La défense économique à l'allemande

La récente rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel est la preuve évidente que la marge de manœuvre française est très réduite vis-à-vis de l’Allemagne. La France disposait encore d’une avance certaine dans deux secteurs-clés : le nucléaire et l’industrie aéronautique. Les Allemands cherchent aujourd’hui à récupérer la maîtrise industrielle dans l’aéronautique qu’ils avaient perdue aux lendemains de la seconde guerre mondiale.



Comme le rappelait le représentant du syndicat Force Ouvrière sur France Inter lundi 16 juillet à 8h20, la France a fait rentrer l’Allemagne dans le jeu en lui permettant de participer au programme Airbus puis en lui donnant accès à EADS.
Dans le même temps, le quotidien Le Monde expliquait dans son édition du 6 juillet que la chancellerie allemande avait décidé de prendre une série de mesures pour mieux défendre ses intérêts industriels. L’Allemagne craint particulièrement les manœuvres des fonds d’investissement étrangers et les politiques de dumping des nouveaux entrants comme la Chine. Ce durcissement s’explique par l’agressivité des compétiteurs étrangers et par les actions souterraines des puissances qui cherchent à pénétrer son économie pour en tirer le maximum de profits financiers. Le lobbying allemand est aussi en train de se restructurer au niveau européen pour amener l’Union européenne à une approche plus lucide de la défense de ses intérêts vitaux.

Berlin veut mieux protéger ses secteurs industriels clefs
Pour mieux comprendre ce changement à 180 degrés de la politique industrielle allemande, il ne faut pas perdre de vue que près de la moitié des grands groupes de la première puissance économique de l'Union européenne ne sont pas à l'abri d'OPA hostiles. « Sur les trente entreprises cotées au Dax de la Bourse de Francfort, entre dix et quinze sont à la merci d'un assaut boursier d'un «hedge-fund» ou d'un opérateur étranger », observe un analyste financier. Une situation qui explique d'ailleurs largement la volonté affichée par l'Allemagne, dans le cadre du G7 Finances, de mieux contrôler ces fonds spéculatifs qui gèreraient à l'heure actuelle quelque 1.600 milliards de dollars.
Extrait de l’article du Monde (06/07/2007)