La « crédibilité » de l’expertise du Danois Bjorn Lomborg en matière d’environnement



Il y a parfois des énigmes médiatiques modernes qui dépassent en intensité les plus grands mystères historiques. Bjorn Lomborg est une de ces énigmes. Comment Bjorn Lomborg, diplômé de sciences politiques et reconverti dans les statistiques, est-il devenu une référence en matière de prospective environnementale ? Comment, en ayant écrit un seul ouvrage sur la question, The skeptical environmentalist , a-t-il pu ringardiser le consensus établi par les plus grands experts en climatologie sur les conséquences du réchauffement climatique ?


Pour résumer, Bjorn Lomborg défend les thèses suivantes :





      • Le monde ne souffre pas de surpopulation.

      • Nous serons capables de nourrir tout le monde dans les années à venir.

      • Il n’y a pas d’épuisement des ressources énergétiques, ni des autres ressources.

      • La pollution et les autres dégradations environnementales n’augmentent pas.

      • Le réchauffement de la terre n’est probablement pas dû à l’activité humaine.






Les affirmations contenues dans son livre ont été massivement critiquées par la communauté scientifique. Un comité d’enquête académique créé par le  Danish Committees on Scientific Dishonesty (DCSD), a publié un rapport critiquant sévèrement le contenu du livre et réfutant la totalité des hypothèses émises. Le comité n’a cependant pas réussi à déterminer si ces erreurs étaient dues à l’incompétence ou à la malhonnêteté intellectuelle :

Objectively speaking, the publication of the work under consideration is deemed to fall within the concept of scientific dishonesty. ...In view of the subjective requirements made in terms of intent or gross negligence, however, Bjørn Lomborg's publication cannot fall within the bounds of this characterization. Conversely, the publication is deemed clearly contrary to the standards of good scientific practice.


La rhétorique de Lomborg est d’entretenir le doute sur le discours scientifique des écologistes.
Lomborg a bénéficié du soutien de tous les medias conservateurs américains qui ont assuré à son livre un succès instantané. Les think tanks liés aux milieux de l’énergie ont relayé son message dans l’opinion publique. Il a également reçu l’aval du gouvernement danois, qui l’a installé à la tête de l’EIA (Environmental Assessment Institute) de 2002 à 2004, afin d’évaluer l’intérêt économique des politiques environnementales. Notons au passage que le ministre danois de la science et de la technologie de ce gouvernement a disqualifié les résultats de l’enquête du DCSD citées ci-dessus. Rappelons enfin que le Danemark figure en tête des émissions de CO2 par habitant en Europe.
* http://forsk.dk/pls/portal/url/ITEM/EF36913D939B7142E030E00A8201731A