Les délicates relations de la France avec la Chine

Pourquoi la Chine est-elle si menaçante avec la France ?

reproches la visent indépendamment de son rôle européen. Pour preuve : l’Allemagne et la Grande Bretagne ont aussi reçu le Dalaï Lama et ne sont pourtant pas les cibles de mises en garde aussi fermes.

Chine et sa population, donnant lieu à des boycotts et attaques virulentes.

Quelles sont les raisons de cette amertume particulière à l’encontre de la France ? Il est probablement trop tôt pour pouvoir se prononcer de façon catégorique mais quelques pistes peuvent éclairer cette difficile question.

La France, un ami qui trahit ?

remous provoqués par le passage de la flamme à Paris avaient amené le Président français à annuler sa présence aux Jeux Olympiques ; Position plusieurs fois modifiée par la suite. Cette oscillation avait abouti au choix de faire le voyage en tant que Président de l’Union européenne. Le même scénario s’était joué à propos du séjour hexagonal du Dalaï Lama.

Dans ces évènements, deux éléments, semble-t-il, sont à prendre en compte.

gouvernement français à l’encontre de ses agissements au Tibet ont certainement vexé le vieil ami. De plus, empreints de moral, ils renvoient à une sorte de « doctrine universaliste », les Droits de l’Homme, qu’un pays au modèle si différent rejette dans le fond tout autant que dans la forme. C’est  donc le premier ami occidental, celui de toujours, qui a en quelques sortes trahi la Chine. Cette déception peut expliquer en partie le traitement particulier qu’elle réserve à la France.

Une France trop faible ?

maillon faible » en Europe et tente d’adopter une attitude hautaine et menaçante. De telles hésitations lui ont probablement laissé entendre  que les diplomates français pouvaient aisément se ranger à leurs raisons avec un peu de persuasion.

cible encore plus aisée : le chantage sous-jacent qui accompagne les réactions de la Chine fait craindre pour la santé économique de ces groupes.

Une présidence européenne agaçante ?

En second lieu, il faut peut-être se pencher sur la Présidence française de l’Union européenne. A priori déjà, on peut aisément considérer que, comme le sont les Etats-Unis, la Chine est irritée par le principe même de l’Union européenne. Cette force politique et économique qui se construit n’est pas forcément vue d’un bon œil par ses potentiels concurrents. A cela il faut ajouter que la présidence française de l’UE a été particulièrement active, voire omniprésente. Vue comme une « donneuse de leçon », la voix de l’Union agace certainement en plusieurs points du globe. Ce mandat français achève, de surcroît, de positionner la France sur la scène internationale et la désigne très sûrement.

Un bouc émissaire pour le peuple chinois ?

Cette conjonction de motifs peut représenter un début d’explication à ce… casse-tête chinois. Il est possible aussi d’ajouter, avec toutes les précautions d’usages, que l’existence d’une cible commune au peuple chinois hors de ses frontières pourrait le détourner d’une situation intérieure délicate. Dans un pays aux inégalités si criantes, où la liberté de la presse est strictement réduite, les effets de la crise ne peuvent qu’exacerber les revendications. Or, la focalisation vers l’extérieur pourrait faire oublier pendant quelques temps  les difficultés intérieures.

S’il est probablement trop tôt pour définir infailliblement les raisons de cette attitude chinoise, on peut noter que sa politique envers la France est celle de la punition récurrente et qu’elle ne fait pas ici d’essais. Ce n’est pas un test pour jauger sa force, mais une politique pleinement assumée, dont on ne connait encore l’exacte réalité.

Julie Branère