contre Tsahal durant l’été 2006. Pensant mettre tous les avantages de son côté, La bande de Gaza est un milieu géographique clos qui est entièrement sous son contrôle. La direction du Hamas a donc privilégié le contrôle de l’information en assurant l’exclusivité des prises de vue à la chaîne Al Jazira. Comme l’indique le site du Nouvel Obs, «l-Jazira en anglais a connu une très forte hausse de son audience pendant la guerre entre Israël et le Hamas chez les téléspectateurs américains. Notamment parce que cette chaîne avait ce que CNN et d'autres réseaux internationaux n'avaient pas: des reporters dans la Bande de Gaza. Mais les téléspectateurs ne la regardaient pas sur le câble, Al-Jazira en anglais étant très peu accessible par ce biais aux Etats-Unis: ils la suivaient sur Internet, où la chaîne diffusait des images en "streaming" de l'offensive menée par Israël contre le Hamas. Pendant les 22 jours du conflit, qui s'est terminé le week-end dernier, la chaîne et sa "soeur aînée", qui diffuse en arabe, ont diffusé beaucoup plus de photos de femmes et d'enfants palestiniens morts et blessés que les réseaux américains. Ces images, énormément vues au Proche-Orient, ont provoqué un gigantesque mouvement de sympathie pour les Gazaouis. » Mais ce que ne précise pas le site du Nouvel Obs, c’est le dérapage propagandiste généré par l’attitude du Hamas. En effet, les responsables du Hamas ont fait en sorte que les images transmises par cette télévision étaient prioritairement des scènes en gros plan sur les cadavres et les blessés palestiniens. Très rapidement, cette orientation délibérée qui privilégie la séquence émotionnelle par rapport aux combats est apparue comme une volonté d’influencer l’opinion publique et prioritairement les populations du monde arabe. Un matraquage aussi caricatural a fini par aboutir au contraire de l’effet souhaité par le Hamas. Les tirs de roquette volontairement positionnés sur des bâtiments abritant des civils palestiniens ont fait ressortir le cliché très contreproductif du bouclier humain, déjà mis en scène par Saddam Hussein lors de la première guerre du Golfe. La chaîne Al-Jazira a subi le contrecoup de cette orchestration de la propagande par le Hamas car elle apparaît désormais comme un outil manipulable à souhait par des acteurs d’un conflit dès lors qu’il s’agit de défendre la cause arabe. Les bombes au phosphore larguées par les avions israéliens ne peuvent gommer cette réalité même si certains organes de la presse de gauche en France sont encore prêts à tomber dans ce genre de manipulation grossière.