La diplomatie française sait-elle tirer les enseignements de ses erreurs ?

Comment expliquer l’incapacité du Ministère français des affaires étrangères français à tirer les enseignements des rapports qui lui sont remis par des consultants extérieurs ? L’un d’entre eux porte sur la diplomatie culturelle de la France à l’étranger. Chaque année, le Quai d’Orsay dépense un budget non négligeable pour amener en Asie des artistes français qui font des tournées dans des pays comme le Japon ou la Corée du Sud. Le bilan de ces tournées est pour le moins catastrophique. Il arrive en effet qu’une salle de plus de mille places soit louée et qu’elle soit remplie par les 150 expatriés qui ont daigné faire le déplacement pour écouter gratuitement des chanteurs de l’hexagone. Aucun travail préparatoire sérieux n’a été accompli pour faire connaître ces artistes par des relais dans la population locale. La publicité (si elle était faîte de manière professionnelle) n’aurait en effet guère de résonance puisque la plupart de ces artistes sont inconnu du grand public nippon ou coréen. Le seul effort qui est fait est le marketing « linguistique » de cette tournée puisque la diplomatie française a recours à l’anglais dans cette circonstance. Le bilan en termes d’influence est quasiment nul pour la France dans cette région du monde. D’une certaine manière, on se fait plaisir au frais du contribuable qui serait très intéressé d’apprendre comment une administration dépense inutilement son argent. Encore faudrait-il que le responsable du Quai d’Orsay en charge du dossier ait une vision élémentaire de la recherche d’efficacité. Un stage dans le corps diplomatique de pays plus modestes lui serait peut-être utile. Par comparaison, des pays comme l’Australie mobilisent des forces plus modestes mais réalisent des opérations culturelles couronnées de succès aussi bien sur le plan financier (les diplomates australiens et leurs consultants ont appris à remplir les salles par du public local qui paie sa place) et éviter ainsi un déficit) que sur le plan relationnel (la population locale a été sensibilisée de manière ciblée par des diplomates avertis du sens de la mission à accomplir à la venue des artistes envoyées par l’Australie).

Sources complémentaires :
http://intelligenceculturelle.blogspot.com
http://www.inter-ligere.net/article-15099636.html
http://bibliobs.nouvelobs.com/20081211/9331/la-france-brade-son-reseau-culturel-a-letranger

« La diplomatie culturelle française en déshérence » publié sur Infoguerre.fr.
Rappelons à ce propos que des auteurs comme Dominique Wolton ne traient pas du tout cet aspect du problème et sont encore ancrés à une vision quantitative relativement simpliste de la diplomatie culturelle par exemple en insistant sur la réduction du nombre de lycées français dans le monde. La pensée très lissée de ce chercheur du CNRS limite sa capacité d’analyse des rapports de force et des logiques d’influence culturelle.