La disparition de l'antagonisme mondial a libéré les antagonismes régionaux et locaux, obligeant les pays à développer leur autonomie territoriale terrestre et maritime. Dans un monde divisé en 200 Etats, la mer reste le milieu privilégié de la projection de puissance et un théâtre majeur des conflits en raison de la pénurie des ressources, des problèmes d'approvisionnement énergétique ainsi que de la nécessité de contrôler les grands axes d'échanges commerciaux. La délimitation du territoire maritime d'un Etat - définissant sa zone d'influence - est toujours inachevée à ce jour, et la défense territoriale, base de l'intégrité d'un Etat, est vitale pour les pays émergents comme pour les puissances. Nous sommes par conséquent à l'aube d'une redéfinition des rapports de force portant sur le contrôle des océans, entre d'une part les stratégies d'influence des puissances et d'&autre part les capacités de dissuasion des pays émergents à défendre leurs eaux territoriales, ainsi qu'à une redéfinition des règles du jeu car l'équipement indispensable aux pays émergents pour défendre leurs espaces sous-marins pousse les plus développés de ces pays (Chine et Inde) à concurrencer les moyens d'équipement fournis par les pays occidentaux.
montre qu'ils ont déjà pris acte de cette réalité.
Autrefois arme du faible, de celui qui n'avait pas la maîtrise de la mer, le sous-marin est aujourd'hui l'arme du fort et le symbole même de la puissance: il est engagé contre le trafic ou les menaces asymétriques concentrées dans la zone littorale. Les sous-marins bénéficient d'avantages tactiques considérables : la discrétion, le préavis car ils sont généralement prévenus de la présence d'unités adverses bien avant que celles-ci ne puissent les détecter et la puissance de frappe. Ces atouts leur permettent de recevoir trois types de mission: des opérations offensives (contre les forces navales ennemies et le trafic marchand de l'adversaire dans une stratégie de blocus naval); défensives (en se déployant dans des secteurs qui constituent des barrages au large de côtes ou de détroits); spéciales (débarquement ou récupération de commandos en zone hostile - surveillance). Seuls les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité peuvent encore s'offrir des sous-marins stratégiques (SNLE), qui constituent aujourd'hui la composante la plus stable (car la moins vulnérable) de la dissuasion, et des sous-marins nucléaires d'attaque (SNA), qui constituent la menace la plus grave contre les marines de surface. Malgré cette tendance à la concentration de la puissance au sein d'un nombre de plus en plus réduit de marines
montre qu'ils ont déjà pris acte de cette réalité.
Autrefois arme du faible, de celui qui n'avait pas la maîtrise de la mer, le sous-marin est aujourd'hui l'arme du fort et le symbole même de la puissance: il est engagé contre le trafic ou les menaces asymétriques concentrées dans la zone littorale. Les sous-marins bénéficient d'avantages tactiqus considérables : la discrétion, le préavis car ils sont généralement prévenus de la présence d'unités adverses bien avant que celles-ci ne puissent les détecter et la puissance de frappe. Ces atouts leur permettent de recevoir trois types de mission: des opérations offensives (contre les forces navales ennemies et le trafic marchand de l'adversaire dans une stratégie de blocus naval); défensives (en se déployant dans des secteurs qui constituent des barrages au large de côtes ou de détroits); spéciales (débarquement ou récupération de commandos en zone hostile - surveillance). Seuls les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité peuvent encore s'offrir des sous-marins stratégiques (SNLE), qui constituent aujourd'hui la composante la plus stable (car la moins vulnérable) de la dissuasion, et des sous-marins nucléaires d'attaque (SNA), qui constituent la menace la plus grave contre les marines de surface. Malgré cette tendance à la concentration de la puissance au sein d'un nombre de plus en plus réduit de marines le commerce de sous-marins nucléaires vers les puissances émergentes est en plein essor: l'Inde développe son prototype ATV, le Brésil poursuit des études qui ont atteint un stade assez avancé, la Chine qui a présenté en septembre dernier une nouvelle classe de sous-marins à propulsion nucléaire et la Corée du Sud aspirent, grâce à des financement étrangers, à se doter de sous-marins qui développeraient considérablement leur influence maritime. Notons que ces mêmes pays souhaitent également intégrer le Conseil de Sécurité de l'ONU en tant que membres permanents. D'autres pays émergents veulent également obtenir des moyens d'assurer leur souveraineté sur leur espace maritime à travers une stratégie de défense basée sur la dissuasion conventionnelle, en acquérant des sous-marins à propulsion classique aux grandes puissances: ainsi le marché de l'armement sous-marin se développe-t-il considérablement.
La menace sous-marine est toujours présente, même si le nombre de sous-marins en service a diminué de plus de la moitié entre la fin de la Guerre Froide et aujourd'hui: 915 unités en 1986 pour 415 aujourd'hui, répartis entre 42 pays. Près de la moitié de ces bâtiments, 49%, sont basés dans le Pacifique, nouvelle preuve de la montée en puissance des marines asiatiques, à l'exemple de la marine singapourienne: ne comptant que quelques patrouilleurs côtiers en 1980, cette marine met aujourd'hui en oeuvre 4 sous-marins, 6 corvettes et 6 frégates. Le reste des sous-marins en activité se répartit à hauteur de 28% dans l'Atlantique Nord, 11% en Méditérranée, 7% dans l'Océan Indien et les 5% restant en Amérique du Sud.
