Un des otages sud-coréens a été abattu le 25 juillet 2007 par ses ravisseurs talibans. Le corps criblé de balles de Bae Hyng-Kyu, pasteur sud-coréen, a été retrouvé près de la localité de Qarabagh, dans la province de Ghazni, à 140 km au sud de Kaboul. Cette information démontre une fois de plus la manière dont les groupes proches d’Al Qaida n’hésitent pas à mettre en scène des prises d’otages pour exercer un chantage à la mort et tenter d’obtenir ainsi des rançons auprès des pays occidentaux dont dépendent ces citoyens. Certains groupes tchétchènes ont été filmés en train de « s’amuser » avec des soldats russes (coups sur des soldats à terre, insultes, dégradation physique) avant de les décapiter au couteau. Ces pratiques barbares sont désormais une arme modulable à souhait, communément adoptée par des forces irrégulières ou terroristes à travers le monde. Le groupe narcoterroriste colombien, intitulé Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, se contente de détenir ses otages dans des conditions de survie précaires, en vue de négocier avec les autorités de Bogota. Le Hezbollah et le Hamas ont la même pratique à l’égard d’Israël. Des Etats comme la Lybie ont fait de même avec les infirmières bulgares pour se racheter une légitimité sur la scène internationale.Un point commun à tous ces groupes ou Etat : leur absence totale d’humanité. L’excuse qu’ils invoquent le plus souvent pour expliquer de tels actes est la situation de guerre dans laquelle ils se trouvent face à un ennemi qui est parfois aussi impitoyable qu’eux. Cette banalisation du recours à la barbarie et aux crimes contre l’humanité par « le faible contre le fort » est un phénomène récurrent des conflits asymétriques. En 1954, 98% des vietnamiens, considérés comme profrançais et détenus par le Vietminh, sont morts dans les camps de prisonniers créés sous la direction d’Ho Chi Minh et du général Giap. Ce taux de mortalité exceptionnel ne s’explique pas que pour des raisons médicales. Le Vietminh a volontairement exécuté la majorité des prisonniers d’origine indochinoise qui ne combattait pas dans son camp. A l’époque, ces crimes contre l’humanité n’ont eu aucun écho. Il en a été de même pour les crimes commis par le FLN au nom de la lutte de libération nationale. En ne débattant pas sur les crimes contre l’humanité commis dans un rapport du faible au fort, les démocraties occidentales ont ouvert une brèche particulièrement insidieuse dans leur système de défense. Cette omerta institutionnelle est d’autant plus contradictoire qu’elle va à contre courant de l’effort accompli pour canaliser l’expression de la puissance à la suite du bilan des expériences totalitaires du XXème siècle (régimes fascistes et nazis, URSS durant l’époque stalinienne). Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les démocraties essaient de réglementer les lois de la guerre. La torture tout comme les crimes contre l’humanité sont à l’origine de la création de cours pénales internationales dont la juridiction extraterritoriale est encore contestée par certains Etats comme les Etats-Unis.
En n’organisant pas de débat public et surtout institutionnel, aux Nations Unies par exemple, sur les crimes contre l’humanité commis par des mouvements révolutionnaires, des mouvements de libération nationale ou des groupes qui se revendiquent d’une cause religieuse, les démocraties sont en train de tomber dans le piège qui leur est tendu par leurs adversaires les plus coriaces. Elles s‘imposent des règles de conduite dont personne ne conteste dans le monde occidental la légitimité, sous la surveillance accrue de leurs médias et de leur opinion publique. Dans le même temps, une diversité de forces s’emploie à instrumentaliser le chantage au crime pour gagner de la visibilité médiatique, dans le but de jouer sur la peur qu’inspire l’acte de barbarie contre « des civils innocents » (membres d’ONG, ingénieurs ou travailleurs sur des chantiers, religieux, personnels locaux employés par des structures extérieures). Le résultat est spectaculaire : le crime contre l’humanité passe au second plan et l’attention se porte sur la conduite des Etats à l’égard de leurs citoyens otages. La libération des otages devient alors l’acte vertueux. Les preneurs d’otages sortent vainqueurs quel que soit le cas de figure. Si le gouvernement concerné par la prise d’otages ne cède pas au chantage des ravisseurs, il occupe le devant de la scène médiatique mondiale à la suite de la polémique inévitable engendrée par son refus de céder à la contrainte de nature terroriste. Rares sont les prises d’otages au cours desquelles les médias occidentaux ont majoritairement dénoncé le caractère barbare du chantage exercé par les ravisseurs comme ce fut le cas lors de l’enlèvement du dirigeant de la Démocratie Chrétienne italienne Aldo Moro en 1978. La plupart du temps, c’est le contraire qui se produit. Si le gouvernement accepte de négocier avec les ravisseurs, ceux-ci touchent souvent une rançon et leur image sort renforcée car ils ont imposé leur volonté à un Etat beaucoup plus puissant qu’eux.
