La crédibilité des ONG remise en cause par leur "exploitation" de la biodiversité

La biodiversité, défendue à corps et à cris par des ONG très en vues, peut également faire l’objet d’un commerce fructueux pour lesdites gardiennes de la nature.
L’association WWF dispose ainsi d’une puissance de feu redoutable. L’ONG au panda, présente dans 96 pays, avec presque 5 millions d’adhérents, dispose d’un budget conséquent de 320 millions de dollars. Les donneurs les plus importants sont issus du monde des affaires et de la haute société aristocratique britannique. L’association, fondée en 1961 par Sir Julian Huxley, un scientifique « humaniste », a été soutenu à sa création par le Foreign Office britannique. L’organisation se serait alors servie de la nature comme outil ségrégatif, les réserves animalières ayant joué un rôle stratégique dans des conflits opposant la Couronne aux groupes nationalistes. En 1989, des dirigeants du WWF ont pu ainsi être mis en cause directement dans des opérations de mercenaires en Afrique Australe.
D’autre part, la journaliste Sylvie Lasserre a mis en cause  « certaines ONG [dont WWF] qui permettraient à des géants industriels de pratiquer la bio prospection dans les zones qu’elles sont censées protéger ». Les réserves de biodiversité dont WWF est propriétaire recèle en effet des richesses très convoitées par les grands laboratoires, et lorsque l’on sait que l’un des cofondateurs de WWF a été vice-président le groupe pharmaceutique Hoffmann-Laroche, on est en droit de se poser certaines questions.
Dans la même veine, l’ONG Conservation International a elle aussi fait l’objet de polémiques quant à son but affiché (to protect the Earth’s biodiversity), et ses activités réelles ou supposées de bio prospection. On trouve ainsi parmi ses fidèles donateurs des acteurs à la recherche de nouvelles molécules (et donc des plantes qui peuvent les fabriquer) comme Bristol-Myers, Texaco, et l’inévitable Monsanto. Au comité de direction, Starbucks Coffee ou BP donnent une fois de plus l’impression dérangeante qu’ils n’y sont pas de manière totalement désintéressée.
L’observatoire de la génétique québécois reprend ainsi une citation du livre « Tarzan, Indiana Jones and Conservation International's Global Greenwash Machine »d’Aziz Choudry : « «[a]u Panama, Conservation International (CI) a collaboré avec les compagnies Novartis et Monsanto, notamment, pour effectuer une bio prospection ‘écologiquement inspirée’. Il s’agissait de rechercher des produits pharmaceutiques et agricoles dérivant de plantes, de champignons et d’insectes. Au Surinam, CI a travaillé à la collecte d’échantillons végétaux avec Bristol Myers Squibb et ses ethnobotanistes. CI s’est efforcé de gagner la confiance des communautés indigènes et de leurs guérisseurs, mais a négocié une entente douteuse sur le partage des bénéfices».
De quoi avoir de sérieux doutes sur la crédibilité des ONG protégeant la biodiversité.

Martin Pasquier

Sources :
http://www.politique-africaine.com/numeros/pdf/048007.pdf
http://generationgrenelle.blogspot.com/2008/01/world-wide-fund-for-nature-un-hedge.html
http://paysan-bio.blogspot.com/2007/07/pourquoi-je-me-mfie-des-ong-cologistes.html
http://www.ircm.qc.ca/bioethique/obsgenetique/cadrages/cadr2007/c_no33_07/ci_no33_07_01.html