Le piège humanitaire des démocraties occidentales

Oxfam vient de publier un rapport[1] engageant le Royaume-Uni à poursuivre une politique active dans le domaine de la résolution de crises humanitaires. Si l’intervention en Irak est critiquée par l’organisation non gouvernementale (ONG), en revanche, les opérations au Kosovo et au Sierra Leone sont perçues comme positives. Un sondage réalisé par Oxfam montre que globalement le grand public continue de soutenir majoritairement l’envoi de troupes britanniques à l’étranger afin d’arrêter d’éventuels crimes de guerre.Dans une certaine mesure, le rapport de l’ONG rappelle à Londres et aux autres capitales européennes leurs responsabilités en matière de sécurité internationale alors que dans le même temps un désintérêt progressif des démocraties occidentales à l’égard des « misères étrangères », particulièrement africaines (ex. : Darfour), se fait sentir.

Sur ce même sujet, rien qu’en France, malgré l’envoi de troupes sous mandat de l’ONU, la majeure partie du grand public n’a toujours pas pris de position claire afin de défendre les intérêts des français – donc de la France – en Côte d’Ivoire. Ces expatriés sont pourtant des compatriotes. Les brimades qu’ils ont connues sont elles moins intéressantes que la mort d’un coupeur de routes ? Leur fera t-on justice en Côte d’Ivoire à ces français ?

Sous entendu dans le rapport d’Oxfam, l’intérêt des démocraties occidentales pour des problématiques « stricto-nationales » peut témoigner des crises qu’elles connaissent (crises économiques, culturelles, religieuses, identitaires, etc.). Ce repli peut aussi témoigner de la baisse générale de la combativité des peuples des démocraties occidentales comme paralysées par des valeurs inadaptées à notre temps. Or, l’époque contemporaine, traversée par de grands désordres, se caractérise justement par un besoin d’action.

L’attaque récente d’un navire de patrouille espagnole par des migrants africains tentant de rejoindre l’Espagne en témoigne[2]. Que faire quand les assaillants sont également ceux que l’on est amené à protéger ? Faut-il se laisser faire ? Que faire quand les assaillants peuvent ajouter aux crises des démocraties occidentales ? Faut-il les laisser venir ? Clairement, on touche ici à la limite entre les droits de l’homme et le droit des Etats dont la première responsabilité est d’assurer la sécurité de ses habitants. On touche ici à la limite entre l’immobilité des démocraties occidentales et l’absolue nécessité que leurs peuples se ressaisissent.

[1] http://www.oxfam.org.uk/what_we_do/issues/conflict_disasters/downloads/ogbbp_ethicalfp.pdf
[2] http://seattletimes.nwsource.com/html/nationworld/2003663215_immig12.html