La guerre de l’information n’existe pas ou seulement dans les campagnes électorales, c’est l’impression qui ressort de la lecture du livre blanc rendu public cette semaine par les autorités françaises. Les déstabilisations informationnelles de l’armée française sur des théâtres d’opération extérieurs (Rwanda, Côte d’Ivoire, Afghanistan), la démonstration de cyber warfare contre le gouvernement estonien, les multiples attaques informationnelles qui touchent le monde de l’entreprise, le rapport du SGDN sur la manipulation de l‘information semblent être des non-évènements. La France cultive-t-elle l’art d’avoir une guerre de retard ? Il est inquiétant de constater que le niveau de perception des enjeux de la guerre de l’information se situe encore au niveau de la guerre informatique à laquelle on rajoute quelques thématiques supplémentaires de manière anecdotique. Qui se lèvera pour dire ce que chaque homme politique sait parfaitement en cherchant à déstabiliser un rival lors d’une élection majeure à savoir que celui attaque a toutes les chances de l’emporter dans cette nouvelle forme de conflit (les diamants de Giscard, l’appartement d’Alain Juppé, le passé trotskiste de Jospin). Les affrontements économiques liés à l’évolution du monde ne sont pas mieux lotis dans ce livre blanc. Ils sont visiblement considérés par la haute fonction publique comme des épiphénomènes qui doivent rester dans la culture du secret alors que les stratégies de puissance reposent de plus en plus sur des actions concertées fondées sur un usage offensif du renseignement et des opérations d’influence de long terme. Combien de défaites exemplaires devrons-nous accumuler pour entendre raison sur des sujets aussi cruciaux ?