Bic et Orange s’aventurent sur un marché polémique

Depuis la rentrée de septembre, Bic et Orange s'exposent à des risques et peuvent susciter la grogne de certaines associations dans le cadre de la commercialisation d'un nouveau produit sur le marché : le Bicphone.
Ces deux groupes se sont en effet associés pour proposer un téléphone portable ne nécessitant aucun enregistrement au préalable auprès d'un opérateur. Livré avec 60 minutes de communication et d'un chargeur de batterie, le Bicphone est utilisable immédiatement.
Jusqu'à ce jour, la vente d'un téléphone portable était soumise à un processus d'enregistrement et de validation administratifs et financiers de la part de tous les opérateurs. Ainsi l’acquisition d'un téléphone portable par un mineur restait soumise au contrôle et à  l'autorisation parentale. Bicphone déverrouille le système. En disposant de 49 €, un enfant peut se munir d'un téléphone portable disponible en accès libre dans les commerces.
Le danger est bien là. En proposant implicitement des téléphones portables aux plus jeunes, Bic et Orange ne respectent pas le principe de précaution en matière de risque concernant leur exposition aux champs électromagnétiques provenant des mobiles. Les études réalisées par l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), l'Agence Française de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail (AFSSET), et dernièrement le rapport Bioinitiative sont formels sur les dangers de la téléphonie mobile. Le parlement européen et le Ministère de la Santé de la Jeunesse et des Sports français recommandent d’ailleurs un usage réduit du téléphone portable notamment pour les groupes les plus vulnérables tels que les enfants. Ces derniers pourraient en effet être plus sensibles étant donné que leur organisme est en cours de développement.
Le risque est d'autant plus grand que depuis un an, la polémique concernant la vente de téléphone dédié spécifiquement aux enfants a entraîné certains grands distributeurs à ne pas les commercialiser. Le Bicphone pourrait ainsi faire l’objet d’une attaque similaire à double titre. Non seulement ces téléphones sont facilement accessibles et utilisables par les plus jeunes mais ils échappent également au contrôle parental, garant de leur sécurité.
Par ailleurs, la stratégie de Bic et Orange consistant à courtiser la plus jeune clientèle considérée à juste titre comme les nouveaux abonnés de demain paraît plus probable que de conquérir tout azimut le marché de la téléphonie déjà très compétitif. Concurrencer des produits technologiquement avancés avec un appareil tel que le Bicphone paraît en effet utopique.
En outre, le fabricant historique de « jetables » part avec de sérieux handicaps pour répondre aux exigences des consommateurs en matière environnementale. Le chemin semble encore long : faible prix, faible durée de vie, vente en libre accès à moindre coût, traitement de fin de vie onéreuse ; tous les ingrédients sont réunis pour en faire un objet non acceptable d'un point de vue écologique. Enfin, en favorisant l'exposition des préadolescents à des risques et des dangers potentiels importants, Bic et Orange s'affranchissent de leur déontologie et de leur éthique, pourtant promus comme des valeurs fondamentales dans le cadre de leur propre développement.

Sources :
http://www.orange.fr/bin/frame.cgi?u=http%3A//estore.orange.fr/stores/prospects/ma_selection.jhtml%3FpTerminalProdIdWithoutNextState%3Dprod4700003%26WT.srch%3D1
http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr/dossiers/sante/telephones-mobiles-leurs-stations-base-sante/effets-sante.html?var_recherche=portable
http://www.bicworld.com/inter_fr/pdf/2004/development/Ethics_code.pdf
http://www.francetelecom.com/fr_FR/responsabilite