L'arrivée prochaine des baby-boomers à l'âge de la retraite (65 ans) annonce une bataille sans merci au sein des grands laboratoires pharmaceutiques. Le marché prend une ampleur considérable. Très nombreux sont les cas de surpoids parmi ces bientôt retraités des deux sexes, ce qui représente donc une grande menace de diabète pléthorique de type II avec son habituel cortège d'accidents cardio-vasculaires ou cérébraux, souvent très invalidants, parfois mortels.
La désinformation frappe impitoyablement, tant il y a de milliards de dollars en jeu. Glaxo-Smith-Kline paraît une cible privilégiée avec l'Avandia directement en concurrence d'un produit de Merck beaucoup moins actif. Alors à Cleveland, le bon Dr Nissen qui avait attiré l'attention sur le produit phare de Merck, le Vioxx (un anti-inflammatoire abondamment consommé par les rhumatisants du troisième âge), et ses risques cardiaques, s'est livré à une méta-analyse des suivis thérapeutiques des patients sous Avendia fournis par GSK à la Food and Drug Administration depuis plus de sept ans. Il semble avoir agi ainsi pour racheter son récent torpillage du laboratoire américain le plus cher au coeur des investisseurs de Wall Street, Comme il a trouvé un risque accru d'accidents cardiaques ou cérébraux chez ces malades naturellement menacés, en raison de la gravité de leur diabète, par ce genre d'avatars, il s'est empressé de crier au loup dans le New England journal of Medicine.
Et du coup, le Washington Post, le New York Times, en moindre partie le Wall Street Journal se sont engouffrés dans la brèche. Mais néanmoins certains sénateurs ont soulevé l'éventualité d'une seconde affaire Vioxx. Or il n'existe aucune analogie entre les deux affaires. Le Vioxx était prescrit à des patients qui souffraient d'arthrose, malheureusement ce médicament avait une toxicité cardiaque indéniable, tandis que l'Avandia est prescrit à des patients qui ont un diabète de type II qui répond mal aux autres drogues orales concurrentes, parce que leur diabète appartient à une forme grave donc naturellement exposée aux complications cardiaques et cérébrales de la maladie.
Dans le contexte de la mondialisation, les Etats-Unis mettront tout en oeuvre pour assurer à leur industrie pharmaceutique la part essentielle du marché et n'hésiteront pas à user de moyens de pression considérables sur l'opinion publique, pour affaiblir délibérément la concurrence européenne. Lorsque les brokers de Wall Street se transforment en pharmacologistes, cela ressemble à une barrière douanière autrement plus efficace que celles destinées à lutter contre l'immigration clandestine que Washington D.C. s'apprête à ériger le long de la frontière mexicaine.
JCH