Un des fronts principaux des conflits asymétriques est aujourd’hui la guerre de l’information. Le conflit libanais de l’été 2006 qui a opposé Tsahal au Hezbollah (http://www.ege.fr/download/liban2007.pdf) est une illustration de ce principe élémentaire de la guerre moderne de faible intensité. Il aurait dû servir d’élément déclencheur au sein des pouvoirs politiques qui gouvernent les démocraties. Il n’en a rien été. En Europe, seules les autorités britanniques ont fait un effort très sérieux dans le domaine. Aucune démocratie européenne n’a entamé de réflexion et entrepris de réforme équivalente sur le sujet. La mise en scène de meurtres pour les besoins de la guerre de l’information risque de devenir un enjeu tactique récurrent dans le déroulement des conflits asymétriques. L’impasse des démocraties sur un enjeu aussi symbolique est une faille importante dans leur dispositif de sécurité globale. Il est urgent de sortir de ce piège qui n’est pour l’instant qu’une menace extérieure mais qui pourrait bien à terme devenir une menace intérieure si on ne formalise une parade adéquate. La responsabilité en revient au pouvoir politique qui doit non seulement orienter l’appareil d’Etat mais aussi opérer en son sein les réformes organisationnelles qui s’imposent. Il semble en effet hautement souhaitable de ne plus revivre la situation d’un commandant français d’une force victime dans un pays d’Afrique d’une déstabilisation par l’information et qui demanda le soutien opérationnel d’une administration qui ne réagit pas. Celle-ci appliqua de facto la règle de la non prise de risque.
En n’organisant pas de débat public et surtout institutionnel, aux Nations Unies par exemple, sur les crimes contre l’humanité commis par des mouvements révolutionnaires, des mouvements de libération nationale ou des groupes qui se revendiquent d’une cause religieuse, les démocraties sont en train de tomber dans le piège qui leur est tendu par leurs adversaires les plus coriaces. Elles s‘imposent des règles de conduite dont personne ne conteste dans le monde occidental la légitimité, sous la surveillance accrue de leurs médias et de leur opinion publique. Dans le même temps, une diversité de forces s’emploie à instrumentaliser le chantage au crime pour gagner de la visibilité médiatique, dans le but de jouer sur la peur qu’inspire l’acte de barbarie contre « des civils innocents » (membres d’ONG, ingénieurs ou travailleurs sur des chantiers, religieux, personnels locaux employés par des structures extérieures). Le résultat est spectaculaire : le crime contre l’humanité passe au second plan et l’attention se porte sur la conduite des Etats à l’égard de leurs citoyens otages. La libération des otages devient alors l’acte vertueux. Les preneurs d’otages sortent vainqueurs quel que soit le cas de figure. Si le gouvernement concerné par la prise d’otages ne cède pas au chantage des ravisseurs, il occupe le devant de la scène médiatique mondiale à la suite de la polémique inévitable engendrée par son refus de céder à la contrainte de nature terroriste. Rares sont les prises d’otages au cours desquelles les médias occidentaux ont majoritairement dénoncé le caractère barbare du chantage exercé par les ravisseurs comme ce fut le cas lors de l’enlèvement du dirigeant de la Démocratie Chrétienne italienne Aldo Moro en 1978. La plupart du temps, c’est le contraire qui se produit. Si le gouvernement accepte de négocier avec les ravisseurs, ceux-ci touchent souvent une rançon et leur image sort renforcée car ils ont imposé leur volonté à un Etat beaucoup plus puissant qu’eux.
Un des fronts principaux des conflits asymétriques est aujourd’hui la guerre de l’information. Le conflit libanais de l’été 2006 qui a opposé Tsahal au Hezbollah (http://www.ege.fr/download/liban2007.pdf) est une illustration de ce principe élémentaire de la guerre moderne de faible intensité. Il aurait dû servir d’élément déclencheur au sein des pouvoirs politiques qui gouvernent les démocraties. Il n’en a rien été. En Europe, seules les autorités britanniques ont fait un effort très sérieux dans le domaine. Aucune démocratie européenne n’a entamé de réflexion et entrepris de réforme équivalente sur le sujet. La mise en scène de meurtres pour les besoins de la guerre de l’information risque de devenir un enjeu tactique récurrent dans le déroulement des conflits asymétriques. L’impasse des démocraties sur un enjeu aussi symbolique est une faille importante dans leur dispositif de sécurité globale. Il est urgent de sortir de ce piège qui n’est pour l’instant qu’une menace extérieure mais qui pourrait bien à terme devenir une menace intérieure si on ne formalise une parade adéquate. La responsabilité en revient au pouvoir politique qui doit non seulement orienter l’appareil d’Etat mais aussi opérer en son sein les réformes organisationnelles qui s’imposent. Il semble en effet hautement souhaitable de ne plus revivre la situation d’un commandant français d’une force victime dans un pays d’Afrique d’une déstabilisation par l’information et qui demanda le soutien opérationnel d’une administration qui ne réagit pas. Celle-ci appliqua de facto la règle de la non prise de risque.