La campagne présidentielle française commence à prendre de l’ampleur en France, et les candidats sont désormais très présent sur les écrans de télévision. Chaque candidat lorsqu’il doit intervenir dans les medias prépare un certain nombre d’arguments et d’exemple qui construise son discours, il est inévitablement amené à les répéter dans chacune de ces interventions puisque cela constitue son « message ».
Olivier Besancenot qui fait campagne sur une ligne très à gauche et proche des mouvements alter mondialistes n’échappe pas à cette règle. Mais un élément de son message est une attaque assez brutale sur le groupe français AREVA et sa politique au Niger, cette attaque a eu lieu au moins à deux reprises à télévision (dimanche 11 dans France Europe express, France 3 ; lundi 12 dans j’ai une question à vous poser TF1), elle est également présente dans le journal de la LCR.
« Je me souviens notamment d’une discussion avec un militant du Niger. Il m’a décrit minutieusement le monopole exercé par Areva, société française, sur l’extraction de l’uranium. Ce qui prouve, au passage, que les grands discours sur le thème : « Le nucléaire, c’est l’indépendance énergétique » sont du grand pipeau, puisque la France dépend donc du Niger, par exemple pour obtenir la fabrication du nucléaire civil comme militaire. Sauf à penser que l’uranium du Niger, c’est à la France. C’est très exactement ce que pense Areva. Les dégâts sur l’environnement sont catastrophiques sans parler de la santé de population locale irradiée. Les maladies professionnelles ne sont là-bas pas reconnues et les hôpitaux à proximité des sites d’extraction sont administrés sous l’influence de la société nucléaire française. Comme ça la boucle est bouclée. » (cf. Rouge du 24 janvier 2007)
Ces quelques lignes contiennent de multiples griefs contre le groupe nucléaire français, les arguments d’ordre général contre la filière nucléaire, qui font partie d’un débat en cours qui a son mérite, mais on trouve des arguments plus spécifiques au cas du Niger : Dégâts sur l’environnement, population irradiée. Areva a déjà fait l’objet d’attaques sur ce dossier en 2005 notamment de la part de la CRII-Rad, relayé par l’émission 90 minutes de Canal + du 25 avril 2005. Areva accusé d’appliquer des standards sanitaires insuffisants parce qu’elle opérait dans un pays en développement a réagi faisant certifier iso 14 001 ses installations nigériennes, soit la norme la plus contraignantes appliqué à l’environnement.
Cependant l’attaque la plus grave, est la dernière, Olivier Besancenot accuse les professionnels de santé nigériens d’être sous l’influence d’Areva. Que la compagnie contribue au financement des infrastructures de santé de la région, ne devrait pas être utilisé contre elle. Ces insinuations sont graves et portent atteintes à la fiabilité professionnelle des médecins travaillant dans les hôpitaux incriminés. L’éthique médicale n’est pas inexistante dans les pays du sud, surtout pour une firme multinationale qui se sait de plus en plus observée par les acteurs locaux.
Mais Areva doit soutenir le fau d’autres critiques comme celle de Mamane Sani Adamou au forum de Nairobi. Le grief mis en avant est la répartition des richesses produites par l’exploitation de l’uranium nigérien entre Areva et le pays d’où est extrait le minerai.
