Les lacunes de la Russie en matière de guerre de l’information


La Russie a loupé une belle opération de guerre de l’information à cause de la culture rigide de ses services de renseignement. Lorsque l’armée géorgienne a attaqué la vielle d’Ossétie du Sud en bombardant notamment aussi bien des cibles militaires que la population civile, il aurait été très efficace pour les Russes d’avoir une équipe de TV composée de « braves citoyens ossètes » témoins de l’évènement pour retransmettre en direct ces images et les mettre ensuite en ligne sur le web afin de démontrerau monde des internautes que c’était bien les Géorgiens qui étaient les agresseurs dans ce conflit de basse intensité. Au lieu de travailler sur cette évidence, les services russes ont préféré diffuser des rumeurs comme quoi ils avaient trouvé des soldats noirs parmi les cadavres de soldtas géorgiens tués au combat (sous-entendant ainsi que c’était des conseillers militaires américains). La culture du GRU (service de renseignement militaire soviétique et du SVR qui a succédé à la branche extérieure) comme celle du KGB reste ancrée aux pratiques de désinformation et d’intoxication issues de la guerre froide. Elle n’arrive pas à muter vers d’autres pratiques pourtant évidentes de guerre de l’information. Le lien ci-dessous d’un article paru sur le site du Figaro montre le bénéfice quauraient pu tirer les Russes d’une opération spéciale d’infowar. Cet article relate la maladresse de la chaîne américaine Fox qui cherche à censurer le témoignage d’une réfugiée revenant d’Ossétie du Sud .



Sources complémentaires

« Le 13 août, la chaîne de télévision américaine Fox News interroge en direct Amanda Kokoeva, une fille de 12 ans qui vit à San Francisco. Le 8 août, Amanda était en vacances dans sa famille en Ossétie du sud quand les Géorgiens ont attaqué. Elle a pu s'enfuir vers la Russie, puis regagner San Francisco, d'où elle parle, aux côtés de sa tante. » Lire la suite sur ce blog.

http://blog.lefigaro.fr/russie/2008/09/un-episode-de-la-guerre-de-lin.html





Pour éclairer davantage cette analyse, voici un article paru dans la presse russe :

http://fr.rian.ru/analysis/20080811/115958676.html

« Conflit en Ossétie: la Russie mal engagée dans la bataille de l'information

La Russie devra bientôt enterrer ses soldats et les civils tués en Ossétie du Sud, guérir les plaies du corps et de l'âme des réfugiés et des militaires, reconstruire les maisons et les infrastructures détruites, mais une tâche non moins importante l'attend: prouver son bon droit, au sens large du terme, lit-on lundi dans le quotidien Vedomosti. Quelles que soient les conséquences de l'opération terrestre, ses conséquences dans l'interprétation des principaux médias du monde, dans la compréhension des leaders de la planète et dans la conscience des simples citoyens sont claires: les autorités russes ont permis à Tbilissi de remporter une guerre éclair sur les ondes.

Pour gagner la guerre de l'information, aussitôt après les premiers tirs sur Tskhinvali, Moscou aurait dû constituer et envoyer dans la région un groupe le plus représentatif possible de journalistes étrangers, sous une escorte russe. Il fallait donner tout de suite la parole aux représentants de la mission de l'OSCE en Ossétie du Sud qui auraient confirmé les données sur les destructions et les victimes parmi les civils et les soldats de la paix. Les tirs des unités géorgiennes sur les civils et les forces de maintien de la paix constituent une violation grossière du droit international, et les coupables doivent comparaître devant un tribunal international. Mais les chaînes officielles russes ont évoqué le caractère inapproprié de Mikhaïl Saakachvili et de ses contacts avec les Etats-Unis, ce qui est d'emblée parfaitement évident.  Prenant la décision de renforcer les forces de maintien de la paix sur le territoire du pays voisin, il fallait la rendre publique et l'expliquer du point de vue des procédures du droit international. Même si l'interprétation de la partie russe aurait semblé insatisfaisante pour certains, elle aurait au moins été présente dès le début sur les ondes. Elle aurait été citée ensuite par tous les médias mondiaux. La présence sur les ondes d'une information est aussi importante que son contenu. Beaucoup de temps a été perdu, mais la Russie peut encore retourner en sa faveur la bataille de l'information. Pour cela, il faut passer rapidement à l'offensive dans les médias. Il faut publier beaucoup d'interviews et présenter inlassablement la position russe sur tous les problèmes majeurs. Il faut parler des actions de l'armée géorgienne au début des hostilités, prouver la légitimité de la participation de contingents supplémentaires de l'armée russe dans la zone du conflit, parler du droit de la Russie de renforcer le contingent de maintien de la paix, de l'envergure de la catastrophe humanitaire et de la violation des accords internationaux par Tbilissi. En outre, les dirigeants russes doivent stopper l'afflux de volontaires et retenir les têtes brûlées prêtes à transformer l'opération, qui vise à contraindre la Géorgie à la paix, en guerre de grande envergure contre un Etat voisin. Enfin, il faut éviter à tout prix que se produise quelque chose semblable à la campagne antigéorgienne de l'automne 2006. Il faut éviter de donner à Tbilissi une chance de présenter le conflit avec Moscou comme une confrontation entre la Russie et le monde civilisé. »