Le résultat de l’élection présidentielle ouvre la voie aux réformes tant attendues dans le domaine très réservé de la sécurité nationale. Trois centres de décision ont de multiples raisons de s’y opposer, notamment la principale qui est tout simplement la conservation de leur pouvoir : les baronnies administratives, les milieux issus des grandes écoles et les réseaux issus de la société civile. Dans un tel contexte, la question qui reste à trancher est la dimension opérationnelle des réformes qui vont être mises en chantier dans les mois à venir. Si l’on en croit les médias, le nouveau Président de la République se heurte déjà aux premières résistances du système en place sur des dossiers secondaires, à commencer par la localisation de son lieu de travail à l’Elysée. Les tenants du protocole lui auraient fait comprendre qu’il était impossible de disposer d’un bureau au rez-de-chaussée. Infime détail certes mais qui en dit long sur l’influence de forces qui sont connus pour leur archaïsme. Idem pour sa réforme du Groupement de Sécurité de la Présidence de la République que certains conseillers de Nicolas Sarkozy auraient souhaité faire revenir dans le giron policier comme c’était le cas avant 1981 et qui devrait conserver malgré tout sa composition actuelle, c’est-à-dire un GSPR réunissant à la fois des gendarmes et des policiers (le savoir-faire des gendarmes au sein du GSPR a toute son utilité car leur mode de sélection et leur formation à un haut niveau de professionnalisme dans la protection rapprochée).Si ces résistances plus ou moins fondées sont à priori secondaires, il n’en est pas de même pour les réformes structurelles. La création d’un Conseil National de Sécurité est un test, grandeur réelle, sur la capacité de Nicolas Sarkozy à refondre efficacement l’appareil d’Etat. Personne ne doute des capacités de Jean-David Levitte à manager un tel Conseil national de sécurité. Rappelons à ce propos qu’il a été le premier diplomate à signer au début des années 1990 un document du quai d’Orsay sur le système d’intelligence économique au Japon. Les interrogations portent plutôt sur la cohérence et la modernité du système qui sera sous sa responsabilité.
La petite cellule envisagée pour l’aider à superviser les structures existantes devra faire preuve d’une grande détermination pour faire évoluer les habitudes prises depuis des décennies. Celles-ci risquent de perdurer dans le mauvais sens étant donné le talent d’inertie des bureaucraties administratives. La France a besoin d’une réforme fondamentale de son système de pilotage de sécurité nationale, inscrite dans le temps et non susceptible d’être remise en cause par une alternance politique. Cela signifie une refonte d’entités administratives dans le domaine du renseignement d’Etat et dans la mise en œuvre des stratégies d’influence nécessaires à la sécurité et au développement de notre pays dans un contexte compétitif de plus en plus conflictuel. Les structures doublons, les archaïsmes en tout genre dans la mise à niveau des fonctionnaires dans les technologies de l’information, le retard dans l’élaboration des bases de connaissance, les déficiences de doctrine notamment dans le domaine de la guerre de l’information sont autant de défis qu’une équipe performante de conseillers aura le plus grand mal à relever sans réforme infrastructurelle. La volonté de faire muter positivement le système doit aussi s’inscrire dans le temps. L’autre risque posé par une équipe restreinte qui se contente de superviser l’existant est la remise en cause de son bilan par l’équipe présidentielle de l’autre camp qui peut lui succéder un jour. Or pour l’instant, la pensée du parti socialiste n’a guère évolué sur ces questions qui sont encore considérées au mieux comme l’affaire d’un groupe de spécialistes, au pire comme les éternelles barbouzeries de la France gaulliste.
La fusion annoncée de la Direction de la Sécurité du Territoire et de la Direction Centrale des Renseignements Généraux est un second test qui a une dimension nationale mais aussi à terme s’inscrit dans les réflexions que mène l’Union européenne sur l’organisation de sa sécurité intérieure. Il existait jusqu’à présent deux doctrines : celle qui est appliquée en France où la DST a des prérogatives de renseignement et de police judicaire et celle qui est appliquée dans des pays comme la Grande Bretagne ou l’Allemagne où une distinction très forte est faite entre l’activité de renseignement et l’activité judiciaire. Les discussions menées au niveau de l’Union européenne laissent pour l’instant entrevoir une tendance à opter pour le second mode de fonctionnement. La décision qui va être prise sur ce sujet sensible n’est pas anodine et nous donnera une indication précieuse sur la conception adoptée par le Président de la République en matière de pilotage stratégique du renseignement d’Etat.
La petite cellule envisagée pour l’aider à superviser les structures existantes devra faire preuve d’une grande détermination pour faire évoluer les habitudes prises depuis des décennies. Celles-ci risquent de perdurer dans le mauvais sens étant donné le talent d’inertie des bureaucraties administratives. La France a besoin d’une réforme fondamentale de son système de pilotage de sécurité nationale, inscrite dans le temps et non susceptible d’être remise en cause par une alternance politique. Cela signifie une refonte d’entités administratives dans le domaine du renseignement d’Etat et dans la mise en œuvre des stratégies d’influence nécessaires à la sécurité et au développement de notre pays dans un contexte compétitif de plus en plus conflictuel. Les structures doublons, les archaïsmes en tout genre dans la mise à niveau des fonctionnaires dans les technologies de l’information, le retard dans l’élaboration des bases de connaissance, les déficiences de doctrine notamment dans le domaine de la guerre de l’information sont autant de défis qu’une équipe performante de conseillers aura le plus grand mal à relever sans réforme infrastructurelle. La volonté de faire muter positivement le système doit aussi s’inscrire dans le temps. L’autre risque posé par une équipe restreinte qui se contente de superviser l’existant est la remise en cause de son bilan par l’équipe présidentielle de l’autre camp qui peut lui succéder un jour. Or pour l’instant, la pensée du parti socialiste n’a guère évolué sur ces questions qui sont encore considérées au mieux comme l’affaire d’un groupe de spécialistes, au pire comme les éternelles barbouzeries de la France gaulliste.
La fusion annoncée de la Direction de la Sécurité du Territoire et de la Direction Centrale des Renseignements Généraux est un second test qui a une dimension nationale mais aussi à terme s’inscrit dans les réflexions que mène l’Union européenne sur l’organisation de sa sécurité intérieure. Il existait jusqu’à présent deux doctrines : celle qui est appliquée en France où la DST a des prérogatives de renseignement et de police judicaire et celle qui est appliquée dans des pays comme la Grande Bretagne ou l’Allemagne où une distinction très forte est faite entre l’activité de renseignement et l’activité judiciaire. Les discussions menées au niveau de l’Union européenne laissent pour l’instant entrevoir une tendance à opter pour le second mode de fonctionnement. La décision qui va être prise sur ce sujet sensible n’est pas anodine et nous donnera une indication précieuse sur la conception adoptée par le Président de la République en matière de pilotage stratégique du renseignement d’Etat.