Un cadre d’entreprise s’étonnait dernièrement que c’était la France qui était visée par la Chine après l’affaire de la flamme olympique alors qu’il y avait eu des manifestations aux Etats-Unis et en Grande Bretagne. Pourquoi la France ? D’abord les faits : C’est une ONG française Reporters Sans Frontières (RSF) qui s’est mise en avant pour manifester non seulement à Paris mais précédemment à Athènes. Autrement dit, une voix française ne s’est pas contentée de manifester à Paris. Elle a pris les devants et l’a fait dans le pays symbole des jeux olympiques, la Grèce, point de départ du voyage de la flamme olympique dans son périple à travers le monde. Cette arrogance n’a pas échappé aux Chinois qui ne sont pas dupes dans cette affaire. Ils savent bien que les Etats-Unis jouent un double jeu et les soupçonnent d’être à l’origine de l’agitation internationale autour de l’affaire du Tibet bien que Washington insiste sur les relations cordiales avec la Chine compte tenu des intérêts économiques entre les deux pays. C’est la raison pour laquelle, Pékin ne riposte pas frontalement contre les manœuvres souterraines des services américains sur la question du Tibet. N’oublions pas que ces derniers sont assez intelligents pour ne pas mettre de l’huile sur le feu en prenant appui sur le levier des ONG américaines. Ils préfèrent activer des forces non américaines qu’ils aident en sous-main. La France est exactement dans le cas inverse. Ses services n’ont strictement rien à voir avec la démarche de l’ONG RSF. Mais c’est elle qui est sur la sellette à travers la réaction officielle et officieuse de la Chine (manifestations « spontanées » contre les implantations de Carrefour en Chine, campagnes de dénigrement sur Internet). Comment expliquer ce paradoxe ?
L’explication la plus simple est l’état du rapport de force entre la Chine et les Etats-Unis. Pékin a plus à perdre qu’à gagner en attaquant frontalement la diplomatie américaine sur la question du Tibet. Si on limite l’analyse à l’enjeu d’image lié à Pékin 2008 de cet été et sur les gains à tirer de l’économie des Jeux olympiques qui s’appuie principalement sur les grands networks anglo-saxons, il est évident que les autorités doivent s’accommoder de l’attitude américaine. Rappelons pour mémoire que les royalties publicitaires sur les anneaux olympiques ont été perçues à partir des années 80 par le Comité olympique américain. Dans ce cas, pourquoi la Chine n’exerce-t-elle pas des mesures de rétorsion à l’égard de la Grande Bretagne ? Londres dispose d’arguments que la France n’a pas. Un petit rappel s’avère nécessaire : un an après avoir rétrocédé Hong Kong à la Chine, la Royal Navy a fait un exercice militaire d’envergure dans les eaux internationales aux larges des côtes chinoises pour rappeler à Pékin que le Foreign Office tenait aux respects des engagements pris par la République populaire chinoise. Aucun pouvoir politique français n’aurait eu l’audace d’exercer un tel moyen de pression dans des circonstances analogues depuis la sortie de la France de l’OTAN sous la présidence de la République exercée par le général de Gaulle.
Ce manque de crédibilité de la France est la conséquence directe du déficit d’expression de sa politique de puissance. La gesticulation ne remplace pas la stratégie. Telle est la leçon à tirer de cette affaire. La Chine communiste tirera tous les avantages possibles de cette faille de la politique française en soufflant tantôt le chaud (remerciements pour l’aide apportée par les entreprises françaises implantées en Chine lors du dernier tremblement terre) puis le froid (déclarations des organismes de tourisme chinois sur un boycott éventuel de la France). Dans ce jeu « très asiatique », la France n’aura de cesse d’essayer d’amadouer Pékin. C’est justement-là son point faible. Celle leçon de choses en termes de stratégie d’influence n’est pas anecdotique. Elle souligne notre déficit sur un point crucial : « comment se faire craindre par le fort quand on est faible ». Contrairement aux apparences, la France ne manque pas d’arguments. Encore faudrait-il que son pouvoir exécutif ait la capacité intellectuelle et le courage politique pour missionner les services compétents afin de nous sortir de ce coin du ring.
L’explication la plus simple est l’état du rapport de force entre la Chine et les Etats-Unis. Pékin a plus à perdre qu’à gagner en attaquant frontalement la diplomatie américaine sur la question du Tibet. Si on limite l’analyse à l’enjeu d’image lié à Pékin 2008 de cet été et sur les gains à tirer de l’économie des Jeux olympiques qui s’appuie principalement sur les grands networks anglo-saxons, il est évident que les autorités doivent s’accommoder de l’attitude américaine. Rappelons pour mémoire que les royalties publicitaires sur les anneaux olympiques ont été perçues à partir des années 80 par le Comité olympique américain. Dans ce cas, pourquoi la Chine n’exerce-t-elle pas des mesures de rétorsion à l’égard de la Grande Bretagne ? Londres dispose d’arguments que la France n’a pas. Un petit rappel s’avère nécessaire : un an après avoir rétrocédé Hong Kong à la Chine, la Royal Navy a fait un exercice militaire d’envergure dans les eaux internationales aux larges des côtes chinoises pour rappeler à Pékin que le Foreign Office tenait aux respects des engagements pris par la République populaire chinoise. Aucun pouvoir politique français n’aurait eu l’audace d’exercer un tel moyen de pression dans des circonstances analogues depuis la sortie de la France de l’OTAN sous la présidence de la République exercée par le général de Gaulle.
Ce manque de crédibilité de la France est la conséquence directe du déficit d’expression de sa politique de puissance. La gesticulation ne remplace pas la stratégie. Telle est la leçon à tirer de cette affaire. La Chine communiste tirera tous les avantages possibles de cette faille de la politique française en soufflant tantôt le chaud (remerciements pour l’aide apportée par les entreprises françaises implantées en Chine lors du dernier tremblement terre) puis le froid (déclarations des organismes de tourisme chinois sur un boycott éventuel de la France). Dans ce jeu « très asiatique », la France n’aura de cesse d’essayer d’amadouer Pékin. C’est justement-là son point faible. Celle leçon de choses en termes de stratégie d’influence n’est pas anecdotique. Elle souligne notre déficit sur un point crucial : « comment se faire craindre par le fort quand on est faible ». Contrairement aux apparences, la France ne manque pas d’arguments. Encore faudrait-il que son pouvoir exécutif ait la capacité intellectuelle et le courage politique pour missionner les services compétents afin de nous sortir de ce coin du ring.