Les risques de copier le système universitaire américain

La réforme engagée depuis plusieurs années en Europe dans le domaine des études supérieures. La réforme LMD comporte la Licence, à Bac +3 (le bachelor aux Etats-Unis) Master, à Bac +5 et la dernière marche (le troisième cycle) est celle du Doctorat, à Bac +8. Le système LMD (L pour Licence, M pour Master et D pour Doctorat) permet de classer des diplômes Bac +2/3 à niveau L et des diplômes Bac +4/5 voire 6 au niveau Master. La raison officielle de la mise en place du système LMD est l'harmonisation des diplômes en Europe. Aujourd'hui, les étudiants européens obtiennent, au terme de trois ou quatre ans d'études, un Bachelor (une Licence) ; après quatre à six ans un Graduate (un Master) et un Doctorat au bout de huit ans. Mais des voix commencent à s’élever pour dénoncer les risques d’effets pervers de cette réforme. Beaucoup d’étudiants qui poursuivaient auparavant leurs études jusqu’au niveau bac+5 s’arrêtent désormais au niveau bachelor comme aux Etats-Unis. Les candidats aux masters sont donc moins nombreux et recherchent des emplois en priorité dans le secteur privé qui est mieux rémunéré. Les filières recherche sont donc victimes de cette évolution car elles manquent de doctorants. Mais ce qui est plus grave est le risque d’appauvrissement des niveaux des étudiants. Aux Etats-Unis, la compétition dans l’économie de la connaissance a eu des répercussions dans le monde universitaire. A Harvard, la moyenne des étudiants qui obtenaient de bons résultats était il y a 15 ans autour de 15%. Aujourd’hui, elle s’élève à 30%. Il est difficile de croire que le niveau des étudiants ait grimpé de manière aussi spectaculaire dans une période aussi courte. Il ne faut donc pas exclure la possibilité que la recherche de candidats se traduise par un certain opportunisme commercial dans le rendu des notes. En Allemagne, certains universitaires commencent à s’interroger sur les risques d’une telle dérive. En France, la réforme LMD a tiré vers le bas les anciennes licences et maîtrises par des effets mécaniques au point que certaines universités compensent ce phénomène par des stages.