Ces pays recherchent autant la reconnaissance de leur puissance qu'un moyen d'affirmation sur la scène internationale, volonté renforcée par les questions des menaces non conventionnelles sur les mers, sous forme de piraterie mais aussi de terrorisme maritime. L'augmentation des pays en possession de sous-marins est accompagnée par le développement de nouvelles doctrines d'opérations pour la haute mer, que ce soit en Corée du Sud ou à Taïwan, ainsi que par le retour de la diplomatie navale au Japon, en Corée ou encore en Chine.
Dans l'Océan Indien, le fait majeur est la montée en puissance de la marine indienne, poursuivant avec constance le grans projet océanique lancé dans les années 1980 par le gouvernement de Rajiv Gandhi: ainsi une commande de 6 Scorpène a été passée. Le Pakistan modernise également sa flotte sous-marine en achetant des bâtiments à l'Allemagne et en revendant ses anciens navires au Bangladesh.
Les marine africaines restent toujours insignifiantes. La seule qui essaie de se développer est la marine sud-africaine, qui a passé commande de sous-marins et qui développe sa stratégie de dissuasion, ce qu'à révélé l'exercice mené conjointement avec d'autres marines de l'OTAN le 4 septembre dernier, ces dernières ayant été virtuellement coulées par la marine sud-africaine.
Ces stratégies d'expansion navale relancent le marché. 120 sous-marins sont actuellement en construction ou en projet. Le marché à l'exportation, pour la période 2005 à 2020 est estimé à 38 unités. Les chantiers navals européens détiennent la quasi-totalité du marché naval à l'exportation, les chantiers navals américains, trop chers, ne vivent en majorité que de leur énorme marché intérieur, avec de beaux succès auprès de la Chine, l'Inde ou encore la Malaisie. Cependant, cette rente de situation est de plus en plus fragile, remise en question par l'émergence de nouveaux exportateurs asiatiques. Car la concurrence s'accroît: la Corée du Sud s'est lancée sur le marché, encore modestement, avec la vente de corvettes et de sous-marins à l'Indonésie, ce pays ayant également acheté 10 sous-marins russes, inquiétant ainsi le Japon. Il s'agit de peu de choses, mais si elle applique au naval militaire les recettes qui lui ont si bien réussi dans le naval civil, c'est à un véritable rouleau compresseur que les chantiers européens seront confrontés. La Chine a donc présenté, pour la première fois, un sous-marin développé nationalement au cours d'un salon international en 2005. Et lorsque l'on sait qu'un sous-marin au Japon est désarmé au bout de 16 ou 17 années de service, on mesure l'attrait de tels navires, déjà modernes, mais surtout présentés à des coûts défiant toute concurrence: ces programmes étant motivés au moins autant par des considérations politiques qu'économiques, le prix devient un argument encore plus important. Les chantiers navals européens subiront ainsi une concurrence très dure, l'Asie étant déjà aujourd'hui le principal débouché à l'exportation.
Face à cette expansion de la demande des pays émergents que sont l'Afrique du Sud, l'Algérie, l'Argentine, le Bangladesh, le Brésil, le Chili, la Chine, l'Inde, l'Indonésie, l'Iran, la Malaisie, le Pakistan, le Pérou, Singapour, Taïwan, la Turquie et le le Venezuela, et de la forte concurrence australienne, brésilienne, chinoise, coréenne après sa vente de 4 sous-marins de poche à l'Iran, américaine, indienne, japonaise, pakistanaise, russe à la suite du méga contrat avec l'Algérie comprenant deux sous-marins, et turque, la France et l'Europe sont face à la multipolarisation et à la dérégulation du contrôle des océans, où chaque pays revendique désormais - ne serait-ce que de manière dissuasive - ses territoires maritimes qui sont un aspect de la souveraineté nationale.
Outre ses conséquences géopolitiques, nous avons un intérêt industriel à tirer le marché par le haut, par la qualité de nos sous-marins et de notre savoir-faire. Une collaboration accrue avec les Britanniques serait alors logique, tant les deux pays ont des intérêts communs. Ils sont les seuls européens à avoir des marines qui opèrent à l'échelle mondiale et les seules capables de concevoir et fabriquer n'importe quel système naval, avec DCN et BAE, et qui permettrait d'envisager à court terme, un rapprochement franco-allemand qui pourrait déboucher sur l'émergence d'un groupe européen : European Maritime Systems, l'EADS naval.
Cédric de Sérigny
Sources :
Hervé Coutau-Bégarie, L'océan globalisé, géopolitique des mers au XXIème siècle, Economica, octobre 2007
www.meretmarine.com/article.cfm?id=105563, visité le 17 octobre 2007
www.chez.com/sousmarin/pdg.htm, visité le 24 octobre 2007
www.corlobe.tk, visité entre le 24 octobre et le 5 novembre 2007