Les bouleversements provoqués par la chute du mur de Berlin sont nombreux, profonds et, à moins d'assister à l'éclosion inopinée d'un nouveau contre-système - peu probable -, pérennes. L'histoire est en quelque sorte repartie, sur un autre chemin, après rupture de la digue ...
Parmi ces phénomènes nouveaux, un me semble particulièrement puissant et sournois : l'émergence des oligarques russes. Dans un premier temps, en Russie. Mais désormais et de plus en plus, à l'étranger également.
Après des années de chaos, le Russie effectue son retour sur la scène économique : par l'exportation, voulue ou non, de ses oligarques.
Après la désormais célèbre diplomatie Gazprom, les oligarques déchaînés font partie des éléments marquants de ce renouveau économique. Premier élément à garder à l’esprit : leur fortune est immense. Désormais, posséder 1 milliard de dollars ne permet plus de rentrer dans le top 100 des fortunes de Russie. Les plus aisés possèdent entre 20 et 40 milliards. De quoi racheter bon nombre de pays de la planète en faisant un chèque ...
Ces nouveaux oligarques, jeunes pour la plupart, sont les gagnants indéniables des années de chaos qui ont suivi la chute de l'URSS. Ils ont émergé d'une époque où les dettes et arriérés pouvaient se solder en actions d'entreprise, où la population recevait des coupons de privatisation sans en comprendre les modalités, où le système en miettes ne permettait plus de distinguer légal et illégal. Dans ce contexte, la créativité et l'audace paient.
Le développement de l'oligarque accompli est généralement le suivant : en premier, récupération d'un actif visible d'ex-URSS. « Visible » désignant un investissement dans l'industrie lourde, la métallurgie, les minerais et les matières premières. Un actif indéniable.
En période de troubles, le prix est également troublant. Il suffit d’obtenir l’accord des les autorités locales et d'éliminer, au sens plus ou moins premier du terme, les autres prétendants à la récupération de cet actif. Il n’a pas encore de valeur car n’ayant jamais été valorisé, mais les marchés se développent et permettront bientôt une valorisation.
Une fois le socle industriel établi, le développement se poursuit par le rapprochement avec une banque, voire la création d'une banque. Les plus forts obtiennent également le soutien bienveillant des grandes banques du pays, tel que GazpromBank ou la VTB.
La 3èmé étape consiste à se donner une visibilité médiatique. Il convient alors de racheter un media : chaîne de télévision, un journal, un site web.
L'étape ultime, réservée aux lauréats, consiste en el rachat d’un club de football, si possible en Angleterre – je ne cite pas de noms -, et la boucle est bouclée.
Ils faisaient jusqu'alors la loi en Russie et en Ex-URSS, modulo quelques interactions difficiles avec le pouvoir russe, pour ceux qui ont mal évalué leur pouvoir réel. Il se jettent désormais à l'assaut de l'étranger, avec des fonds à disposition que plusieurs banques européennes auraient peine à réunir.
Oleg Deripaska a en partie racheté le Monténégro. Abramovich s'amuse avec son club de football de Chelsea. Usmanov augmente sa participation dans Arsenal. Potanine, Prokhorov, Deripaska et Usmanov se disputent le contrôle du 1er producteur mondial de nickel, Norilsk Nickel tout en continuant leur expansion hors de Russie.
Ils restent profondément marqués par la culture soviétique tout en ayant intégré et maîtrisé les phénomènes inhérents au capitalisme et à la finance. Ils gardent des modes d'actions basés sur le rapport de force et la neutralisation de l'adversaire tout en respectant en apparence les us et coutumes de la finance mondiale. Relativement déroutant pour les acteurs économiques non familiarisés avec cette sphère économique russe, qui se retrouvent en interaction, souhaitée ou imposée, avec ces acteurs d’un genre nouveau.
Le phénomène n'en est qu'à son début, pour sa partie hors de Russie. Les plus habiles doublent leur fortune annuelle. Roman Abramovich, évalué à 20 milliards d'euros, s'est vu ravir la première place par Oleg Deripaska, qui serait passé de 20 à 40 milliards en 2007. Plus efficace qu'un placement chez l'écureuil.
