Un nouveau départ pour la diplomatie vaticane ?

diplomatie romaine a pris le temps de se réorganiser après les contrecoups du discours de Ratisbonne et l'arrivée du tandem Bertone-Mamberti voici un peu plus d'un an à la tête de la diplomatie du Saint-Siège.


Benoit XVI, éminent théologien, a, semble-t-il eu du mal à prendre immédiatement la mesure de son rôle sur la scène géopolitique internationale endossée le jour de son élection. Le fameux discours de Ratisbonne (12 septembre 2006), dont il sera utile un jour d'examiner précisément l'instrumentalisation, a constitué une sorte de faux départ de l'action internationale du nouveau pape.

Si l'on en juge par les très nombreuses initiatives que cet évènement a déclenchées, rencontre du pape avec les ambassadeurs des pays arabes près le Saint Siège  (30 novembre 2006), colloques organisés par les Universités pontificales et l'Institut Pontifical d'études arabes et d'islamologie, cette analyse du faux pas salvateur se révèle assez juste.

La visite historique, le 7 novembre, du roi Abdallah d'Arabie Saoudite, un des rares Etats à ne pas avoir de relations diplomatiques avec le Saint Siège et l'un des plus durs à l'endroit de la liberté religieuse, et la lettre de 138 religieux musulmans du 11 octobre sont les derniers développements inédits de cette nouvelle ère des relations entre le Saint Siège et l'Islam.

Chine, Russie, Etats-Unis

Après la douche froide de Ratisbonne qui a coïncidé avec l'arrivée au poste de secrétaire d'Etat du cardinal Tarcisio Bertone, assisté pour les relations avec les Etats par le français Mgr Dominique Mamberti, les grands dossiers diplomatiques du pontificat de Benoit XVI ont pu être remis sur le métier.

Le rapprochement avec la Russie est aussi à souligner dans cette stratégie globale. Les contacts avec l'Eglise russe et son patriarche Alexis II n'ont jamais été aussi avancés avec le Siège apostolique. Il semble acquis qu'une prochaine rencontre ait lieu entre Benoit XVI et Alexis II. Au cours de l'été 2007, les relations se sont accélérées par des échanges publics de messages et se sont encore accentués à l'occasion de la visite du patriarche de Moscou et de toutes les Russies début octobre en France. Le cardinal Roger Etchegaray, envoyé du pape à l'occasion de ce voyage en France et ami personnel d'Alexis II, a sans doute contribué à aplanir les dernières difficultés.

Concernant les relations avec les Etats-Unis, dégradées par la position du Saint Siège en 2003 lors de l'invasion de l'Irak, des signaux semblent augurer d'un réchauffement. Ainsi, la nomination, le 11 novembre, de Mary Ann Glendon comme ambassadeur des USA près le Saint Siège, est un signe non négligeable.  Cette éminent enseignante d'Harvard a passé plus de temps dans les cercles romains que dans la diplomatie américaine. Nommée par Jean Paul II en 1994 à l'Académie pontificale des sciences sociales, qu'elle présidera en 2004, elle conduisit en 1995 la délégation du Saint Siège à la 4ème conférence mondiale de Pékin sur la femme. En nommant une brillante figure intellectuelle américaine ayant porté la parole officielle du Saint Siège dans les enceintes internationales, George W. Bush adresse un message clair à Benoir XVI.

Enfin, tout dernièrement, le 23 novembre, la diplomatie vaticane a innové en jetant les bases d'un groupe de pression international sous la forme d'un forum d'ONG d'inspiration catholique placé sous la houlette du secrétaire d'Etat et de l'observateur permanent auprès de l'ONU, Mgr Migliore. La capacité d'influence des organisations catholiques (Caritas Internationalis, Pax Christi, Universités Catholiques, ordres religieux,...) n'est pas nouvelle mais souffre d'une très grande dispersion de forces. La prise de conscience et l'articulation des différentes sphère d'action publique de l'Eglise catholique: diplomatie officielle, médias, ONG ou encore système universitaire.

Reste cependant plusieurs autres dossiers épineux, comme les relations avec Israël. L'établissement des relations diplomatiques en 1993 entre les deux Etats n'a eu dans les faits aucune traduction juridique du côté de l'Etat d'Israël: la Knesset n'ayant toujours pas ratifié l'accord. Ainsi, sur le plan fiscal, les ordres religieux catholiques encore présents en Terre sainte sont dans une situation d'asphyxie financière qui bénéficie à la politique israélienne.