Revue de l'OTAN un article sur l'infoguerre. Le sujet ne pouvait qu'intéresser notre équipe, mais après lecture, la conception de l'infoguerre vue par M. Ryan n'a finalement que peu de points communs avec la notre.
Nous rejoignons Johnny Ryan sur certains points de son article, notamment sur la notion des trois échiquiers sur lesquels il est possible de mener des campagnes d’infoguerre : échiquier politique (les Etats), économique (les entreprises) et sociétal (la société civile).
« L’infoguerre peut être menée par des particuliers, des entreprises et des communautés. »
Cependant, l’infoguerre est présentée dans cet article avec une vision extrêmement restrictive, se limitant à Internet comme unique vecteur, et aux vulnérabilités informatiques comme seuls types d’attaque.
« Dans peu de temps, il est probable que l’ « infoguerre » (guerre de l’information ou iWar), une forme de guerre basée sur Internet, éclatera dans le monde entier. (…) Elle fait référence à des attaques menées sur Internet qui prennent pour cible l’infrastructure Internet du consommateur, tels que les sites web offrant l’accès à des services en ligne. »
L’infoguerre telle que nous la décrivons et l’analysons depuis maintenant 10 ans sur notre site est nettement plus vaste. Elle englobe bien entendu Internet comme vecteur de déstabilisation et de propagation des idées, mais comprend également les supports papier (communication-influence via la presse…), les réseaux humains (lobbying…), ou encore les canaux traditionnels des média (télévision, radio…). Au travers de ces différents vecteurs, l’infoguerre peut revêtir de nombreuses formes : véhiculer des idées pour modifier les modes de pensée, imposer de nouvelles normes ou sa culture…
Johnny Ryan place la technologie et les outils au centre de sa définition de l’infoguerre.
« L’adepte de l’infoguerre dispose d’une technologie puissante et bon marché, qui n’exige qu’une formation minimale. L’infoguerre peut étendre la possibilité de mener des actions offensives à un nombre sans précédent d’amateurs, dont la seule aptitude requise est la capacité de se connecter à Internet. »
De notre point de vue, une opération d’infoguerre place l’information au centre de son action, qu’elle serve à déstabiliser (par la polémique…) ou à se protéger (par la contre-argumentation…). L’infoguerre demeure la « guerre de l’information », par, pour et contre l’information via les vecteurs les plus adéquats, quels qu’ils soient.
Pour maîtriser cette information, la formation ne peut être « minimale », elle repose sur des spécialistes qui s’inspirent notamment des mondes militaire, altermondialiste (agit-prop…), révolutionnaire (techniques de propagande…) ou encore de la communication traditionnelle. Ils en maîtrisent les méthodes et outils dont ils ont fait la synthèse.
AVS