La guerre politique américaine autour du contrat des avions ravitailleurs

L’appel d’offres de lancé par l’US Force et remporté par Airbus Military Air transport en association avec le groupe américain Northrop Grumman (contrat portant sur 179 ravitailleurs en vol), a été retoqué par l’organisme fédéral Government Accounting Office (GAO), qui est une sorte de Cour des comptes américaine et un des bras armés du Congrès américain. Contrairement aux apparences, il ne s’agit pas d’une revanche remportée par les lobbyistes pourtant très actifs de Boeing mais plutôt d’un épisode politique de la vie intérieure américaine. Le camp républicain n’est pas assuré de la victoire de John Mac Cain aux prochaines élections présidentielles américaines. Dernièrement Barack Obama a accusé Mac Cain d’avoir fait du lobbying pour des entreprises américaines et pour des entreprises européennes, notamment pour EADS dans ce fameux contrat du siècle. Il n’est pas inutile de rappeler que le patron de l’US Air Force a été récemment remplacé par un autre général sur décision de Georges Bush. Cette modification permet d’incriminer encore plus facilement les partants et laisser les mains libres au nouvel état-major de l’US Air Force. Cet évènement est à mettre en relation avec la tentative de reconquête du terrain électoral opéré par les conservateurs. John Mac Cain fait désormais profil bas sur ce sujet délicat. Le texte du GAO en ligne sur son site (http://www.gao.gov/press/press-boeing2008jun18_3.pdf) est intéressant à analyser. Si on devait illustrer sa décision par une métaphore : c’est un peu comme si un arbitre arrêtait une compétition automobile afin de relancer la course sous d’autres conditions. L’offre de Boeing comportait plusieurs failles : l’appareil Boeing 767 était ancien. Boeing l'a choisi parce qu’il est construit à Seattle qui est une ville industrielle en crise économique depuis les retombées du 11 septembre cumulées à la hausse du prix des carburants. Le bras d’alimentation de l’appareil présentait des défauts et était beaucoup moins performant que l’appareil présenté les Européens d’Airbus Military Air transport et enfin Boeing a été impliqué dans une affaire de corruption qui a joué en sa défaveur lors du résultat du premier appel d’offres. John Mac Cain avait attaqué Boeing sur ce point précis. La solution de plateforme de Boeing était donc moins performante que celle de son concurrent européen. La décision du GAO équivaut à un arrêt d’une course automobile par le commissaire qui estime que l’un des concurrents peut opter pour un véhicule plus performant. On peut se demander à ce propos si Boeing ne va pas remplacer le 767 par le 777 qui est à la hauteur sur le plan technique. Il est étonnant de lire dans ces trois pages publiées parle GAO que l’US Air Force devra rembourser à Boeing les frais de dossier et d’avocats si c’est sa plateforme qui est choisie dans le second appel d’offres. Dans cette affaire très politique par l’intermédiaire de laquelle les conservateurs américains cherchent à marquer des points sur le plan électoral, les Européens ont une marge de manœuvre plus que réduite.