Le PKK, de Charybde en Scylla

Une fois n’est pas coutume, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), rebaptisé en avril 2002 Kurdistan Freedom and Democracy Party (KADEK), fait l’unanimité contre lui. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, le couple présidentiel russe Poutine-Medvedev, le président américain Georges Bush, le président irakien Jalal Talabani et bien entendu le président turc Abdullah Gül sont tous déterminés à en finir avec le parti séparatiste kurde. Déjà Petit Poucet face à la seule armée turque, le PKK se trouve relégué au rang de lilliputien face à cette convergence internationale. Bien que les acteurs politiques se présentent en ordre dispersé, ce front uni n’est guère étonnant en examinant les causes de cette « alliance sacrée ».

La presse, généralement prompte à réagir pour, au mieux dénoncer les exactions du fort et au pire prendre position pour le faible,  se fait l’écho du message « il faut en finir avec le PKK » en l’assimilant presque à une mission d’intérêt public. C’est un revirement notable des médias jusque là prompt à dénoncer toute offensive turque contre le PKK en diffusant des images de colonnes blindées et de dommages collatéraux. Dans les médias, la lutte pour l’autodétermination du PKK semble être entrée en dissonance avec l’interdépendance des libertés fondamentales.

L’analyse de la presse des accrochages entre l’armée turque et le PKK adopte une approche généralement factuelle et non causale. En dépit du fait qu’ils se superposent à une zone de conflit en Irak, les conséquences ne sont qu’à peine esquissées.

pétrole kurde rassemble tous les acteurs politiques évoqués précédemment pour sauver cyniquement ce qui peut encore l’être ; les marges sur la rente pétrolière.

Diyarbakir, l’abandon de la guérilla au profit d’un mode d’action terroriste ciblant les villes fait partie de l’éventail des possibilités. Paradoxalement, le PKK pourrait y trouver un terreau favorable parmi les jeunes issus de l’exode rural dans la mesure où il offre une tribune pour extérioriser la rancœur consécutive au manque de perspectives d’avenir. De plus, l’islamisation qu’opère le mouvement est une tactique de motivation supplémentaire pour le consolider et faire de nouveaux adeptes. De fait, il semble que le marxisme initial du PKK glisse vers un islamisme d’opportunité dont il n’est pas possible de se réjouir.

En perte d’identité, le PKK est engagé dans un processus de mutation. Il n’est pas certain que la théorie des espèces soit applicable aux mouvements politiques quand ils évoluent de la guérilla au terrorisme ; cependant, la motivation idéologique initiale du PKK, porteuse il y a encore quelques années sur le plan médiatique et des valeurs idéologico-marxiste, cède aujourd’hui la place à une violence aveugle. Sans doute faut-il y voir l’amorce de la perte progressive du soutien des médias.

Le hussard sur le toit