La bourse de Londres est-elle vraiment à vendre ?

Après plusieurs années d’un feuilleton riche en rebondissements le London Stock Exchange (LSE) n’a toujours pas été racheté et reste une des plus belles et plus anciennes places financières mondiales. Les différents acteurs mondiaux qui ont tenté de racheter ce joyau britannique de 1698, n’ont jusqu’alors pas réussi à dépasser les 30 % de part du capital. Durant les deux dernières années, des géants du secteur s’y sont attaqués, et la LSE a toujours su riposter pour garder sont indépendance. Le NASDAQ, marché financier électronique américain, a depuis 2001 lancé une croisade pour racheter le London Stock Exchange. Le premier rapprochement entre ces deux organismes a été stoppé par la crainte d’un rejet de leur approche par les autorités antitrust. L’affrontement pour la prise de contrôle de la bourse de Londres a débuté en 2005.
A cette époque, plusieurs places boursières sont dans la course au rachat du LES :




  • • NYSE EURONEXT, premier groupe mondial de places boursières,



  • • la DEUTSCH BÖRSE, entreprise allemande spécialisée en opération boursière,



  • • MACQUARIE, première banque australienne,



  • • le NASDAQ.



Le LSE, se sentant en position de faiblesse, commence elle aussi à s’intéresser aux marchés financiers limitrophes pour contrecarrer les plans de rachat de ces concurrents. En 2005, la bataille fait rage entre la DEUTSCH BÖRSE et NYSE EURONEXT. La première se replie à cause du scepticisme de son actionnariat, il semble alors presque inévitable qu’EURONEXT l’emporte à défaut. Début 2006 MACQUARIE lance une offre publique d’achat hostile sur la bourse de Londres à hauteur de 2,2 milliards d’euros, aussitôt rejetée par le principal intéressé jugeant cette offre dérisoire. C’est alors que les choses ont commencé à s’accélérer au cours du mois d’avril de la même année, l’opérateur NASDAQ a racheté en force près de 15 % du capital de LSE pour 781 millions de dollars. Il a désormais les cartes en mains pour proposer un projet de fusion lors d’une assemblée générale extraordinaire. NYSE EURONEXT rend les armes et ne rentre pas dans la bataille de la surenchère lancée par le NASDAQ, pour aller chercher des synergies avec d’autres marchés boursiers. De plus les fonds anglo-saxon, très puissants au sein d’EURONEXT n’étaient pas en faveur d’un rapprochement avec LSE et préfèrent donc laisser de coter cette hypothèse. Le NASDAQ est donc seule en liste pour racheter la bourse britannique tant convoitée. Après être monté au capital du LSE, le NASDAQ devient le principal actionnaire avec près de 30 % du capital du LSE. Fin 2006, l’entreprise américaine concrétise son offre publique d’achat et valorise la firme pour 4 milliards d’euros. Une fois de plus, le LSE ne considère pas cette offre comme valable. Elle reste donc sans suite. Face à ces attaques à répétition, la bourse de Londres adopte une attitude plus offensive. Fort de cette constatation, la LSE se rapproche de la bourse de Milan afin de diluer la participation du NASDAQ et donc de se protéger. Cette stratégie aboutit rapidement car le NASDAQ annonce sa volonté de se désengager de la procédure de rachat de  la bourse de Londres.
Face à la résistance britannique, le NASDAQ a renoncé à ses parts sans vouloir non plus donner sa place. De par ce fait, l’ensemble du capital qu’il détenait n’a pas été vendu à un seul et même acteur. Actuellement 28% ont été vendu à BORSE DUBAI, la bourse de Dubaï, lors d’un arrangement pour le rachat de OMX, le marché boursier d'Europe du nord. Actuellement, le London Stock Exchange est pour moitié détenu par BORSE DUBAI et la Bourse du Qatar qui ne sont pas en très bon terme et ne veulent pas que l’autre soit en position de force sur le LSE, ce qui met la bourse à l’abri d’un rachat hostile dans un horizon proche. Néanmoins ces prises de participations des Fonds souverains des Emirats Arabes Unis laissent entrevoir la stratégie de cette nouvelle place financière. Celle-ci tente de s’affirmer comme une possible alternative aux deux grandes mondiales à savoir New York et Londres en créant des alliances sur les différents marchés financiers mondiaux.
Dans la bataille pour le contrôle des places boursières ce sont en réalité les Etats qui par le biais de fonds souverains placent des pions sur la scène financière. Londres est la place boursière qui tend à prendre de plus en plus d’importance, de par son positionnement sur les transactions internationales, contrairement à New York positionné sur des opérations de fusions et acquisitions. Londres attire ainsi de plus en plus de capitaux, parfois même sans trop se soucier de leur provenance. Certains experts estiment même que c’est là que transite une part très importante des capitaux blanchis. Par une stratégie d’attaque, et en se mettant elle aussi en position d’acheteur, et en trouvant de nouveau partenaires, le London Stock Exchange a réussi à garder son indépendance et à faire fuir les menaces qui étaient trop présentes depuis de nombreuses années. Cet Etat dans l’Etat, que représente la city, est une institution en Grande Bretagne et figure de proue du rayonnent britannique dans le monde et il y a fort à parier que l’Angleterre ne soit pas prête à voir disparaître le London Stock Exchange au profit d’un acteur étranger.

Romain Richard

Sources :

-« Euronext envisagerait une offre en titres sans prime sur le LES » - boursier.com
http://www.boursier.com/vals/FR/euronext-envisagerait-une-offre-en-titres-sans-prime-sur-le-lse-news-159151.htm

« Le LSE refuse d’être chassé » -  boursier.com
http://www.boursier.com/vals/FR/euronext-le-lse-refuse-d-etre-chasse-news-160081.htm

«  Le Nasdaq convoiterait la bourse de Londres » - L'Expansion.com
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-entreprise/le-nasdaq-convoiterait-la-bourse-de-londres_113026.html

« LSE: le Qatar et Borse Dubaï se disputent la participation du Nasdaq » Trends.be, avec Belga

« Le rapport Arthuis idéalise les fonds souverains » - Marianne Lundi 29 Octobre 2007. Article de Philippe Cohen

« Bourse de Londres: Borse Dubaï et le Qatar prêts à mettre fin à leur bataille » - La Tribune.fr - 22/10/07

« Fonds souverains : l’émergence d’un nouveau capitalisme» - « Sustainable Investment » 6 novembre 2007

« Le Nasdaq lance officiellement son OPA sur le LSE » - euroinvestor.fr
http://www.euroinvestor.fr/News/ShowNewsStory.aspx?StoryId=9490097

« Le Nasdaq entre en force au LSE » - L'Expansion.com
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-entreprise/le-nasdaq-entre-en-force-au-lse_114363.html

«  Euronext et London Stock Exchange parlent de fusion » - dicodunet.com
http://www.dicodunet.com/actualites/economie/71773-euronext-et-london-stock-exchange-parlent-de-fusion.htm

« Le NASDAQ lance officiellement son OPA sur le LSE » - boursorama.com
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_societes.phtml?&symbole=1kBLS4&news=3838987

« Les Fonds souverains arabes accaparent les marchés financiers » - lemaghrebdz.com
http://www.lemaghrebdz.com/lire.php?id=6525

« Le Nasdaq vend le solde de sa participation dans le LSE » - yahoo.com
http://fr.biz.yahoo.com/21092007/290/le-nasdaq-vend-le-solde-de-sa-participation-dans-le.html