Le Japon, où comment devenir une puissance militaire sans en avoir le droit ?
Depuis le 03 mai 1947, l’article 9 de la Constitution japonaise maintient l’Archipel dans l’impossibilité de faire la guerre et de disposer d’une armée.
Chapitre II. Renonciation à la guerre
Article 9. Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l'ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l'usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux.
Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l'État ne sera pas reconnu.
Pendant de nombreuses années, les dirigeants politiques se sont réfugiés dernière cet article pour maintenir une situation de statu quo et de dépendance aux Etats-Unis afin de pouvoir privilégier l’essor économique et ne pas avoir à affronter le sentiment pacifiste de la population, marquée par les explosions nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki.
Les années 1990 ont vu le Japon marquer une inflexion dans sa politique de défense. Totalement dépendant pour la sécurité de ses approvisionnements en énergie, menacé par l’instabilité de la Corée du Nord et la montée en puissance régionale et mondiale de la Chine, le Japon a cherché le moyen de s’affranchir progressivement du carcan de l’article 9 de sa Constitution afin d’affirmer sa volonté de dépasser son statut de grande puissance économique et acquérir une vraie dimension politique, en revendiquant notamment un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies. Progressivement, les FAD, Forces d’Autodéfense, ont pu participer à des opérations de maintien de la Paix sous mandat ONU, puis sans mandat ONU mais pour une durée limitée (Iraq 26 juillet 2003). Les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont été providentiels pour les partisans d’une évolution militaire du Japon. La mise en place de dispositions antiterroristes a ainsi permis aux forces d’autodéfense maritimes de coopérer dans l’océan Indien, loin du Japon, avec d’autres forces militaires.
Depuis la fin des années 1990, le débat sur la révision constitutionnelle a été relancé afin de permettre au Japon de disposer officiellement de forces armées. 4ème budget militaire mondial en 2003 avec 39 milliards d’euros, le pays n’arrive pas à franchir le pas. Une partie de la population fait en effet toujours front contre une révision constitutionnelle et la mentalité des politiques japonais, souvent de peu d’envergure, ne favorise pas l’affrontement direct avec le peuple. Les évolutions sont donc feutrées. Pas à pas, le Japon contourne sa Constitution pour se donner les moyens de son ambition sur la scène régionale et mondiale et se départir de la tutelle américaine qui dispose encore aujourd’hui de très nombreuses bases sur le sol japonais avec près de 50 000 soldats.
Matthieu Depoire
Chapitre II. Renonciation à la guerre
Article 9. Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l'ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l'usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux.
Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l'État ne sera pas reconnu.
Pendant de nombreuses années, les dirigeants politiques se sont réfugiés dernière cet article pour maintenir une situation de statu quo et de dépendance aux Etats-Unis afin de pouvoir privilégier l’essor économique et ne pas avoir à affronter le sentiment pacifiste de la population, marquée par les explosions nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki.
Les années 1990 ont vu le Japon marquer une inflexion dans sa politique de défense. Totalement dépendant pour la sécurité de ses approvisionnements en énergie, menacé par l’instabilité de la Corée du Nord et la montée en puissance régionale et mondiale de la Chine, le Japon a cherché le moyen de s’affranchir progressivement du carcan de l’article 9 de sa Constitution afin d’affirmer sa volonté de dépasser son statut de grande puissance économique et acquérir une vraie dimension politique, en revendiquant notamment un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies. Progressivement, les FAD, Forces d’Autodéfense, ont pu participer à des opérations de maintien de la Paix sous mandat ONU, puis sans mandat ONU mais pour une durée limitée (Iraq 26 juillet 2003). Les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont été providentiels pour les partisans d’une évolution militaire du Japon. La mise en place de dispositions antiterroristes a ainsi permis aux forces d’autodéfense maritimes de coopérer dans l’océan Indien, loin du Japon, avec d’autres forces militaires.
Depuis la fin des années 1990, le débat sur la révision constitutionnelle a été relancé afin de permettre au Japon de disposer officiellement de forces armées. 4ème budget militaire mondial en 2003 avec 39 milliards d’euros, le pays n’arrive pas à franchir le pas. Une partie de la population fait en effet toujours front contre une révision constitutionnelle et la mentalité des politiques japonais, souvent de peu d’envergure, ne favorise pas l’affrontement direct avec le peuple. Les évolutions sont donc feutrées. Pas à pas, le Japon contourne sa Constitution pour se donner les moyens de son ambition sur la scène régionale et mondiale et se départir de la tutelle américaine qui dispose encore aujourd’hui de très nombreuses bases sur le sol japonais avec près de 50 000 soldats.
Matthieu Depoire