Les banques françaises menacées par une crise de confiance

Crise des subprimes, crise économique… autant de symptômes du marché qui poussent les Français à nourrir de plus en plus d’inquiétudes quant à leur pouvoir d’achat et leurs emplois. Le risque le plus important à court terme pour les banques françaises reste très certainement une crise de confiance généralisée des épargnants français qui brutalement (cf. crise de 1929) pourraient, sur un mouvement de panique, retirer en masse leurs économies. Le gouvernement tente de rassurer les Français (au nom de l’intérêt national) en leur garantissant une couverture de leurs placements. Ce discours, tant qu’il n’est pas dans l’application, reste acceptable pour les petits épargnants que nous sommes cependant il y a un mais !
En effet, les garanties de placement dont le gouvernement se fait l’écho, le fonds de garantie des dépôts, permet en cas de défaillance d’un établissement bancaire de couvrir les placements des épargnants à hauteur de 70 000 €. Ce fonds de garanties est valorisé à seulement 1,79 milliards d’€ à fin 2007 (« une goutte d’eau à éteindre en cas d’incendie »). Ce fonds ne pourrait rembourser que 25 600 clients au plafond des 70 000 € de dépôts. Selon les estimations, ce fonds ne pourrait couvrir que 1/1000ième des dépôts sur le marché français. Les difficultés à créditer ce fonds de garantie s’expliquent pour partie par le manque cruel de liquidités des banques sur le marché. Cette absence de liquidités est là encore la résultante d’une alchimie financière qui n’a pas hésité à franchir la ligne jaune.

Mais comment en sommes-nous arriver là ?
Première cause d’assèchement des banques : « la titrisation ». Le principe consiste à transférer des paquets de crédits, immobiliers notamment, dans des structures qui en assumaient le risque. Ces crédits ne figurant plus au bilan des banques, elles pouvaient octroyer de nouveaux crédits tout en continuant à respecter les ratios de solvabilité. Cette technique ne peut plus fonctionner actuellement d’où le besoin actuel de liquidités et le blocage du marché inter-bancaire (crise de confiance entre les banques).
Seconde cause de mise en déroute des liquidités : les investissements spéculatifs. Les investissements dans les « subprimes » (et la suite connue) a balayé une partie non négligeable des disponibilités bancaires. La destruction de valeur est considérable (20 milliards d’€ en 2007 pour la France) et il faudra plusieurs dizaines de milliards d’€ pour renflouer les banques avec l’effet endémique de cette crise.
Troisième cause et non des moindres, la diminution du nombre de prêts accordés par les banques. Depuis les premiers signaux de crise du marché début 2008, les banques françaises n’ont cessé de diminuer les autorisations de prêts (qui restent via l’effet de levier un des grands moteurs de la croissance). On peut y voir là une mesure préventive pour sécuriser l’équilibre financier…et bien détrompez-vous, il s’agit en fait d’une opération qui consiste à autoriser un nombre de prêts restreint mais avec des marges supérieures et ce afin de restaurer les fonds propres des banques par une hausse de leurs profits (maintien des taux du marché malgré une baisse des taux directeurs). D’après les statistiques de la Banque de France (étude reprise par le Canard Enchaîné), la marge des banques pour les crédits immobiliers aurait bondi de + 486 % en 1 an (2007 – 2008) et de + 143 % pour les prêts liés à l’investissement des entreprises.
Au final, le monde bancaire, quelque soit l’issue de la crise, aura bien des difficultés à renouer des liens de confiance avec ses clients si il ne sort pas de son repli sur lui-même. Il est sidérant de constater à quel point les états-majors des grandes françaises ne réfléchissent pas sur une implication plus dynamique de leur part pour se battre pour le développement économique de la France, développement qui comme chacun sait, risque de subir les contrecoups très durs en matière d’infrastructure industrielle. La politique des banques suit actuellement la formule « pour vivre heureux, vivons cachés », à l’image de l’assureur AXA qui a su faire oublier par les médias français sa perte de 100 millions de dollars dans le dernier scandale de Wall Street. Cette politique à courte vue est un ersatz de la Ligne Maginot. Souhaitons aux banques françaises de ne pas en mesurer la mémorable efficacité dans les futurs rebonds de la crise.

Sources :
http://www.titrisation.org/Titrisation/exemples/risque.htm
http://www.finance-etudiant.fr/articles/crise-epargne-et-placements-que-faut-il-faire.html
http://www.diagnostic-expertise.com/credit/actualite-credit-credit-les-marges-des-banques-explosent-1695.php
http://www.lefigaro.fr/societes/2008/09/03/04015-20080903ARTFIG00303-ricol-pointe-la-responsabilite-des-banques-dans-la-crise-.php