Après que les Chinois aient largement exploité leur potentiel forestier sans trop se préoccuper d’une démarche de développement durable dans ce domaine, l’empire du milieu couvre de plus en plus ses besoins en achetant du bois à l'étranger. L’Allemagne est un de leurs principaux clients.
« Affaires forestières - Des Chinois achètent des forêts entières en Allemagne ». C'est sous ce titre que le journal allemand Die WELT ouvre le débat le 12. Juin 2007.
Toute l'affaire avait commencé avec un reportage en page première du journal de Ahrensburg sur Matthias Manthey, un agent de change basé dans la même ville. Celui-ci propose ouvertement – même à travers une annonce de presse - d'acheter au niveau fédéral à des prix de pointe et de manière extrêmement discrète des superficies boisées à travers une filiale allemande, une société anonyme. Les affaires semble bien marcher, car il se vante qu'il peut à peine se sauver des demandes du royaume du milieu concernant des superficies boisées“
Cette nouvelle évolution est également constatée par le Bund Deutscher Forstleute (BDF), la fédération allemande des métiers de la forêt. Le BDF, qui existe depuis 1950 et fort de ses 8000 membres, a pour objectif de fournir de l'information professionnelle aux décideurs politiques. Il ne cache pas son inquiétude lors de sa déclaration de presse du 25-06-07: « Des Chinois achètent des forêts entières en Allemagne - La grande demande de bois rend l'achat économique - Le géant économique souriant s'assure en secret, calmement et doucement la matière première de bois convoitée ». Car malgré le fait que les Chinois doivent également s'en tenir aux lois forestières des pays exportateurs, le BDF met en garde les autorités allemandes à propos de cette amplification du commerce de bois avec la Chine qui cherche par tous les moyens à préserver son approvisionnement en bois, ce qui entraînera que des quantités de bois considérables extraites des forêts allemandes.
Le président du BDF, Bernhard Dierdorf, doute pour sa part que les Chinois se sentent liés à l'obligation du développement durable de la forêt allemande et au respect de sa contribution au bien-être générale de la population. Pour lui, la forêt est à la fois un bien économique, un lieu de travail et un paysage culturel en même temps. Par conséquent, le BDF demande au pouvoir politique allemand, aux administrations forestières et à la société d'agir contre cette vente à perte de la forêt allemande.
Carl Von Clausewitz, le grand théoricien prussien sur les principes de la guerre, avait tiré de ses analyses et observations le constat que jamais un pays ne s'était sacrifié pour un autre. La conclusion inverse est que personne n'est mieux adapté à défendre les intérêts que celui à qui ils appartiennent. La Chine est un pays surpeuplé et en manque de ressources ainsi que de matières premières mais avec une économie en hausse constante et avide de produits de base. Nous ne pouvons pas lui reprocher de vouloir sécuriser ses accès aux ressources naturelles car la défenses des intérêts propres est légitime, ce qui n'est pas toujours le cas des moyens mise en oeuvre. Mais en revanche, nous ne pouvons et nous ne devons pas nous attendre à ce que les Chinois gèrent le paysage européen dans notre intérêt, ni qu’ils nous garantissent l'accès à cette ressource à leur détriment.
Le besoin d'agir à un niveau national et européen
Il est fondamental de rappeler que la vision stratégique chinoise n'est pas la même que celle de l’Europe. La Chine planifie ses enjeux bien au-delà des mandats électoraux de nos gouvernements respectifs. Le passé et l'histoire de la Chine ne s'encombrent pas des culpabilités existentielles de l'Europe et de ce fait lui permet d'agir en ayant les mains libres au sein de sa population. Pourquoi acheter la forêt allemande? Bien entendu pour pallier au manque de ressources chinoise en matière de bois et en ayant connaissance du peu de caractère défensif des gouvernements européens qui se mettent à genoux devant le marché chinois. L’Histoire démontre que la déforestation anarchique a ruiné plus d’un pays et à désorganiser son paysage. La progression de la désertification dans certaines régions d’Espagne est le résultat de la politique appliquée lors de la conquête du Nouveau Monde pour répondre aux besoins des flottes maritimes de l’époque. Nos ancêtres connaissaient la valeur de la forêt autant dans sa dimension spirituelle que matérielle et en aucun cas un bradage de la forêt n'aurait été possible, la gestion se faisant a minima sur 120 ans. Nos bois et nos forêts sont un poumon pour l'Europe et sont aussi des sources de revenus, d'énergie, des lieux de biodiversité, ainsi que des lieux de loisirs et de tranquillité. Mais seulement avec une gestion prenant en compte les intérêts des populations locales ainsi que des intérêts primordiaux de la nature. Pour l’instant, les Chinois restent insensibles à de tels arguments et agissent en purs cyniques. L’attitude des gouvernements ne changera pas tant qu’il n’y aura pas une mobilisation des opinions publiques afin de contrer les actes irrationnels découlant de la mondialisation des échanges.
La forêt est devenue un facteur économique stratégique dans une économie globalisé. C’est la raison pour laquelle l’approche environnementale est insuffisante dès lors que l’on s’attache à prendre en compte l’importance des ressources naturelles d’un pays dans le cadre d’un développement équilibré couplé à une gestion pertinente de son paysage.
