Les médias chinois parlent aux français… en français !

Fin décembre 2006, le Bureau d’information du Conseil des Affaires d’Etat chinois a publié un livre blanc traitant de la posture chinoise en matière de défense . Depuis 1998, il s’agit de la cinquième publication du genre. Pour les autorités chinoises, il s’agit vraisemblablement d’un exercice de communication destiné à ne pas laisser inoccupé le terrain de l’information. Jusqu’ici, celui-ci est toujours très bien tenu par les Etats-Unis et les nations occidentales, sans oublier le rayonnement croissant de la chaîne Al-Jazeera pour les populations de langue arabe.

Toutefois, la progression de la mainmise chinoise sur certains vecteurs d’information, notamment Internet, tend à confirmer l’hypothèse de la mise en place d’une véritable stratégie « d’ouverture contrôlée » au plus haut niveau. Ce qui tend à dire que la Chine serait bel et bien engagée sur les sentiers de la guerre de l’information.

Le site Beijing Information (BJR) paraît clairement contribuer à la diffusion de messages chinois. A l’instar de sites chinois, tels Xinhuanet et Le Quotidien du Peuple , BJR propose à ses lecteurs des pages nourries en langues étrangères – ni plus ni moins que l’anglais, l’espagnol, l’allemand, le japonais et le français pour BJR, soit de quoi attendre la majeure partie de la population du globe

Récemment, un article paru sur BJR, intitulé « Décryptage du livre blanc sur la défense nationale de la Chine en 2006 » , proposait une interprétation du dernier livre blanc chinois par un certain Chen Zou, de la Section de recherche sur les théories et les stratégies militaires de l’Académie des sciences militaires chinoise.

En somme, l’article de Beijing Information, un site chinois, analysait pour des lecteurs dont un nombre important est probablement étranger l’évolution de la stratégie chinoise en matière de défense. Une avancée certaine en matière de transparence depuis les années de plomb du communisme chinois !

Le choix de « communication verrouillée » des autorités chinoises pourrait bien s’avérer payant. Ainsi, pour ne prendre que la France, certains journalistes semblent s’être contentés de reprendre les publications chinoises en langue française (et parfois anglaise) traitant du livre blanc afin d’en faire de pâles articles.
Et, parions qu’il ne s’agit pas, cette fois, d’une exception française. Une recherche rapide sur le célèbre moteur de recherche google montre que certaines plumes et voix des médias anglo-saxons n’ont guère fait mieux.

Donc, certaines similitudes peuvent être observées entre les productions de grands médias français, qu’il s’agisse de la presse écrite ou de la radio, en France et dans les pays de langue anglaise. Ceux-là reprennent en cœur les poncifs chinois suivants : « la Chine doit être dotée d’une armée moderne pour faire face aux défis qu’elle doit affronter ».

A-t-on déjà vu le gouvernement d’un pays souhaiter pour ses forces armées qu’elles soient dotées d’équipements obsolètes afin de ne pas être en mesure de réaliser efficacement les missions qui leur seront attribuées ?

Plus sérieusement, le traitement de l’actualité par nos reporters-analystes, tout comme le développement de l’influence chinoise dans le monde de l’information, pose clairement la question de la qualité de la gestion des ressources humaines (recrutement, formation continu, etc.) au sein de nos médias.

Une solution urgente doit être trouvée afin que la population française puisse bénéficier d’un éclairage pertinent sur le monde qui l’entoure. A moins que, las des « copier-coller informationnel », les auditeurs et les lecteurs français n’aillent voir directement eux-mêmes à la source qui a (en plus) déjà le mérite d’être en français…

CT

Sources
http://english.chinamil.com.cn/site2/special-reports/2007gfbps/index.htm.
http://www.french.xinhuanet.com/french/06/index.htm.
http://french.peopledaily.com.cn/french/home.html.
http://fawen2006/2007-05/200705-sh1.htm.