Les fonds de pension californiens en Iran

CalPERS et CalSTRS sont deux fonds de pension californiens parmi les plus puissants et influents aux Etats-Unis. Ceux-ci disposent d’un portefeuille d’actions dans des sociétés ayant une activité en Iran. Cependant, grâce à une communication bien ficelée, les deux fonds de pension californiens échappent aux foudres de l’opinion publique américaine. CalPERS est le California Public Employees' Retirement System qui propose des programmes de retraite et de santé aux employés de la fonction publique (1,5 millions de clients). CalSTRS est le California State Teachers' Retirement System, deuxième plus gros fond de pension américain, qui propose des programmes de retraite et de santé pour les fonctionnaires de l’éducation (auprès de plus de 800 000 bâtiments d’éducation).
CalSTRS n’hésite pas à publier sur son site internet, dès le 7 juin, un communiqué de presse. Celui-ci explique dans ses grandes lignes que le fond de pension a investit 1,4 milliards de dollars dans des sociétés ayant une activité en Iran. La liste des sociétés concernées est même publiée. Cependant, nous pouvons nous questionner sur son exhaustivité. En effet, sur les treize sociétés citées, il n’en figure aucune américaine. La manœuvre informationnelle employée par les deux fonds de pension est simple : user d’une stratégie de victimisation. CalPERS et CalSTRS ont investi dans des entreprises qui sont présentes en Iran. Elles l’ignoraient, le regrettent, trouvent ça mal et n’hésitent pas à les dénoncer. Le proverbe « faute avouée, faute à moitié pardonnée » agit dans son plein sens dans le cas énoncé.
La mise en valeurs de certaines contradictions nous permet de mettre en doute la crédibilité des deux fonds de pension californiens. Dès l’année 2000, un sénateur avait demandé un rapport sur l’activité internationale de CalPERS. Des allégations concernant une présence en Iran avaient été retenues par le « Bureau of State Audits » chargé de l’affaire. Cependant, il s’était déclaré dans l’incapacité de pouvoir prouver ces allégations. Pour cette raison, il avait à l’époque tranché en faveur du fond de pension en le déclarant « prudent, responsable et agissant légalement ». Deux ans plus tard, un article du Financial Times informe du fait que les deux fonds de pension américains CalPERS et CalSTRS s’étaient munis d’un outil permettant d’identifier 300 entreprises présentes dans des rogue states. Nous pouvons nous rendre compte que depuis 2002 les deux fonds de pension américains sont restés inactifs vis-à-vis de cette situation, cela alors que leur communication institutionnelle prône l’éthique, le respect des lois et s’indigne contre l’investissement dans les états voyous.
Dès le début de l’année 2008, le gouverneur de la Californie Arnold Schwarzenegger, a signé une loi (AB221) qui interdit les fonds de pension californiens à investir dans des sociétés qui ont une activité en Iran. Ils devront désinvestir plus de 3 milliards de dollars avant la fin de l’année 2008. Une question peut-être posée : si CalPERS et CalSTRS sont aussi actifs contre l’investissement en Iran qu’ils le prétendent, le gouverneur Schwarzenegger aurait-il eu besoin de signer une telle loi ?


Jonathan Lechevalier

Sources
California State Senator: State Pension Audit a 'Whitewash', Sacramento Bee, le 20 décembre 2000.
Naughty and nice; 10 newsmakers should be getting candy this holiday season, while 10 ought to receive coal, Pensions and Investments, le 10 décembre 2007.
Loi californienne sur les investissements en Iran: http://gov.ca.gov/index.php?/press-release/7710/
Entreprises ayant une activité en Iran recensées par Calpers au 31 Mai 2007. http://www.calstrs.com/newsroom/2007/news060707.aspx