annoncé que les Etats-Unis étaient « prêts à intégrer un accord international contraignant de réduction des émissions de CO2 dans le cadre d’un accord qui lierait toutes les grandes économies de façon contraignante ». Si cette annonce marque une inflexion réelle de la politique américaine, le Président Bush souhaitant sur ce dossier comme sur d’autres finir son mandat en redorant son image, la Commission européenne a immédiatement émis des réserves, au motif qu'« on ne peut pas demander à la Chine et à l'Inde d'avoir les mêmes objectifs contraignants que les Etats-Unis et l'Union européenne, qui ont une responsabilité historique dans le changement climatique ».
déclaration américaine le 28 février par le biais de l’ambassadeur américain auprès de l’Union européenne, Boyden Gray. « Nous voulons que ces engagements (des pays émergents) soient aussi contraignants que ce que l'on pourrait attendre de nos engagements. Quant aux chiffres, aux pourcentages de réduction (des gaz à effet de serre) ils n'ont pas à être identiques. Cela fera l'objet de négociation ». Devant la presse à Paris, Daniel Price avait laissé entendre que cet accord « sur un objectif de réduction à long terme » - que l'administration Bush a toujours rejeté - pourrait être annoncé « en conjonction » avec le sommet des huit pays les plus industrialisés, le G8, qui se tient début juillet au Japon.
Deux annonces récentes de l’Union Européenne et de la Chine peuvent gêner aujourd’hui un recul des Américains par rapport à ce nouveau positionnement. Tout d’abord, l’Europe s’est engagée à trouver un accord avant fin 2008 entre les 27 Etats membres sur une réduction de 20% de ses émissions polluantes d’ici à 2020. L’objectif pour l’UE est d’être en position de force lors de la négociation internationale qui s’ouvrira en 2009 sur l’après-protocole de Kyoto. Cet accord pourrait intervenir lors de la présidence française au deuxième semestre 2008, cette problématique faisant partie des priorités françaises. Cet objectif, stratégique pour asseoir la puissance européenne dans le monde, a été rappelé le 12 mars 2008 lors de l’ouverture du sommet économique européen de printemps. Dans le même temps, le 11 mars dernier, la Chine a annoncé la création d’un ministère de l’Environnement lors du Congrès du peuple. Cette création répond d’une part à la pression internationale pour une plus grande prise de conscience de l’impératif écologique en Chine, et correspond d’autre part à une prise au sérieux de cette question en Chine pour des raisons d’intérêt national. Les problèmes de pollution deviennent en effet aujourd’hui cruciaux, pour des raisons de santé publique, de corruption ou encore de coût social.
Au-delà de ces annonces extérieures, le positionnement et la conversion aux « clean tech » de la Silicon Valley, et plus généralement de la Californie, rajoute une pression interne supplémentaire sur l’administration Bush pour maintenir une ligne de conduite favorable aux réductions d’émissions de CO2. La Silicon Valley investit en effet autant que toute l’Europe réunie dans les « clean tech » et souhaite imposer un nouveau mode de vie aux Etats-Unis, plus respectueux de son environnement, tout en conservant son leadership technologique sur le monde.
Ces différentes pressions sont autant d’éléments qui militent pour un positionnement américain qui va dans le sens voulu par l’UE (et l’ONU) sans recul possible. A l’Europe de savoir exploiter cet avantage potentiel.
Matthieu Depoire
Etats-Unis face aux enjeux du réchauffement climatique (Infoguerre novembre 2007)
Sources :
Les Echos – « La Silicon Valley s’est convertie aux « clean tech » » - Michel Ktitareff – 29/02/2008
Le Figaro – « Quand la Chine deviendra verte » - Pierre Rousselin – 12/03/2008
Les Echos – « Le sommet de Bruxelles veut rassurer entreprises et citoyens sur l’état de l’UE » - Jacques Docquiert – 13/03/2008