La diplomatie commerciale : Quelques éléments de réflexion

Alexandre Mercier, auteur d’une publication titrée Commercial Diplomacy in Advanced Industrial States : Canada, the UK, and the US (URL ci-dessous), publiée par le think tank hollandais Clingendael, répond à nos questions.   

diplomatie commerciale ?  


Comme je le précise dans mon article, la définition qui semble la plus adéquate est celle du Dr. Lee. La diplomatie commerciale est l'ensemble des efforts déployés par un réseau d'acteurs publics et privés afin de gérer les relations commerciales à travers les divers canaux et processus diplomatiques. Le terme relations commerciales fait référence aux échanges commerciaux ainsi qu'à l'investissement direct étranger.

Infoguerre : Qui la pratique et pourquoi ?  

Cette question contient plusieurs volets.

D'un point de vue général, on peut dire que tout les pays de la planète pratiquent à divers degrés la diplomatie commerciale. Comme le rapport de CNUCED (The World of Investment Promotion At A Glance) le mentionne, l'adoption quasi universelle d'agence de promotion de l'investissement (API) nationale démontre que la diplomatie commerciale est une pratique très répandue. Par contre, il faut constater que les pays développés possèdent beaucoup plus de ressources pour pratiquer la diplomatie commerciale, donc on peut dire que les pays développés la pratique à une plus grande échelle.

D'un point de vue plus spécifique, la diplomatie est pratiquée par des acteurs publics et privés. Au niveau public, c'est généralement les ministères du commerce, de l'économie, des affaires étrangères ou autres qui la pratiquent. Au niveau du secteur privé, ce sont les chambres de commerce qui exercent le rôle le plus important au niveau de la diplomatie commerciale.


Pourquoi pratique-t-on la diplomatie commerciale? La réponse n'est pas évidente. D'un point de vue théorique, la diplomatie commerciale est une technique qui va à l'encontre du libre-échange et de la libéralisation des échanges économiques. Il faut donc croire que le nationalisme économique est toujours une réalité au XXIe siècle.

Les acteurs privés pratiquent la diplomatie commerciale pour accéder à de nouveaux marchés, pour accroître leur part de marché et pour s'assurer que les contrats octroyés sont exempts de corruption ou de concurrence déloyale.

Quelles perspectives pour la France ? 

Finalement, les perspectives pour la France. Je tiens à préciser que la France n'a pas été retenue dans mon étude, donc mon analyse ne peut être qu'approximative. La France est un des leaders de l'UE et jouit d'un niveau de développement économique avancé, ce qui me porte à croire que la France devrait réussir à tirer son épingle du jeu. Le marché européen de près de 500 millions d'habitants répartis dans 27 pays est un marché que personne ne peut ignorer et la France est certainement une destination à considérer pour les investisseurs étrangers. Par contre, il semble que la tendance soit à renforcer les efforts d'attraction de l'investissement au détriment des efforts de supports aux exportateurs. Cétéris paribus (toute chose étant égale par ailleurs), la France semble souffrir d'un marché de l'emploi assez rigide et d'un niveau de taxation qui pourrait lui nuire dans sa quête pour attirer des investisseurs étrangers.


Finalement, comme Kopp le mentionne, il ne faut jamais oublier que la signature de contrats commerciaux se fait entre des entreprises privées. Bref, la meilleure diplomatie commerciale n'est pas garante de succès au niveau des accords commerciaux et d'investissements. La diplomatie commerciale n'est qu'un facteur parmi plusieurs.

http://www.clingendael.nl/publications/2007/20070900_cdsp_diplomacy_mercier.pdf.