Bernd Bühler
« Affaires forestières - Des Chinois achètent des forêts entières en Allemagne ». C'est sous ce titre que le journal allemand Die WELT ouvre le débat le 12. Juin 2007.
Toute l'affaire avait commencé avec un reportage en page première du journal de Ahrensburg sur Matthias Manthey, un agent de change basé dans la même ville. Celui-ci propose ouvertement – même à travers une annonce de presse - d'acheter au niveau fédéral à des prix de pointe et de manière extrêmement discrète des superficies boisées à travers une filiale allemande, une société anonyme. Les affaires semble bien marcher, car il se vante qu'il peut à peine se sauver des demandes du royaume du milieu concernant des superficies boisées“
Cette nouvelle évolution est également constatée par le Bund Deutscher Forstleute (BDF), la fédération allemande des métiers de la forêt. Le BDF, qui existe depuis 1950 et fort de ses 8000 membres, a pour objectif de fournir de l'information professionnelle aux décideurs politiques. Il ne cache pas son inquiétude lors de sa déclaration de presse du 25-06-07: « Des Chinois achètent des forêts entières en Allemagne - La grande demande de bois rend l'achat économique - Le géant économique souriant s'assure en secret, calmement et doucement la matière première de bois convoitée ». Car malgré le fait que les Chinois doivent également s'en tenir aux lois forestières des pays exportateurs, le BDF met en garde les autorités allemandes à propos de cette amplification du commerce de bois avec la Chine qui cherche par tous les moyens à préserver son approvisionnement en bois, ce qui entraînera que des quantités de bois considérables extraites des forêts allemandes.
Le président du BDF, Bernhard Dierdorf, doute pour sa part que les Chinois se sentent liés à l'obligation du développement durable de la forêt allemande et au respect de sa contribution au bien-être générale de la population. Pour lui, la forêt est à la fois un bien économique, un lieu de travail et un paysage culturel en même temps. Par conséquent, le BDF demande au pouvoir politique allemand, aux administrations forestières et à la société d'agir contre cette vente à perte de la forêt allemande.
Carl Von Clausewitz, le grand théoricien prussien sur les principes de la guerre, avait tiré de ses analyses et observations le constat que jamais un pays ne s'était sacrifié pour un autre. La conclusion inverse est que personne n'est mieux adapté à défendre les intérêts que celui à qui ils appartiennent. La Chine est un pays surpeuplé et en manque de ressources ainsi que de matières premières mais avec une économie en hausse constante et avide de produits de base. Nous ne pouvons pas lui reprocher de vouloir sécuriser ses accès aux ressources naturelles car la défenses des intérêts propres est légitime, ce qui n'est pas toujours le cas des moyens mise en oeuvre. Mais en revanche, nous ne pouvons et nous ne devons pas nous attendre à ce que les Chinois gèrent le paysage européen dans notre intérêt, ni qu’ils nous garantissent l'accès à cette ressource à leur détriment.
Le besoin d'agir à un niveau national et européen
Il est fondamental de rappeler que la vision stratégique chinoise n'est pas la même que celle de l’Europe. La Chine planifie ses enjeux bien au-delà des mandats électoraux de nos gouvernements respectifs. Le passé et l'histoire de la Chine ne s'encombrent pas des culpabilités existentielles de l'Europe et de ce fait lui permet d'agir en ayant les mains libres au sein de sa population. Pourquoi acheter la forêt allemande? Bien entendu pour pallier au manque de ressources chinoise en matière de bois et en ayant connaissance du peu de caractère défensif des gouvernements européens qui se mettent à genoux devant le marché chinois. L’Histoire démontre que la déforestation anarchique a ruiné plus d’un pays et à désorganiser son paysage. La progression de la désertification dans certaines régions d’Espagne est le résultat de la politique appliquée lors de la conquête du Nouveau Monde pour répondre aux besoins des flottes maritimes de l’époque. Nos ancêtres connaissaient la valeur de la forêt autant dans sa dimension spirituelle que matérielle et en aucun cas un bradage de la forêt n'aurait été possible, la gestion se faisant a minima sur 120 ans. Nos bois et nos forêts sont un poumon pour l'Europe et sont aussi des sources de revenus, d'énergie, des lieux de biodiversité, ainsi que des lieux de loisirs et de tranquillité. Mais seulement avec une gestion prenant en compte les intérêts des populations locales ainsi que des intérêts primordiaux de la nature. Pour l’instant, les Chinois restent insensibles à de tels arguments et agissent en purs cyniques. L’attitude des gouvernements ne changera pas tant qu’il n’y aura pas une mobilisation des opinions publiques afin de contrer les actes irrationnels découlant de la mondialisation des échanges.
La forêt est devenue un facteur économique stratégique dans une économie globalisé. C’est la raison pour laquelle l’approche environnementale est insuffisante dès lors que l’on s’attache à prendre en compte l’importance des ressources naturelles d’un pays dans le cadre d’un développement équilibré couplé à une gestion pertinente de son paysage.
Bernd Bühler