L’argument écologique, très en vogue, est désormais aussi efficace que dangereux pour les annonceurs qui s’aventurent à l’exploiter. En effet, depuis la mise en place de Prix du pire lobbying de l’Union Européenne qui « couronne » les lobbyistes les plus hypocrites et les meilleurs « éco-blanchisseurs », l’atout « vert » doit être accompagné de solides justifications et de comportement conformes aux promesses sous peine de perte de crédibilité totale.
Parmi les acteurs mis en cause via ce concours, SHELL, qui d’après l’ONG belge, Friends of the Earth, est l’une des compagnies les plus sales du monde, dépense son argent pour tromper le public avec des publicités coûteuses et malhonnêtes au lieu de consacrer ces sommes au nettoyage des ses saletés. Pour preuve, cette publicité issue de la campagne «Nature Friendly » qui montre des usines qui rejettent des fleurs à la place de fumées toxiques.
Le slogan littéralement traduit, « ne jetez rien ailleurs, il n’y a pas d’ailleurs » qui, implique que SHELL prétend réaliser des opérations en accord avec ses principes, n’est autre que de la communication mensongère. La compagnie se justifie en affirmant qu’elle recycle son CO2 pour faire pousser des fleurs en le réinjectant dans des serres chaudes. Elle ajoute que si elle ne le faisait pas, les cultivateurs de fleurs continueraient à faire brûler du gaz naturel pour améliorer les conditions de croissance. Une telle situation aurait impliqué, selon elle, des émissions de gaz supplémentaires qu’elle estime à 17.000 tonnes, si elle n’était pas intervenue. Seulement, SHELL ne recycle pas plus de 0,325% de son gaz pour la culture des fleurs… Autre justification de la compagnie : elle prétend recycler ses rejets de soufre pour faire du béton. En réalité, la majorité du soufre de SHELL est utilisé dans les bateaux pétroliers pour finalement s’évaporer dans l’atmosphère, sachant que ces embarcations sont une des plus grandes sources de pollution par le dioxyde de soufre.
Des pratiques illégales et meurtrières
Les raffineries de pétrole émettent bien de la fumée, pas des fleurs… Cachée derrière sa créativité en matière de communication, Shell est assurément une des compagnies les plus sales de la planète. Les personnes qui vivent à proximité des ses raffineries en savent quelque chose. Des populations entières souffrent des effets de la pollution provoqués par les raffineries de Shell, notamment au Nigéria ou Shell pratique le torchage du gaz présent dans les gisements de pétrole, et ce, malgré l’interdiction de la Haute cour Nigériane, qui, depuis Novembre 2005 considère le torchage de gaz comme « une grosse violation » des droits à la vie et à la dignité. Le principe du torchage est simple mais diabolique : lorsque le pétrole est remonté du cœur de la terre à la surface, il transporte du gaz naturel avec lui. Le Nigéria ne disposant pas d’infrastructures adaptées, ce gaz associé est tout bonnement relâché dans l’atmosphère puis brûlé…
Ce processus dont le Nigéria est le plus grand acteur mondial, est largement cautionné par les sponsors du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (GAO) : Chevron – Texaco West Africain Gas pipeline Ltd (42%), Nigérian National Petroleum Corporate (25%), Shell Overseas Holdings (17%) Takoradi Power Company(16%).
De géantes torches brûlent nuit et jour diffusant des nuages noirs de fumée toxique dans l’air. Là bas, on les appelle les « torches de l’enfer » car les populations ne connaissent jamais de nuit noire et tranquille… Les torches contiennent un dangereux cocktail de dioxine et de particules. Les communautés environnantes subissent en permanence la chaleur, le bruit et la lumière. Les populations montrent des taux anormalement élevés de maladies respiratoires, cancers, et morts prématurées. Ces activités illégales pratiquées délibérément propage du soufre à l’origine des pluies acides qui dévastent l’environnement et corrodent les maisons.
Des paradoxes qui maintiennent le système
Si le gaz qui est actuellement entrain d’être torché au Nigéria était capturé, on pourrait produire environ 50% de la consommation actuelle du continent africain. Bien que le Nigéria détienne 30% des réserves du gaz du continent, il torche 75% du gaz qu’il produit. Il est étonnant que le gouvernement ne prenne pas plus position pour défendre sa faune et sa flore, à moins qu’il y ait collusion avec les intérêts de la Nigérian National Petroleum Corporate ? Les politiciens et les compagnies pétrolières s’accordent de temps à autres pour fixer un délai d’interruption définitive de ces pratiques, mais ne cessent de repousser l’échéance. En effet, à l’origine fixée pour 1984, le gouvernement nigérian a repoussé la date à 2008. Quand on sait que sous la législation nigériane actuelle, le torchage peut perdurer légalement seulement là ou le Ministre délivre un certificat pour la continuation du torchage et, que ces certificats n’ont jamais été rendus publics malgré les demandes insistantes de la Société Civile, on est en droit de se demander quelle est, entre autre, la nature des relations entre Shell et le gouvernement Nigérian.
Les compagnies pétrolières comme Shell et Chevron sont responsables de la problématique du torchage, mais semblent être plus polarisées par les gains d’échange extérieurs que par la sécurité de l’environnement et des populations vivant à proximité de leurs raffineries. Pendant que les petits génies de la publicité s’amusent en s’inspirant d’une réalité, des communautés entières inhalent les pollutions rejetées par les puits de compagnies qui ne se préoccupent pas de leurs excepté dans la publicité qu’elles diffusent dans le monde occidental.
Alexandra Guy