Le projet de l’Union pour la Méditerranée, évoqué pour la première fois en mai 2007 par Nicolas Sarkozy lors de sa campagne électorale, a enfin pris forme : il sera officiellement lancé à l’occasion d’un sommet réunissant l’ensemble des pays riverains de la Méditerranée qui tiendra à Paris le 13 juillet 2008. La vocation de cette Union est évidente : elle a pour objectif de réunir les pays méditerranéens, européens et nord-africains afin de permettre une coopération principalement sur les domaines de l’approvisionnement énergétique, de la dépollution de la mer méditerranée, de la surveillance du trafic maritime, des échanges académiques, et d’une coopération scientifique. A l’origine l’idée était de créer une union réservée exclusivement aux pays participants sous le leadership du Président de la République Nicolas Sarkozy complétant et dépassant le processus de Barcelone.
Or, ce concept proposé par Nicolas Sarkozy a subi des oppositions acharnées de plusieurs pays européens, notamment de l’Allemagne. La Chancelière Angela Merkel n’a pas hésité d’exprimer son aversion contre une telle union qui, selon elle, privilégierait les pays méditerranés et pourrait créer des dissonances diplomatiques entre les pays de l’Europe du Sud et ceux de l’Europe du Nord. Dans son discours du 5 décembre 2007 lors du Konvent für Deutschland, la Chancelière allemande exprime sa méfiance à l’égard de l’Union pour la Méditerranée : « Nous n'avons pas de côte sur la Méditerranée mais cela ne signifie pas que nous ne nous y intéressons pas. (...) La Méditerranée, c'est une préoccupation pour tous les Européens. Si, à côté de l'Union européenne, les Etats riverains de la Méditerranée devaient constituer une deuxième union totalement différente, j'ai dit que cela risquait de constituer une épreuve difficile pour l'Europe. » Elle est soutenue par le Premier ministre slovène Janez Jansa qui, en janvier 2008 met en cause l’Union pour la Méditerranée devant le parlement européen : « Nous ne pouvons pas nous permettre de créer des doublons ou d’institutions rivales. »
Néanmoins, en mars 2008, malgré ces divergences de vues, Nicolas Sarkozy se félicite d’un compromis avec l’Allemagne à l’égard de son projet, les raisons pour (ou derrière ?) ce compromis soudain étant cependant loin d’être évidentes. Qui a donc gagné cet affrontement diplomatique ? Aujourd’hui, il manque toujours un discours officiel et transparent de la part des deux parties évoquant les détails de ce compromis, laissant toute spéculation possible.
Selon les sources françaises le gouvernement allemand aurait cédé après le rappel de François Fillon du statut de l’Allemagne au sein du Conseil des Etats de la Mer Baltique (CEMB), une structure intergouvernementale fondé en 1992 par les ministres des affaires étrangères d’Allemagne et du Danemark, dans laquelle la France ne joue que le rôle d’observateur. « Nous avons dit aux Allemands : il y a l’Union de la Baltique dans laquelle la France n’est qu’observateur, nous allons faire l’Union de la Méditerranée. Vous serez associés à tout ce qui sera organisé dans ce cadre-là, mais reconnaissez que la France et les pays riverains de la Méditerranée ont un rôle particulier à jouer.» Si l’on peut faire confiance aux médias français, on aura plutôt l’impression que le compromis final entre Merkel et Sarkozy était un succès pour la France et une défaite pour l’Allemagne. En revanche la presse allemande, quant à elle, ne semble pas partager cette interprétation, donnant ainsi une image différente des événements. Selon les médias allemands, y compris plusieurs journaux renommés, ce compromis démontrerait la capacité d’Angela Merkel de s’imposer face à son collègue français ainsi que d’imposer sa volonté d’impliquer les 27 pays membres de l’UE dans le projet de l’Union pour la Méditerranée. Le commentaire de François Fillon concernant le rôle de la France dans l’Union de la Baltique serait, selon plusieurs journaux, dû à une faille de communication : il n’aurait pas été informé sur le compromis entre M. Sarkozy et Mme Merkel. La couverture contradictoire de ces évènements récents par les médias français et allemands devrait faire réfléchir – tout comme les vraies raisons et détails de ce compromis qui restent secrets.
Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidentielle en 2007, les relations avec l’Allemagne sont tendues, comme le prouvent déjà deux rencontres de haut niveau importantes récemment annulées (officiellement pour des raisons de calendrier). L’éclat entre les deux pays et les divergences de vues autour de l’Union pour la Méditerranée ont fait de nouveau émerger les dissonances politiques, que l’on a, cette fois-ci, réussi à résoudre.
Claudia Steines
Or, ce concept proposé par Nicolas Sarkozy a subi des oppositions acharnées de plusieurs pays européens, notamment de l’Allemagne. La Chancelière Angela Merkel n’a pas hésité d’exprimer son aversion contre une telle union qui, selon elle, privilégierait les pays méditerranés et pourrait créer des dissonances diplomatiques entre les pays de l’Europe du Sud et ceux de l’Europe du Nord. Dans son discours du 5 décembre 2007 lors du Konvent für Deutschland, la Chancelière allemande exprime sa méfiance à l’égard de l’Union pour la Méditerranée : « Nous n'avons pas de côte sur la Méditerranée mais cela ne signifie pas que nous ne nous y intéressons pas. (...) La Méditerranée, c'est une préoccupation pour tous les Européens. Si, à côté de l'Union européenne, les Etats riverains de la Méditerranée devaient constituer une deuxième union totalement différente, j'ai dit que cela risquait de constituer une épreuve difficile pour l'Europe. » Elle est soutenue par le Premier ministre slovène Janez Jansa qui, en janvier 2008 met en cause l’Union pour la Méditerranée devant le parlement européen : « Nous ne pouvons pas nous permettre de créer des doublons ou d’institutions rivales. »
Néanmoins, en mars 2008, malgré ces divergences de vues, Nicolas Sarkozy se félicite d’un compromis avec l’Allemagne à l’égard de son projet, les raisons pour (ou derrière ?) ce compromis soudain étant cependant loin d’être évidentes. Qui a donc gagné cet affrontement diplomatique ? Aujourd’hui, il manque toujours un discours officiel et transparent de la part des deux parties évoquant les détails de ce compromis, laissant toute spéculation possible.
Selon les sources françaises le gouvernement allemand aurait cédé après le rappel de François Fillon du statut de l’Allemagne au sein du Conseil des Etats de la Mer Baltique (CEMB), une structure intergouvernementale fondé en 1992 par les ministres des affaires étrangères d’Allemagne et du Danemark, dans laquelle la France ne joue que le rôle d’observateur. « Nous avons dit aux Allemands : il y a l’Union de la Baltique dans laquelle la France n’est qu’observateur, nous allons faire l’Union de la Méditerranée. Vous serez associés à tout ce qui sera organisé dans ce cadre-là, mais reconnaissez que la France et les pays riverains de la Méditerranée ont un rôle particulier à jouer.» Si l’on peut faire confiance aux médias français, on aura plutôt l’impression que le compromis final entre Merkel et Sarkozy était un succès pour la France et une défaite pour l’Allemagne. En revanche la presse allemande, quant à elle, ne semble pas partager cette interprétation, donnant ainsi une image différente des événements. Selon les médias allemands, y compris plusieurs journaux renommés, ce compromis démontrerait la capacité d’Angela Merkel de s’imposer face à son collègue français ainsi que d’imposer sa volonté d’impliquer les 27 pays membres de l’UE dans le projet de l’Union pour la Méditerranée. Le commentaire de François Fillon concernant le rôle de la France dans l’Union de la Baltique serait, selon plusieurs journaux, dû à une faille de communication : il n’aurait pas été informé sur le compromis entre M. Sarkozy et Mme Merkel. La couverture contradictoire de ces évènements récents par les médias français et allemands devrait faire réfléchir – tout comme les vraies raisons et détails de ce compromis qui restent secrets.
Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidentielle en 2007, les relations avec l’Allemagne sont tendues, comme le prouvent déjà deux rencontres de haut niveau importantes récemment annulées (officiellement pour des raisons de calendrier). L’éclat entre les deux pays et les divergences de vues autour de l’Union pour la Méditerranée ont fait de nouveau émerger les dissonances politiques, que l’on a, cette fois-ci, réussi à résoudre.
Claudia Steines