Pour solde de tout compte. Ainsi pourrait être rédigé le commentaire lapidaire, associé à l’élimination d’Imad Moughniyeh par un attentat à la voiture piégée le mardi 12 février à Damas. Le quotidien Le Monde qui revient sur cette affaire dans son édition du 14 février présente ainsi l’individu : « Inconnu dans les années 1970, lorsqu'il était membre de la Force-17, unité d'élite palestinienne chargée de la sécurité de Yasser Arafat, le nom d'Imad Moughniyeh a été propulsé au-devant de la scène en 1983, après trois attentats spectaculaires : en avril contre l'ambassade des Etats-Unis à Beyrouth (63 tués, dont 17 Américains) et en octobre contre les quartiers généraux des forces américaines et françaises alors déployées dans la capitale libanaise : 241 marines et 58 soldats français avaient péri.»
Dans son excellent ouvrage intitulé La petite histoire de la voiture piégée (éditions Zone 2007), Mike Davis ne se contente pas de relater l’histoire de ce mode d’action et le transfert de technologie terroriste sur les différents continents. Il souligne des points essentiels pour décrypter la genèse de cette pratique militaire asymétrique. Les premiers à avoir introduit ce mode d’action au Moyen Orient sont les militants du groupe Stern (groupe extrémiste combattant pour la survie du peuple juif). Aux lendemains de la seconde guerre mondiale, le groupe Stern fit exploser des voitures piégées contre des membres des forces britanniques et des Palestiniens. Ces derniers ripostèrent ensuite par la même méthode. Au début des années 1980, ce mode d’action réapparaît au Moyen Orient et est perpétré contre des cibles hostiles aux intérêts israéliens et américains dans la région. En réaction, des individus comme Imad Moughniyeh recourront à la même logique de terreur en prenant notamment pour cible des forces d’interposition comme les parachutistes français du Drakkar à Beyrouth. Mike Davis met évidence le fait que l’attentat à la voiture piégée est une arme asymétrique assimilable dans bien des cas à un crime contre l’humanité (morts de nombreux civils innocents et désarmés, victimes collatérales de l’attentat) et utilisée aussi bien par le faible que le fort et vice versa.