Rébellion chez Facebook


L'annonce, faite par le fondateur du site, de la stratégie marketingo-commerciale de facebook, a déclenché au cours du mois de novembre une vague de rébellion chez bon nombre de membres de Facebook. Même si elle semble tout à fait légitime, on peut lui trouver une petite touche de candeur collective.

Indépendamment de ce qui peut être officiellement dit, la plupart des informations contenues dans les profils facebook peuvent techniquement être utilisées. Les discussions juridiques sur ce que le site peut réutiliser, voire revendre, a évidemment son importance, étant donné qu'elles délimitent par la suite l'accès physique aux informations. Mais tout ce qui est mis en ligne par l'utilisateur, accessible à tous, pourra naturellement être réutilisé à des fins autres que celle de prendre connaissance des photos de la dernière soirée de son école. Pour cette partie, on en est sûr. La question subsiste pour les informations personnelles recueillies pour la création d'un compte et qui ne sont officiellement pas rediffusées.

Les sites tels que facebook sont mathématiquement le paradis des marketeurs : alors qu'une étude de marché et une description des cibles marketing est un travail long et fastidieux, le profil des utilisateurs apporte le résultat sur un plateau et surtout bien mieux fait que par n'importe quelle équipe marketing incisive et affûtée. Plus besoin de passer des milliers d'appels téléphoniques pour tenter de faire répondre les gens à des questionnaires généralement maladroits et indiscrets. Il suffit d'attendre que les énergumènes se lâchent d'eux même et en plus, qu'ils t'invitent à venir le lire le résultat. Dans la terminologie adéquate, qu'ils te "pokent".

Je vois au premier abord deux niveaux principaux d'utilisation pouvant être faits de l'information contenue dans un profil facebook.

Premièrement, une utilisation commerciale à grande échelle : les entreprises ciblent aisément, étant donné que les utilisateurs se sont eux même définis, les personnes présentant des profils similaires donc susceptibles d'être intéressés par la même offre. Imaginons un groupe facebook des amateurs de vin, de cigares ou de jeux vidéos, le choix de la publicité à leur afficher est relativement simple.

Ensuite, une utilisation plus ciblée, à savoir dans le cas de la recherche d'information sur une personne en particulier, par exemple par son employeur. J'imagine tout à fait que ce puisse être un réflexe courant pour certaine entreprises d'aller suivre les folles aventures d'un de ses employés, qui se sent régulièrement pousser des ailes littéraires sur facebook, notamment pendant ses heures de bureau.

On est évidemment bien loin du partage sympathiques de photos avec ses amis. Mais au vu des enjeux commerciaux et du potentiel d'information contenu dans ce type de profil, il serait doucement illusoire de croire que tous respecteront la vie privée des internautes ainsi livrée en pâture.

Là où le fondateur de Facebook, Marc Zuckerberg, au demeurant en pleine forme, a quelque part innové, c'est qu'il a annoncé à tout le monde, haut et fort : "vous aussi, prenez votre espace publicitaire ciblé sur plusieurs milliers de guignols aux goûts et aspirations similaires, racontant compulsivement leur vie quotidiennement chez moi. Promis, jusque là, ils n'ont encore rien vu !" (en légèrement mieux dit).

Ce n'est peut-être pas totalement étranger au fait que Microsoft ait décidé d'investir dans facebook et ce faisant, de valoriser indirectement le site à 15 milliards de dollars. Affaire à suivre ...


 


Marc


http://marcrousset.over-blog.net