« Quelque 2.500 milliards de FCFA ont été encaissés par Areva au titre de la vente d'uranium produit par les mines nigériennes. Sur ce montant, le Niger n'a eu que des miettes", a-t-il déclaré. "Pour un kilogramme d'uranium vendu à 100 euros, mon pays n'a droit qu'à 30 euros", a affirmé M. Adamou qui participe à Nairobi au septième Forum social mondial consacré "au pillage des ressources minières en Afrique". Représentant l'ONG nigérienne Alternatives Espaces citoyens, il a regretté la perte de la souveraineté de son pays sur son uranium. "L'uranium est produit dans les mines du Niger, mais c'est Areva qui choisit exclusivement les acheteurs. Le groupe français, qui achète au Niger l'uranium à un prix fixe, peut le revendre au cours du marché mondial sans ajuster la part qui revient à la partie nigérienne", a-t-il déploré. "Nous sommes à l'évidence dans un type de rapport néocoloniale", a ajouté M. Adamou, dénonçant la "connivence" des dirigeants politiques nigériens avec les intérêts français. "Tous savent que le Niger est lésé dans la répartition des revenus de l'uranium, mais personne ne peut lever petit doigt pour interpeller Areva", a- t-il affirmé. » (cf. Jeunesafriques.com 25 janvier 2007)
Ces attaques sur la santé et la répartition des richesses ne doivent pas rester sans réponse. Si les propos d’Olivier Besancenot sont contestables dans les faits et par l’argumentation scientifique, la problématique de la répartition des bénéfices de l’uranium extrait du sous sol africain fait partie des nouveaux débats sur le rôle des puissances occidentales et asiatiques opérant en Afrique. Les Chinois déploient dans cette région du monde une action concertée entre leurs opérateurs publics et « privés ». Cette approche concertée les rend plus cohérent et assez imperméable pour l’instant à la critique des ONG ou des mouvements alter mondialistes. En créant une dynamique globale entre leur approche diplomatique du continent africain et l’action de leurs entreprises sur zone, les Chinois sont plus efficaces que les entités économiques occidentales qui opèrent en ordre dispersé sans être corrélées automatiquement à une stratégie de puissance guidée par le pouvoir politique de leur pays d’origine. La France est devenu un cas d’école dans ce domaine. Combien de fois la question « Que dit Paris ? » a été posée par des expatriés qui étaient confrontés à ce problème. Et combien de fois la réponse est tombée de manière laconique « Paris ne dit rien ! ». La faiblesse d’Areva est d’opérer de plus en plus comme une firme multinationale classique sans réelle vision stratégique de long terme avec le pouvoir politique français. Que ce soit dans le domaine nucléaire ou du pétrole, une approche fondée sur les seuls critères de rentabilité d’une firme multinationale est suicidaire en termes de gestion des intérêts d’un pays comme la France. Il ne s’agit pas de réhabiliter la « Francafrique » mais simplement d’avoir une pensée stratégique en adéquation avec nos besoins vitaux. N’oublions pas que dans les deux cas de figure du pétrole et du nucléaire, l’Etat et donc le contribuable français ont joué pendant près d’un demi siècle un rôle prépondérant pour assurer le développement de ces deux secteurs énergétiques. Dans le nucléaire, Areva est née de la fusion d’entreprises publiques. Quant au pétrole, la dynamique privée dont se targuent les défenseurs de la culture d’entreprise de Total n’avait pas réussi à s’imposer devant les 7 grandes compagnies anglo-saxonnes qui contrôlaient le marché mondial à la fin des années 50. Il a fallu la création d’Elf Aquitaine dans le cadre de la politique énergétique défendue par le général de Gaulle pour que la France ait enfin une véritable politique pétrolière digne de ce nom et réduise la dépendance énergétique de la France à l’égard des compagnies anglo-saxonnes.
Olivier Besancenot qui fait campagne sur une ligne très à gauche et proche des mouvements alter mondialistes n’échappe pas à cette règle. Mais un élément de son message est une attaque assez brutale sur le groupe français AREVA et sa politique au Niger, cette attaque a eu lieu au moins à deux reprises à télévision (dimanche 11 dans France Europe express, France 3 ; lundi 12 dans j’ai une question à vous poser TF1), elle est également présente dans le journal de la LCR.
« Je me souviens notamment d’une discussion avec un militant du Niger. Il m’a décrit minutieusement le monopole exercé par Areva, société française, sur l’extraction de l’uranium. Ce qui prouve, au passage, que les grands discours sur le thème : « Le nucléaire, c’est l’indépendance énergétique » sont du grand pipeau, puisque la France dépend donc du Niger, par exemple pour obtenir la fabrication du nucléaire civil comme militaire. Sauf à penser que l’uranium du Niger, c’est à la France. C’est très exactement ce que pense Areva. Les dégâts sur l’environnement sont catastrophiques sans parler de la santé de population locale irradiée. Les maladies professionnelles ne sont là-bas pas reconnues et les hôpitaux à proximité des sites d’extraction sont administrés sous l’influence de la société nucléaire française. Comme ça la boucle est bouclée. » (cf. Rouge du 24 janvier 2007)
Ces quelques lignes contiennent de multiples griefs contre le groupe nucléaire français, les arguments d’ordre général contre la filière nucléaire, qui font partie d’un débat en cours qui a son mérite, mais on trouve des arguments plus spécifiques au cas du Niger : Dégâts sur l’environnement, population irradiée. Areva a déjà fait l’objet d’attaques sur ce dossier en 2005 notamment de la part de la CRII-Rad, relayé par l’émission 90 minutes de Canal + du 25 avril 2005. Areva accusé d’appliquer des standards sanitaires insuffisants parce qu’elle opérait dans un pays en développement a réagi faisant certifier iso 14 001 ses installations nigériennes, soit la norme la plus contraignantes appliqué à l’environnement.
