Rébellion naxalite en Inde

Mi février 2008, le mouvement de révolte maoïste, naxalite, lançait une attaque contre un commissariat de l’Etat d’Orissa (Centre Est de l’Inde) et tuait 13 policiers indiens. Les victimes viennent alourdir un bilan de 750 morts en 2006, selon les autorités indiennes. La présence du mouvement couvre une large bande s’étalant de la frontière et longeant le Golfe du Bengale.
Le mouvement maoïste est né dans les années 60. Ressemblant à une jacquerie, le naxalisme se constitue de paysans en révolte face aux grands propriétaires fonciers. Malgré le contexte de guerre froide et la rivalité sino-soviétique, le mouvement est longtemps resté atomisé en menant des actions locales mais insignifiantes au niveau continental.

Le développement actuel de l’Inde vient paradoxalement alimenter la rhétorique naxalite et ses forces humaines. Ainsi, la nébuleuse se nourrit des frustrations de populations rurales qui ne suivent pas les mutations sociétales en marche. Pour se renforcer, le Mouvement axe sa rhétorique sur la pauvreté et l’exploitation des institutions de l’Etat. Il joue du système de castes, en essayant de mobiliser les intouchables. Enfin il mobilise les différences culturelles locales (langues et religions).
Le dynamisme économique indien même s’il est à saluer dans son ensemble, est très inégal selon les régions et aggravateur d’inégalités. Les Etats fédérés sont en concurrence pour attirer sur leur sol les investissements nationaux et étrangers. L’industrialisation du pays et les besoins immenses de l’économie pèsent sur les structures rurales atomisées du monde paysan. La création de zones économiques spéciales (fiscalité avantageuse) a accéléré la réquisition de terres sans que les pouvoirs publics ne distribuent une indemnité convenable ou une reconversion aux paysans. Les stratégies déployées par certains Etats sont radicales : dans l’Etat du Chhattisgarh, les actions rebelles justifient le regroupement des villageois dans des camps sous protection et la création d’une milice para militaire pour contrer la révolte maoïste.
Une montée en puissance ? A l’instar de mouvement népalais éponyme, les maoïstes ont joué un rôle négligeant jusqu’à récemment. Ces groupes ont unifié leurs forces depuis septembre 2004 de manière à contrôler entre 25000 et 92OOO km² selon les estimations, et le mouvement compterait entre 10000 et 20000 personnes armées. Les autorités fédérales indiennes l’accusent d’être soutenu par les tigres tamouls.
La stratégie de communication : Sur la question naxalite, chaque acteur déploie une communication de type propagandiste. Le mouvement, évidemment, joue des failles sociales et du système de castes pour raffermir son statut et annonce vouloir se rendre à New Delhi au siège du gouvernement. De son côté, le gouvernement fédéral tente de relier les naxalites à l’organisation des tigres tamouls afin de placer son action dans le cadre d’une lutte contre le terrorisme et de remobiliser les gouverneurs des Etats Fédérés. Et New Delhi souhaite enrayer l’audience des mouvements sympathisants à la cause maoïste qui s’expriment via les artistes (exemple d’Asian Dub en France) et sur internet avec une série de blogs de militants et d’observateurs (cf. ci-dessous).

Renan Choyer



Le mouvement Naxalite a saisi en tout cas l’importance d’internet pour promouvoir sa cause. Les sources d’expression du Mouvement, d’admirateurs ou de commentateurs :
http://naxalrevolution.wordpress.com/
http://naxalrevolution.blogspot.com/
http://naxaliterage.com/
http://lalsalaam.wordpress.com/
http://naxalnaxalitemaoist.wordpress.com/
http://naxalwatch.blogspot.com/
http://maoistresistance.blogspot.com/
http://indianmaoist.blogspot.com/
http://list-naxal.blogspot.com/

Sources :
Institute of Conflict Management, New Delhi : http://www.satp.org/
Cédric gouverneur – Reportage « Menaces de déstabilisation sur fond de pauvreté » - Le Monde Diplomatique, décembre 2007.
http://www.mha.nic.in/
http://orissa.gov.in/
http://chhattisgarh.nic.in/