Les provocations autour du génocide rwandais


« L'affaire a été totalement passée sous silence par l'essentiel des médias. Les faits se sont déroulés mercredi 28 novembre à Paris. Il est 8 h 30. Hubert Védrine ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement Jospin et surtout ancien secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterrand arrive à pied à l'entrée du Cercle militaire, place Saint-Augustin, pour donner une conférence. Un homme l'aborde et entame la conversation sous un faux prétexte. Juste le temps de faire diversion et qu'une jeune femme l'asperge d'un liquide rouge supposé représenter du sang. Au même moment dans un timing parfait des complices du collectif “Génocide made in France” tendent une banderole. Une caméra en embuscade immortalise la scène. »

Les quelques articles publiés sur le sujet, mentionnent également la minutie avec laquelle le « collectif » a préparé son opération. On peut même voir des vidéos en ligne sur youtube ou dailymotion. Dans un premier temps, on est un peu décontenancé par la vidéo qui traite d’un sujet  proche des attentats pâtissiers de Noël Godin, cet humoriste belge qui s'est rendu célèbre pour ses jets de tarte à la crème ou « entartages » sur de nombreuses personnalités de différentes nationalités. Mais l’action du collectif “Génocide made in France” est très loin de l’humour. Dans les « attentats pâtissiers », il ne s’agit pas de s’attaquer à un individu isolé ; le courage, la prise de risque individuelle font partie de la démonstration. Ce genre d’acte n’ayant de valeur que s’il atteint un puissant (cf.  les opérations contre Bill Gates, Philippe Douste-Blazy ou Nicolas Sarkozy). A l’évidence nous sommes confrontés à quelque chose de différent. Le sujet : le génocide rwandais, le message : la responsabilité de la France. Il s’agit d’un problème complexe et il devrait donc être traité par des personnes sérieuses. Cet épisode tragique de l’histoire mérite sans aucun doute autre chose qu’une approche manichéenne et infantilisante de la situation dans l’Afrique des grands lacs.

Maintenant qu’on a déterminé les intentions du « collectif » et ce qui est en jeu, penchons sur la méthode et répondons à la question : y a-t-il adéquation ? Quand vous regardez la vidéo en ligne de « l’action », vous ne pouvez éviter un sentiment de déjà vu, mais pourquoi ? La réponse est simple, le mode d’action n’est pas original, il est pauvrement hybride : il s’agit d’un mélange médiocre : moitié campagne anti-fourrure des années 90, moitié happy slapping. En effet dans les années 90, les activistes anti-fourrures jetaient cette même peinture rouge, symbolisant le sang lors de défilés de mode. Quant au « happy slapping » il s’agit du jeu fondamentalement stupide qui consiste à agresser et filmer, au hasard, une personne dans la rue et à mettre la vidéo en ligne. Cette combinaison recouvre l’ensemble de l’opération du 28 novembre 2007.