Maladresses françaises à l’égard du Gabon ?


Comment le gouvernement français se permet-il de critiquer aussi vivement une mauvaise gestion de cette aide publique au développement alors que l’on peut nous aussi s’interroger sur la finalité réelle de cette aide ? Son but est-il vraiment celui de venir en aide à la population africaine ?
La mauvaise réaction du gouvernement gabonais à ces propos n’est pas surprenante, lorsque l’on connaît les intérêts français qui découlent de ces aides. On peut se demander comment M.Bockel a pu l’accuser de mauvaise gestion, d’autant plus qu’il reste difficile de connaître les chiffres réels de l’aide publique au développement. Ceux-ci sont établis ultérieurement par nos comptables publics qui y intègrent l’ensemble des dépenses relatives aux relations avec un quelconque pays du 'Sud'. Ces dépenses qui comprennent l’armée ou encore les coopérants, dont les salaires mensuels peuvent atteindre 10 000 euro, dans un pays où 30% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
S’agissant ici du discours du Secrétaire d’état à la Coopération et à la Francophonie, rappelons que dans cette aide une part assez important (15 à 25%) est accordé à la francophonie.
Que vient faire la francophonie dans tout cela ?
Réponse apportée en 2001 par le projet de loi de finance sur la coopération française au développement: « La coopération culturelle, scientifique et technique de la France participe au renforcement de l’image et du rôle de notre pays en Europe et dans le monde. Elle contribue à la diversité culturelle, en offrant notamment une alternative aux influences anglo-saxonnes. » Donc la francophonie n’est nullement un instrument d’aide au développement et pourtant figure dans l’enveloppe de l’APD.
Cette dernière intègre également une grande part destinée aux opérations sur la dette c’est-à-dire qu’après avoir prêté de l’argent au Gabon (le prêt peut-être considéré comme une aide si son taux est inférieur à celui du marché), ce dernier peut par exemple rembourser cet argent grâce à des contrats. Ces contrats commerciaux sont souvent passés avec des entreprises françaises, et en général n’ont rien à voir avec des projets de développement socio-économique. Ils permettent simplement, via ce mécanisme d’aide et dans ce pays riche en pétrole, de faire bénéficier la France de cette ressource. Exploitations, travaux pour un meilleur accès aux ressources, sont bien des exemples des bénéfices retirés par la France grâce à l’APD.
Si M. Bockel s’insurge contre une mauvaise gestion de cette aide par le Gabon, il est conscient de ce que la France en retire. M.Bockel présente ici l’APD comme un « cadeau » offert par la France à des pays « gaspilleurs ». Il victimise l’aide occidentale, qui s’en sort très bien en réalité et permet de soutenir financièrement les partis politiques et des entrepreneurs français.


Camille Chaussin