Relocalisations

Le constat est alarmant : 25% des entreprises ayant opéré une délocalisation déclarent ne pas être satisfaites de l’opération. Dans ces cas, comme nous l’    avons décrit dans ce dossier, la relocalisation n’est pas une fatalité, mais est la conséquence d’une mauvaise anticipation des potentiels obstacles rencontrés sur place, ou d’une implantation mal maîtrisée.
L’aspect contradictoire avec les objectifs d’accroissement de puissance économique d’un Etat ne doit cependant pas être généralisé à toutes les formes de relocalisations. La France, comme tout autre pays, a ses lacunes, et ces dernières poussent les entreprises à rechercher un lieu d’implantation où ces obstacles n’existent pas. Il n’est cependant pas interdit à un pays d’élaborer des plans ayant pour but de contourner, voire d’éliminer ces obstacles. Le retour d’entreprises françaises sur notre territoire en raison de cette amélioration de conjoncture serait révélateur de l’attractivité du pays, tant pour ses firmes, que pour les firmes étrangères, qui seraient attirées par le nouveau potentiel de développement du territoire.
La sphère médiatique, et l’opinion générale qu’elle engendre, est à l’origine, comme aux Etats-Unis, d’une véritable chasse aux délocalisations, même lorsque ces dernières s’inscrivent dans une stratégie de développement de l’activité à l’international et de conquête de nouveaux marché. Cette tendance,  fâcheuse dans ce cas, prend une dimension nouvelle avec l’apparition dans l’opinion publique du phénomène de relocalisation. Le Job for America Bill de John Kerry, ou l’American Jobs Creation Act du Congrès américain, qui propose des plan radicaux pour conserver les entreprises sur le territoire, et pénaliser celles qui s’exportent, ne sont que la traduction d’un renouveau du patriotisme primaire. Ces lois vont nettement à l’encontre de l’idéologie libérale, et, encore une fois, sont clairement en contradiction avec l’idée de mondialisation. On ne devient pas un puissant en se barricadant.

Guillaume Detilleux