L’Alberta, étouffée entre la sécurité nationale américaine et les exigences environnementales.
Les réserves de pétrole couvrent une superficie de 140 000 km², soit l'équivalent de 20% de la France, mais l'Alberta, à ce jour, n'a concédé aux compagnies pétrolières, dont Total, des droits d''exploitation que sur 54 000 km². La production totale est d'actuellement 1,3 millions de barils/jours, alors que les projets à court terme porteraient ce total à 3 millions. Et les Etats-Unis souhaitent voir une production de cinq millions de barils par jour d'ici à 2020.
De ce fait, ce cas de l'Alberta est intéressant dans le sens où la logique de puissance reflétée par la volonté des Etats-Unis de faire main basse sur cette réserve stratégique s'oppose frontalement aux exigences environnementales, très à la mode (et à raison!) partout dans le monde.
En retirant la couche biologique essentielle à la vie, les exploitants signent aussi l'arrêt de mort pour une recomposition future de la forêt boréale, dont la végétation ne trouvera pas les ingrédients biologiques nécessaires. Et ce, malgré les maigres programmes de reforestation... L'augmentation des gaz à effet de serre est aussi avérée puisque la forêt est composée de tourbières, dont la destruction dégage du méthane.
La transformation des sables bitumineux en pétrole est aussi problématique, malgré des efforts technologiques constants. Le moyen généralement employé est le lavage du sable à l'eau chaude. Or, il faut 5 à 6 barils d'eau pour un baril de pétrole, eau puisée dans les rivières et les nappes phréatiques alentours, entraînant un assèchement des sols. Suite à cela, l'eau usée, devenue très toxique, est stockée dans des bassins de rétention, pas toujours très hermétiques, d'où une pollution de l'air, des sols, des rivières et des nappes. Les bassins couvrent déjà une superficie de 50 km².
Ainsi, devant ce désastre écologique croissant, les autorités locales et nationales, les ONG ainsi que les citoyens, demandent des comptes aux compagnies ainsi que des programmes visant à obtenir une exploitation durable, si jamais cela était possible, des sables bitumineux. La baisse mondiale des réserves, conventionnelles ou non, de pétrole couplée à une demande croissante de la part de nouveaux pays industrialisés va induire une exploitation continue et grandissante des ressources pétrolières d'Alberta, déjà à bout écologiquement.
Dans les années à venir, les questions géoéconomiques vont s'entrechoquer avec les problématiques environnementales mais aussi sociétales suscitées par le développement anarchique de la ressource pétrolière. Un cas d'école très intéressant à étudier dans le temps et qui se reposera sans doute dans d'autres domaines et régions du monde.
Pour obtenir plus d'informations sur les impacts environnementaux de l'exploitation des sables bitumineux en Alberta, lisez le rapport rédigé par l'Institut Pembina en collaboration avec le WWF.
http://www.pembina.org/pub/1571