2008, le débat est lancé sur la paupérisation de l'armée

Tous les continents réarment, sauf l'Europe. Et au sein de l'Union, la France n'est pas en reste. Elle s'apprête à réduire significativement le volume de ses forces et n'envisagerait plus, selon le Livre Blanc à paraître, aucun scénario basé sur une hypothèse de conflit de haute intensité.


Bien sûr, la Défense se dote actuellement d’équipements modernes, comme l’hélicoptère « Tigre » ou l’avion « Rafale ». Bien sûr, la validation du nouveau missile nucléaire M 51 assoit la crédibilité de notre dissuasion, tout comme la construction d’un deuxième porte-avions.

Il n’empêche… Le 17 décembre dernier, le Chef d’Etat-major de l’armée de Terre, le Général Bruno Cuche, dans une lettre adressée au Chef d’Etat-major des Armées, n’hésitait pas à évoquer un risque de « paupérisation globale » des forces terrestres, à cause d’une « dégradation importante sur le plan des équipements ». Le défaut des programmes d’équipements terrestres réside dans leur faible visibilité par rapport aux programmes dédiés à l’aérien, au maritime  ou au nucléaire. Pourtant, l’armée de Terre fournit 80% des effectifs engagés en opération, dans des missions où les hommes sont très exposés et ont besoin de matériels performants. La Défense de la France doit être considérée dans sa globalité et aucune de ses composantes ne doit être négligée. Cela demande un effort conséquent, difficile à faire accepter dans un contexte économique tendu.

L’histoire nous apprend cependant qu’à chaque fois que les finances ont pris le pas sur la sécurité, les conséquences ont été tragiques pour le pays. L’Europe devrait se le rappeler également, elle qui a eu bien du mal à constituer une force d’intervention de 3700 soldats pour le Darfour, alors qu’elle dispose théoriquement d’un réservoir de forces de plusieurs centaines de milliers d’hommes. La proclamation d’indépendance du Kosovo risque fort de réveiller les velléités séparatistes de nombreuses minorités en Europe et à son pourtour. Les risques sont réels. Se doter d’une capacité d’intervention terrestre capable de s’interposer, de restaurer ou d’imposer la paix au sein de son territoire ou à proximité  est indispensable à l’Europe. Cela passe, comme toujours, par une volonté politique commune. Qu’on le déplore ou pas, la force armée constitue, plus que jamais, un  facteur de puissance.

Para bellum…