La communication de la Bretagne piégée par la question de l'environnement

Le site officiel du tourisme en Bretagne propose un classement des sept sites touristiques naturels les plus visités. Il s’agit de Ploumanac’h et les Sept Iles, la pointe du Raz, le cap d’Erquy, le cap Fréhel, le littoral de Gâvres à Quiberon, la baie du Mont-Saint-Michel et la basse vallée de l'Oust. Ce sont les sites les plus visités d’une des régions les plus touristiques de France. Ils offrent des perspectives de paysage, des démonstrations de la nature dont le plaisir en a fait la notoriété. Ils constituent à eux-seuls le passeport de la beauté de la Bretagne pour les touristes de la France et d’ailleurs.

Ce même site internet stipule quelques lignes plus bas que six de ces sept sites sont concernés par une démarche de développement durable pour concilier tourisme et environnement. Il annonce que la sur-fréquentation de ces sites fait peser des menaces inacceptables sur les écosystèmes. Le tourisme menace ainsi la biodiversité et provoque la disparition d’espèces. La raison de ce tourisme, une nature exceptionnelle est elle-même mise à mal par le tourisme lui-même. Cette activité économique de la Bretagne va-t-elle mourir de ce qui l’a engendré ?
Ce constat fait état d’une contradiction entre tourisme et protection de l’environnement. Le touriste détruit ce qu’il est venu admirer. N’est-ce pas là une hérésie de plus au pays des druides ? La construction de routes, la construction d’un parking sur le flanc du Mont Saint-Michel, l’ouverture à toutes heures et la multiplication hors des chemins balisés ont eu raison de la beauté et de la richesse de ces sites d’exception. Les premières initiatives pour favoriser l’exposition de ces sites fut de vulgariser leur accès et de créer toutes les conditions nécessaires à leur destruction. Nous en sommes maintenant à une vague prise de conscience.
L’annonce de la mise en place d’une « démarche de développement durable pour concilier tourisme et environnement » en dit long sur les actions réelles des autorités locales. Comment être moins précis qu’en déclarant la mise en place d’une démarche ? Qu’est-ce que le développement durable signifie lorsque l’on parle de sites localisés sur quelques kilomètres de superficies ? Les mots magiques sont lancés, la poésie celtique fera le reste ? Le courage et la détermination sont plus nécessaires que la rhétorique pour protéger réellement des espaces naturels. La Bretagne fait par son manque de réactivité le deuil anticipé des atouts qu’elle entendait concilier, tourisme et environnement.


Samuel Descamps