Les pôles, enjeu de puissance pour la Chine

« guerre de l’information autour du cercle polaire arctique » réalisée par Emmanuel Soreau, qui mettait en lumière les jeux de puissance qui se déroulaient dans cette partie du monde et notamment la volonté de la Russie de réaffirmer, au travers d’un acte symbolique (la mise en place d’un drapeau russe à 4261 m de profondeur sous l’Océan Arctique), sa puissance et son retour dans le concert des grandes nations. C’est aujourd’hui une hyper-puissance en devenir, la Chine, qui affirme ses prétentions scientifiques, mais surtout économiques et stratégiques, sur deux régions du monde très particulières que sont les pôles.


Au pôle Sud, la présence de la Chine n’est pas nouvelle. En effet, depuis 1993 le brise-glace Xuelong ravitaille les deux bases chinoises existantes dans cette région.  Ayant pour vocation de mener des recherches en biologie, océanographie ou encore géologie, elles sont amenées à être renforcées par la base Dôme A d’ici 2010. Celle-ci a vocation à devenir l’épicentre des recherches en glaciologie et astronomie polaires chinoises. L’objectif affiché de la Chine, malgré des conditions climatiques et de vie extrêmement difficiles, est de pouvoir effectuer des forages qui permettront de remonter dans le temps jusqu’à un million d’années. Par comparaison, la base franco-italienne Dôme C vient d’atteindre ce mois-ci 800 000 ans. Son objectif sous-jacent est d’affirmer et d’ancrer sa présence sur un territoire où les revendications d’appartenance sont gelées par le traité de l’Antarctique jusqu’en 2041.

Au pôle Nord, la volonté de la Chine n’est pas moins forte. Le Polar Research Institute of China qui coordonne les recherches du pays aux pôles, a inauguré en juillet 2007 la base Yellow River dans le cadre d’études de géomagnétisme et de pollution atmosphérique. Si l’un des objectifs des Chinois est de trouver des réponses à « l’impact de la fonte de la glace de mer en été sur leur climat, l’intensité de la mousson et le transport de poussière que cela pourrait induire » (Jérôme Chappelaz, directeur adjoint du laboratoire de glaciologie et de géophysique de l’environnement de Grenoble), la volonté chinoise est avant tout de prendre position dans une zone stratégique qui, du fait d’une fonte de la banquise de plus en plus prononcée, ouvre des perspectives de circulation maritime absolument déterminantes et l’opportunité d’exploiter les ressources pétrolières et gazières de l’Arctique, qui représenteraient 25% des réserves mondiales d’après un rapport de l’US Geological Survey (2000).

L’ambition chinoise est donc bien réelle, tout comme les enjeux de puissance à contrôler ces deux zones stratégiques. Mais la Chine ne s’arrêtera pas là, comme le montre par exemple son programme spatial, un vaisseau sur la Lune en 2012, où ses essais de destruction de satellites par des missiles en 2007, pour affirmer sa puissance et remplacer les Etats-Unis à la place de numéro 1.


M.D.