Les SSII internationales vont-elles dans le mur en Inde ?

Dans cet article, il s’agit moins d’évoquer la situation de l’Inde ou des sociétés indiennes que celles des sociétés internationales qui investissent sur le sous continent. Le font-elles en prenant tous les paramètres en ligne de mire ? Les paramètres économiques et statistiques guident le choix des décideurs, évidemment. Mais des signaux sous jacents devraient alerter les SSII étrangères qu’elles risquent de perdre plus que des parts de marché.

L’image du développement économique actuel de l’Inde est adossée à celle de la performance informatique. Les exemples sont nombreux : Bangalore, le plus fameux, est la vitrine de ce pays tournée sur les nouvelles technologies, les logiciels et les centres d’assistance technique. L’Inde a formé en 2007 « 400 000 ingénieurs pour répondre aux besoins d’un marché en forte croissance. Sur les 4 années à venir, le nombre d’emploi dans le secteur informatique devrait ainsi doubler »(1).

Inde, eldorado. Au niveau des sociétés de services informatiques, l’Inde agit comme un aimant mondial et draine des investissements colossaux. Le milliard d’euros ? Intel, Cisco et SAP ont successivement annoncé le milliard d’euros pour développer leurs capacités de distribution et R&D sur le sol indien. De même la SSII française Steria a acquis le britannique Xansa en 2007 pour prendre pied en Inde. Avec 50 % de ses effectifs, Steria a fait le choix de l’Inde pour devenir éligible aux grands comptes. Ce ne sont ici que quelques exemples. L’Inde est attractive. Elle dispose de ces champions, Tata Consultancy Services, Wipro ou Infosys qui ont bénéficié des délocalisations massives des entreprises britanniques et américaines (croissance allant jusqu’à 40% par an).

Signaux faibles de changement. La question légitime qui se pose est de savoir si tous les investissements se justifient au simple fait d’une croissance au zénith et de potentiels supposés illimités ? Les conditions structurelles et conjoncturelles qui ont permis l’explosion des SSII changent et les performances indiennes pourraient être durablement affectées.. Les parcs technologiques sur lesquels se positionnent de nombreuses SSII voient leurs subventions supprimées (exonérations totales d’impôts à l’exportation) à partir de mars 2009. Ensuite, la conjoncture économique américaine pénalise les sociétés informatiques et l’inflation de la roupie noircit considérablement les perspectives. Il ya aussi des signaux sous jacents : les contraintes rencontrées par les sociétés indiennes les poussent à adopter une stratégie moins dépendante des Etats Unis, et donc à s’orienter vers d’autres marchés. On constate ainsi une action globale des sociétés indiennes sur l’Europe. Cette action se traduit par une participation systématique aux appels d’offres européens (concurrencer l’autre sur son marché domestique) et par le rachat massif de PME européennes unique dans leurs savoirs faire. La liberté des échanges n’est pas à remettre en question mais un violent effet de bascule se jouera en faveur des sociétés indiennes lorsqu’elles détiendront le leadership dans l'externalisation des processus métier informatique au niveau mondial, créant de fait une dépendance sur les systèmes d’informations. L’Inde se place en garante des réseaux de communication, s’efforce de gagner la compétition de la connaissance informatique.



Renan Choyer



Sources :

(1) Dossier « L’Inde, puissante rayonnante ». Infoguerre.fr, page 4.

Le miracle high tech indien rencontre ses premiers « bugs ». Les Echos du 11 mars 2008.