L'influence croissante des oligarques russes hors de leur zone traditionnelle d'action est un phénomène que la plupart des acteurs économiques de taille devront à l’avenir prendre en compte …..
Marc Rousset
Parmi ces phénomènes nouveaux, un me semble particulièrement puissant et sournois : l'émergence des oligarques russes. Dans un premier temps, en Russie. Mais désormais et de plus en plus, à l'étranger également.
Après des années de chaos, le Russie effectue son retour sur la scène économique : par l'exportation, voulue ou non, de ses oligarques.
Après la désormais célèbre diplomatie Gazprom, les oligarques déchaînés font partie des éléments marquants de ce renouveau économique. Premier élément à garder à l’esprit : leur fortune est immense. Désormais, posséder 1 milliard de dollars ne permet plus de rentrer dans le top 100 des fortunes de Russie. Les plus aisés possèdent entre 20 et 40 milliards. De quoi racheter bon nombre de pays de la planète en faisant un chèque ...
Ces nouveaux oligarques, jeunes pour la plupart, sont les gagnants indéniables des années de chaos qui ont suivi la chute de l'URSS. Ils ont émergé d'une époque où les dettes et arriérés pouvaient se solder en actions d'entreprise, où la population recevait des coupons de privatisation sans en comprendre les modalités, où le système en miettes ne permettait plus de distinguer légal et illégal. Dans ce contexte, la créativité et l'audace paient.
Le développement de l'oligarque accompli est généralement le suivant : en premier, récupération d'un actif visible d'ex-URSS. « Visible » désignant un investissement dans l'industrie lourde, la métallurgie, les minerais et les matières premières. Un actif indéniable.
En période de troubles, le prix est également troublant. Il suffit d’obtenir l’accord des les autorités locales et d'éliminer, au sens plus ou moins premier du terme, les autres prétendants à la récupération de cet actif. Il n’a pas encore de valeur car n’ayant jamais été valorisé, mais les marchés se développent et permettront bientôt une valorisation.
Une fois le socle industriel établi, le développement se poursuit par le rapprochement avec une banque, voire la création d'une banque. Les plus forts obtiennent également le soutien bienveillant des grandes banques du pays, tel que GazpromBank ou la VTB.
La 3èmé étape consiste à se donner une visibilité médiatique. Il convient alors de racheter un media : chaîne de télévision, un journal, un site web.
L'étape ultime, réservée aux lauréats, consiste en el rachat d’un club de football, si possible en Angleterre – je ne cite pas de noms -, et la boucle est bouclée.
Ils faisaient jusqu'alors la loi en Russie et en Ex-URSS, modulo quelques interactions difficiles avec le pouvoir russe, pour ceux qui ont mal évalué leur pouvoir réel. Il se jettent désormais à l'assaut de l'étranger, avec des fonds à disposition que plusieurs banques européennes auraient peine à réunir.
Oleg Deripaska a en partie racheté le Monténégro. Abramovich s'amuse avec son club de football de Chelsea. Usmanov augmente sa participation dans Arsenal. Potanine, Prokhorov, Deripaska et Usmanov se disputent le contrôle du 1er producteur mondial de nickel, Norilsk Nickel tout en continuant leur expansion hors de Russie.
Ils restent profondément marqués par la culture soviétique tout en ayant intégré et maîtrisé les phénomènes inhérents au capitalisme et à la finance. Ils gardent des modes d'actions basés sur le rapport de force et la neutralisation de l'adversaire tout en respectant en apparence les us et coutumes de la finance mondiale. Relativement déroutant pour les acteurs économiques non familiarisés avec cette sphère économique russe, qui se retrouvent en interaction, souhaitée ou imposée, avec ces acteurs d’un genre nouveau.
Le phénomène n'en est qu'à son début, pour sa partie hors de Russie. Les plus habiles doublent leur fortune annuelle. Roman Abramovich, évalué à 20 milliards d'euros, s'est vu ravir la première place par Oleg Deripaska, qui serait passé de 20 à 40 milliards en 2007. Plus efficace qu'un placement chez l'écureuil.
L'influence croissante des oligarques russes hors de leur zone traditionnelle d'action est un phénomène que la plupart des acteurs économiques de taille devront à l’avenir prendre en compte …..
Marc Rousset