Le reproche principal fait aux agrocarburants concerne la surface d’exploitation nécessaire qui est « détournée » de son usage premier, alimenter les populations. En France, l’interview de Chantal Jouanno, nouvelle présidente de l’Ademe, à propos des résultats d’une expertise commandée sur le bilan écologique et énergétique des agrocarburants de première génération, a provoqué une réaction satisfaite du groupe Bioéthanol. Les résultats initiaux sont en effet positifs en termes de gains énergétiques et de réduction des gaz à effet de serre (GES). Bioéthanol a donc cherché à exploiter ce résultat et redorer l’image des biocarburants. Mais comme le précise la présidente de l’Ademe, cette étude nécessite d’être complétée filière par filière, culture par culture. Elle revient également sur l’impératif de ne pas étendre les surfaces cultivées. L’opportunité pour la filière semble donc de développer les biocarburants de deuxième génération type éthanol et diester, dont l’enjeu prioritaire est la productivité pour répondre aux besoins sans augmenter les surfaces cultivées. C’est le sens de la déclaration du Président Nicolas Sarkozy qui à Rome a insisté sur « la priorité absolue » de se tourner vers les biocarburants de nouvelle génération à la productivité estimée cinq fois supérieure. « Ainsi, on ne pénalisera pas les pays qui ont fait le choix des biocarburants et qui ne veulent pas être arrêtés, et ainsi on réservera le maximum d’hectares à la production agricole ».
lobby bioéthanol a accusé le déstockage brutal de grains de maïs par la Chine à la fin des années 1990, de 300 jours de consommation à 100 jours en 2007. Pour lui, comme le précise le consultant Gwenaël Elies, « cela a masqué l’insuffisance de l’offre ». L’intérêt de plus en plus important des Etats-Unis pour le bioéthanol n’explique pas « directement » la flambée des cours du maïs.
Le sommet de Rome a donc été l’occasion pour les différents protagonistes liés plus ou moins directement aux biocarburants d’intervenir dans le débat. Le communiqué final a été d’une pauvreté rare, avec aucun objectif concret fixé. On peut donc estimer que les lobbyistes des biocarburants ont gagné cette bataille, pour le plus grand intérêt des Etats-Unis et du Brésil notamment, mais la pression ne devrait pas se relâcher, principalement pour imposer le passage rapide aux biocarburants de deuxième génération, à base de résidus agricoles et forestiers pour le gazole ou de cultures dédiées pour l’essence.
M.D.
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