Cependant l’attaque la plus grave, est la dernière, Olivier Besancenot accuse les professionnels de santé nigériens d’être sous l’influence d’Areva. Que la compagnie contribue au financement des infrastructures de santé de la région, ne devrait pas être utilisé contre elle. Ces insinuations sont graves et portent atteintes à la fiabilité professionnelle des médecins travaillant dans les hôpitaux incriminés. L’éthique médicale n’est pas inexistante dans les pays du sud, surtout pour une firme multinationale qui se sait de plus en plus observée par les acteurs locaux.
Mais Areva doit soutenir le fau d’autres critiques comme celle de Mamane Sani Adamou au forum de Nairobi. Le grief mis en avant est la répartition des richesses produites par l’exploitation de l’uranium nigérien entre Areva et le pays d’où est extrait le minerai.
« Quelque 2.500 milliards de FCFA ont été encaissés par Areva au titre de la vente d'uranium produit par les mines nigériennes. Sur ce montant, le Niger n'a eu que des miettes", a-t-il déclaré. "Pour un kilogramme d'uranium vendu à 100 euros, mon pays n'a droit qu'à 30 euros", a affirmé M. Adamou qui participe à Nairobi au septième Forum social mondial consacré "au pillage des ressources minières en Afrique". Représentant l'ONG nigérienne Alternatives Espaces citoyens, il a regretté la perte de la souveraineté de son pays sur son uranium. "L'uranium est produit dans les mines du Niger, mais c'est Areva qui choisit exclusivement les acheteurs. Le groupe français, qui achète au Niger l'uranium à un prix fixe, peut le revendre au cours du marché mondial sans ajuster la part qui revient à la partie nigérienne", a-t-il déploré. "Nous sommes à l'évidence dans un type de rapport néocoloniale", a ajouté M. Adamou, dénonçant la "connivence" des dirigeants politiques nigériens avec les intérêts français. "Tous savent que le Niger est lésé dans la répartition des revenus de l'uranium, mais personne ne peut lever petit doigt pour interpeller Areva", a- t-il affirmé. » (cf. Jeunesafriques.com 25 janvier 2007)
Ces attaques sur la santé et la répartition des richesses ne doivent pas rester sans réponse. Si les propos d’Olivier Besancenot sont contestables dans les faits et par l’argumentation scientifique, la problématique de la répartition des bénéfices de l’uranium extrait du sous sol africain fait partie des nouveaux débats sur le rôle des puissances occidentales et asiatiques opérant en Afrique. Les Chinois déploient dans cette région du monde une action concertée entre leurs opérateurs publics et « privés ». Cette approche concertée les rend plus cohérent et assez imperméable pour l’instant à la critique des ONG ou des mouvements alter mondialistes. En créant une dynamique globale entre leur approche diplomatique du continent africain et l’action de leurs entreprises sur zone, les Chinois sont plus efficaces que les entités économiques occidentales qui opèrent en ordre dispersé sans être corrélées automatiquement à une stratégie de puissance guidée par le pouvoir politique de leur pays d’origine. La France est devenu un cas d’école dans ce domaine. Combien de fois la question « Que dit Paris ? » a été posée par des expatriés qui étaient confrontés à ce problème. Et combien de fois la réponse est tombée de manière laconique « Paris ne dit rien ! ». La faiblesse d’Areva est d’opérer de plus en plus comme une firme multinationale classique sans réelle vision stratégique de long terme avec le pouvoir politique français. Que ce soit dans le domaine nucléaire ou du pétrole, une approche fondée sur les seuls critères de rentabilité d’une firme multinationale est suicidaire en termes de gestion des intérêts d’un pays comme la France. Il ne s’agit pas de réhabiliter la « Francafrique » mais simplement d’avoir une pensée stratégique en adéquation avec nos besoins vitaux. N’oublions pas que dans les deux cas de figure du pétrole et du nucléaire, l’Etat et donc le contribuable français ont joué pendant près d’un demi siècle un rôle prépondérant pour assurer le développement de ces deux secteurs énergétiques. Dans le nucléaire, Areva est née de la fusion d’entreprises publiques. Quant au pétrole, la dynamique privée dont se targuent les défenseurs de la culture d’entreprise de Total n’avait pas réussi à s’imposer devant les 7 grandes compagnies anglo-saxonnes qui contrôlaient le marché mondial à la fin des années 50. Il a fallu la création d’Elf Aquitaine dans le cadre de la politique énergétique défendue par le général de Gaulle pour que la France ait enfin une véritable politique pétrolière digne de ce nom et réduise la dépendance énergétique de la France à l’égard des compagnies anglo-saxonnes.