Les axes directeurs de la politique spatiale américaine

A l’heure où les budgets spatiaux sont croissants aux Etats-Unis, en Chine, en Inde et en Russie, nous pouvons y voir un indice de réutilisation des compétences acquises dans le cadre de la guerre froide ou de concurrences stratégiques sous forme d'applications commerciales ou militaires multiples. Les Etats-Unis occupent dans cette nouvelle course à la puissance une place de choix en manifestant la volonté de  militarisation de l’espace à contre courant de la politique de non prolifération des armes et en affirmant la volonté de trouver des applications commerciales ayant pour seul objectif l’hégémonie américaine de l’espace.

L’espace « made in USA »
Le 14 janvier, le Président George Bush a prononcé au siège de la NASA un discours qui a donné une nouvelle orientation stratégique à l'agence spatiale Américaine. En effet la stratégie de puissance américaine passe par une phase de développement spatial. Les Etats-Unis veulent se positionner comme la seule nation ayant les capacités à se développer dans l’espace. Pour cela ils peuvent compter sur différents programmes. Prenons le cas des navettes spatiales. Aujourd’hui elles deviennent obsolètes et après le drame de Columbia (1er Février 2003) leur retrait semble évident. Mais les Etats-Unis ont la solution. Malgré l’interdiction de financement de programmes privés par des fonds publics, les Etats-Unis développent des navettes robotisés par Boeing sous contrat avec la NASA, le tout financé par l’administration américaine et ce malgré cette interdiction. Dans son discours, le Président a invité toutes les nations à rejoindre les États-Unis pour réaliser ce programme. Cette initiative a de quoi surprendre. En effet les Etats-Unis ne proposent pas de travailler ensemble pour développer ces programmes spatiaux mais ils demandent aux autres nations de se mettre à leur service. On se peut s’interroger légitimement sur le but inavoué des Etats-Unis qui pourrait être de museler la concurrence ( exemple programme Aurora de l’Européan Space Agencie) dans le domaine spatial, de veiller sur les technologies développées par les autres nations et de s’assurer un contrôle total de ce qu’ils considèrent comme leur nouveau terrain de développement stratégique.

La militarisation de  l’espace
Au sein des Etats-Unis, un débat peu relayé à l’extérieur part les médias étrangers semble soulever une contradiction. Au sein de la population américaine, deux camps se sont formés, les « Pour » et les « Contre » à propos de la militarisation  de l’espace. Le Pentagone et l’U.S. Air Force conduisent le camp des « Pour ». L’école du « point haut » ou High Ground School défend l’idée que la domination de l’espace, c’est-à-dire depuis un lieu en haute altitude, assure une domination sur les espaces en basse altitude et donc sur les territoires terrestres. Le potentiel militaire de l’espace est souligné au Etats-Unis, au point qu’il soit considéré au même titre que l’air et la mer comme médium opérationnel. L’ex-Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a toujours su montrer sa position favorable aux systèmes d’arme basés dans l’espace. Si la mise en œuvre du Space Control par les Etats-Unis et plus particulièrement de son volet offensif, l’Offensive Counter Space (OCS), créé des tensions politiques car sa légalité internationale est mise en doute. Une des premières actions visibles de cette politique américaine en matière d’armement spatial est le développement du X-40A. Le X-40A est une navette robotisée développé exclusivement par l’U.S. Air Force et la DARPA. Cette navette doit pouvoir emporter des charges utiles dans l’espace à moindre coût. Le bouclier anti missiles comprend également une importante partie spatiale dans son développement. Le financement de ce programme, sous traité en grande partie, est effectué par l’administration en opposition à la libre concurrence prôné par celle-ci. Mais s’il faut relever une contradiction majeure dans la politique américaine, c’est dans le Traité de l’Espace de 1967 qu’elle figure. Pierre angulaire du statut international de l’espace extra-atmosphérique, celui-ci pose le principe fondamental de la liberté d’utilisation et d’exploration de l’espace et exclut tout déploiement d’armes quelles qu’elles soient.
Le Traité de l'espace est un traité international ratifié en 1967 relatif au contrôle de la militarisation de l'espace. Il interdit la mise en place d'armes nucléaires ou toute autre forme d'arme de destruction massive sur l'orbite de la Terre, leur installation sur la Lune ou tout autre corps céleste, voire leur stockage dans l'espace hors de la Terre. Ce traité limite exclusivement l'utilisation de la Lune et tout autre corps céleste à des fins non guerrières, et interdit explicitement leur usage pour tester des armes quel qu'en soit le type, de conduire des manœuvres militaires, d'établir des bases militaires, des installations ou des fortifications. Les gouvernements terriens sont de plus interdits de s'arroger une ressource stellaire comme la leur, telle que la Lune ou une planète. Le traité est signé par les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Union soviétique le 27 janvier 1967, est ratifié à l'unanimité par le Sénat américain et entre en vigueur le 10 octobre 1967. Il a été signé par la France le 5 août 1970.

Jean-François Dolbeau

Sources :


- http://www.cnes.fr/automne_modules_files/csg_pub/articles/r430_P29-30_L5N76.pdf
- http://www.anaj-ihedn.org/joomla/content/blogcategory/52/97/
- http://planete-mars.com/commentaires/2004/0202position_ms_bush.html
- http://64.233.183.104/search?q=cache:6sTrWUz3SpEJ:www.monde-diplomatique.fr/2005/07/GOLUB/12448+politique+spatiale+am%C3%A9ricaine+et+ses+contradictions&hl=fr&ct=clnk&cd=8&gl=fr
- http://nssfrance.free.fr/lettre/lettre%207.htm#1
- http://www.grip.org/bdg/g1007.html
- http://www.mcgill.ca/files/iasl/outerspace.fr.pdf