Méfiances géoéconomiques entre pays européens

La construction de l’Union européenne ne gomme pas les contradictions économiques entre les Etats membres. Un rapport récent du CNI, l’équivalent de la DGSE en Espagne, met en garde le gouvernement de Madrid sur les risques encourus en cas de perte de contrôle de l’actionnariat dans la compagnie satellitaire hispanique Hispasat. Les Français sont les premiers visés dans ce dossier.

La société européenne Eutelsat cherche à prendre une participation importante dans Hispasat. Cette démarche déplaît au CNI qui souligne dans son rapport la prédominance française dans le pilotage stratégique d’Eutelsat. Les services secrets espagnols estiment que cela donnerait à la France un moyen d’avoir accès au contenu de certains messages. Une telle « transparence » des communications satellitaires pourrait porter atteinte aux intérêts de certaines entreprises espagnoles.
Le site marocain http://www.aujourdhui.ma/actualite-details55795.html a rendu compte en ces termes de cette affaire le 18 juillet 2007 :
« Aussi, pour éviter de courir le risque de perdre le contrôle d’un secteur aussi stratégique que les télécommunications, le CNI invite l’Etat espagnol à intervenir pour éviter que l’opérateur français puisse mettre la main sur Hispasat. Et pour protéger les intérêts espagnols, les services secrets proposent au gouvernement de blinder toute éventuelle opération de cession d’une partie du capital de l’opérateur de satellites à travers des conditions déterminées et adoptées en Conseil de gouvernement. Il serait question, entre autres, de maintenir la gestion du secteur des télécommunications officielles sous le contrôle de l’Etat. »
Ces débats sur les risques encourus par les prises de participation étrangère dans le capital des sociétés de télécommunication satellitaire ne sont pas nouveaux. Dans son rapport publié en 2004 sur la stratégie économique nationale (rapport 1664 de la commission des finances, de l’économie générale et du Plan à l’Assemblée Nationale), le député français Bernard Carayon résumait le problème dans les termes suivants : « Les cas de Saft, Eutelsat ou Gemplus, qui ont fait l'objet de tentatives ou de prises de contrôle par des fonds d'investissement américains, illustrent la vulnérabilité du capital des entreprises stratégiques françaises et européennes. »