Vendredi 7 mars 2008, le journaliste Ali Baddou a invité dans son émission d’actualité Les matins de France Culture, Stéphane Audoin-Rouzeau, auteur de Combattre : une anthropologie historique de la guerre moderne (XIXe-XXIe siècle) (Seuil). Parmi les questions posées à l’invité, l’attitude des militaires dans les massacres de civils a été traitée en citant les crimes commis par l’armée américaine au Vietnam et en Irak. Une petite allusion a été faite sur les massacres commis par les hutus et les tutsis au Rwanda mais en revanche il y a eu un silence de plomb sur les crimes commis par les sunnites et les chiites en Irak. Rappelons pour mémoire à Ali Baddou et à ses colistiers que les attentats suicides ont fait en Irak nettement plus de morts civils (hommes, femmes, enfants) que les actions militaires américaines. Il semble que ce sujet soit tabou ou volontairement passé sous silence. Ce fut déjà le cas durant les guerres coloniales à propos des atrocités commises par les vietminhs ou les vietcongs en Indochine ou par le FLN en Algérie. Cette manière de réfléchir sur la guerre est lourde de sous-entendus idéologiques et a appauvri la portée des propos très intéressants de Stéphane Audoin-Rouzeau. Les interventions de Marc Kravetz dans la dernière partie de l’émission soulignaient la méconnaissance technique du journaliste. A propos du passage sur le fameux fusil d’assaut AK47, il faut rappeler à Marc Kravetz que la munition de l’AK47 est aujourd’hui beaucoup moins destructive que la munition des fusils d’assaut modernes qui ricochent à l’intérieur du corpos en provoquant des dégâts très importants. Quant au fusil M16, Mark Kravetz ignore peut-être si l’on en croit ses propos ce matin qu’il présentait un défaut majeur durant la guerre du Vietnam (souligné à l’époque par les journalistes qui filmaient des scènes de guerre). La mire de l’arme était trop haute et obligeait les soldats américains à relever la tête pour viser, ce qui les exposait aux tirs ennemis.
Présentation du thème de l’émission
Dans une société en paix comme la nôtre, la guerre est présente à travers la fiction, les enquêtes de journalistes, les films ou les jeux vidéo. Pourtant nous restons désemparés devant le fait guerrier comme si on manquait d'outils pour le penser. L'historien Stéphane Audoin-Rouzeau publie Combattre (Seuil), un essai qui cherche à rompre le silence des sciences sociales sur le fait guerrier. Aujourd'hui dans les Matins, il revient sur les causes de ce silence et invite les chercheurs à combler cette lacune en osant regarder en face, et dans ses moindres détails la violence guerrière.
Note technique
Bien que d'un calibre et d'une puissance inférieures à d'autres munitions de fusil comme le AK47, la munition 5,56 OTAN présente une capacité de destruction considérable. En raison de sa forme longue et équilibrée sur l'arrière, elle bascule souvent sur son axe en pénétrant une cible. Elle la traverse en tournoyant provoquant ainsi plus de dégâts que ne le ferait une autre munition. Ce phénomène se retrouve sur de nombreuses munitions militaires, notamment la 5,45x39 mm M74, concurrente soviétique au 5,56 OTAN, qui est optimisée pour basculer sur son axe à l'impact.