Le site Infoguerre poursuit son écoute attentive des émissions consacrées à la décolonisation par l’émission Esprit public diffusée le dimanche à 11h sur France Culture. Dans l’émission du 12 août, l’invitée était Seloua Luste Boulbina, professeur de philosophie à Sciences Po et au Collège international de philosophie et auteur d’un ouvrage sur Alexis de Tocqueville (De la démocratie en Amérique : Tome 1, Introduction, chapitres 6 et 7 de la deuxième partie, Poche Folio Plus Philosophie, mars 2007).
Philippe Meyer, l’animateur de l’émission, introduit ainsi le thème de l’émission :
« L’auteur de La démocratie en Amérique, a signé deux rapports sur l’Algérie en 1841 et 1847 qui font de lui, selon vos propres termes, le premier expert de l’Algérie coloniale. Tocqueville est un partisan de l’abolition de l’esclavage, mais, paradoxalement, il semble indifférent au sort des populations indigènes et favorable à l’expropriation. Car ce « coloniste » avocat du régime démocratique, est avant tout le défenseur de l’intérêt de l’Etat, et est partisan de la domination en Algérie. L’abolition de l’esclavage qu’il prône, doit être subordonnée, écrivez-vous, « à des intérêts politiques et économiques » au motif que la colonisation reflète à cette époque la grandeur d’une Nation. (…) Pourtant le postcolonialisme n’est-il pas le vecteur de nouvelles luttes ? N’y a-t-il pas une tendance, chez les descendants des peuples colonisés à essayer de détourner la violence autrefois employée contre les leurs, contre les descendants des oppresseurs ? Faut-il en accepter cette violence pour espérer, a posteriori, une « montée en humanité » capable d’effacer le ressentiment des uns envers les autres ? »
Lors du débat qui s’amorça avec Max Gallo, Seloua Luste Boulbina ne sut donner aucune réponse à une alternative possible aux rapports historiques entre dominants et dominés dans l’histoire postcoloniale. Elle préfère se réfugier dans la posture de l’intellectuel qui se construit sa pensée dans la critique des systèmes qu’il étudie. En affirmant haut et fort que les blessures causées par le colonialisme sont inguérissables, Seloua Luste Boulbina a quelque peu écorché l’image de sa légitimité d’intellectuelle critique en minant durablement les fondements mêmes du débat sur la réalité coloniale. L’habileté tactique de sa rhétorique par sa référence à un auteur juif américain a perdu de sa force lorsqu’elle s’est révélée incapable d’émettre le moindre avis sur le colonialisme de la Chine ou du Japon. L’argument comme quoi ces pays n’étaient pas sa spécialité ressemblait à cette langue de bois des auteurs marxistes du siècle dernier qui se montraient incapables d’expliquer le mode de production asiatique. Seloua Luste Boulbina a préféré esquiver la réplique de Max Gallo qui mettait en avant les bienfaits de l’imitation des bons côtés du colonialisme par le régime algérien après son indépendance, plutôt que d’encourager les pratiques criminelles des mouvements qui se réclament de l’islamisme radical. Il ne suffit pas d’être descendante d’un immigré algérien pour revendiquer une parole juste sur l’Histoire.
Philippe Meyer, l’animateur de l’émission, introduit ainsi le thème de l’émission :
« L’auteur de La démocratie en Amérique, a signé deux rapports sur l’Algérie en 1841 et 1847 qui font de lui, selon vos propres termes, le premier expert de l’Algérie coloniale. Tocqueville est un partisan de l’abolition de l’esclavage, mais, paradoxalement, il semble indifférent au sort des populations indigènes et favorable à l’expropriation. Car ce « coloniste » avocat du régime démocratique, est avant tout le défenseur de l’intérêt de l’Etat, et est partisan de la domination en Algérie. L’abolition de l’esclavage qu’il prône, doit être subordonnée, écrivez-vous, « à des intérêts politiques et économiques » au motif que la colonisation reflète à cette époque la grandeur d’une Nation. (…) Pourtant le postcolonialisme n’est-il pas le vecteur de nouvelles luttes ? N’y a-t-il pas une tendance, chez les descendants des peuples colonisés à essayer de détourner la violence autrefois employée contre les leurs, contre les descendants des oppresseurs ? Faut-il en accepter cette violence pour espérer, a posteriori, une « montée en humanité » capable d’effacer le ressentiment des uns envers les autres ? »
Lors du débat qui s’amorça avec Max Gallo, Seloua Luste Boulbina ne sut donner aucune réponse à une alternative possible aux rapports historiques entre dominants et dominés dans l’histoire postcoloniale. Elle préfère se réfugier dans la posture de l’intellectuel qui se construit sa pensée dans la critique des systèmes qu’il étudie. En affirmant haut et fort que les blessures causées par le colonialisme sont inguérissables, Seloua Luste Boulbina a quelque peu écorché l’image de sa légitimité d’intellectuelle critique en minant durablement les fondements mêmes du débat sur la réalité coloniale. L’habileté tactique de sa rhétorique par sa référence à un auteur juif américain a perdu de sa force lorsqu’elle s’est révélée incapable d’émettre le moindre avis sur le colonialisme de la Chine ou du Japon. L’argument comme quoi ces pays n’étaient pas sa spécialité ressemblait à cette langue de bois des auteurs marxistes du siècle dernier qui se montraient incapables d’expliquer le mode de production asiatique. Seloua Luste Boulbina a préféré esquiver la réplique de Max Gallo qui mettait en avant les bienfaits de l’imitation des bons côtés du colonialisme par le régime algérien après son indépendance, plutôt que d’encourager les pratiques criminelles des mouvements qui se réclament de l’islamisme radical. Il ne suffit pas d’être descendante d’un immigré algérien pour revendiquer une parole juste sur l’Histoire.