Le textile est le secteur qui a soulevé les premières controverses sur les risques que faisait courir le nouvel entrant chinois sur notre potentiel industriel. L’heure est venue de faire le point sur un sujet qui est déjà passé aux pertes et profits du monde occidental. Le document que publie Infoguerre a été réalisé par des étudiants de l’ESSEC dans le cadre d’un cours de sensibilisation à l’intelligence économique dispensé par Christian Harbulot.
Lire le fichier PDF Bien que prévisible et annoncée depuis plusieurs années, la montée en puissance de la Chine surprend le monde entier habitué aux équilibres politiques et économiques en place. La Chine, puissance économique en devenir est perçue comme une menace, notamment à travers ses exportations massives de textiles. En 2005, ce sujet a fait l’objet d’un engouement médiatique sans précédent avec une prise de paroles de tous les acteurs concernés : industriels du textile/habillement, fédérations, pouvoirs publics et Communauté européenne. La fin des quotas textiles a fait beaucoup de bruit. Le secteur était sur le qui-vive, attentif à la prise de parts de marché de la Chine, et exploitait l’événement pour faire pression, au niveau national, européen ainsi que dans les réunions d’arbitrage de l’Organisation Mondiale du Commerce. En 2006, l’effet de surprise s’étant émoussé et le référendum sur la constitution européenne, n’étant plus d’actualité, la presse généraliste s’est désintéressée du sujet. Cependant, le rythme des échanges avec la Chine ne s’est pas calmé, il a même enregistré une hausse de 55% sur les six premiers mois de l’année. Les postures prises dans le monde face à cette nouvelle donne sont très différentes. Alors que les Etats-Unis ont une approche offensive, l’Union Européenne a une attitude défensive. L’Europe et les Etats-Unis ont donc adopté deux postures différentes, et finalement engagé de nouveaux accords directs avec la Chine, pour une durée de 2 et 3 ans respectivement, évitant de régler la question sous l’égide directe de l’OMC. Ce délai est censé permettre à l’industrie de s’adapter à cette ouverture tous azimuts…Cela peut paraître quelque peu illusoire, le secteur ayant disposé de dix ans pour se préparer à ce nouveau contexte.
Il n’existe plus en France qu’une filière complète du textile dans la région Midi Pyrénées. Pour survivre, celle-ci doit miser sur l’élaboration de nouvelles fibres qui utilisent les différentes techniques d’intégration dans la fibre d’une substance chimique, ainsi que sur l’évolution des produits textiles dits intelligents, intégrant des éléments conducteurs. Cette volonté de rester compétitif est souvent contrariée par la dispersion des initiatives et le cloisonnement des corps de métier. Pour développer, tester, industrialiser ce type d’innovation, il serait utile d’initier une démarche d’intelligence économique pour capitaliser les efforts d’innovation sur l’ensemble d’une filière. Tel est le sentiment qui se dégage d’un rapport de Jean Pierre Adani, consultant dans le textile/habillement à Lavaur dont le maire est Bernard Carayon :
« L’apparition de nouvelles fibres et leurs traitements permettent d’envisager des orientations neuves, encore faut-il pousser la recherche et développement en intégrant dans la filière complète à constituer, des acteurs scientifiques qui seraient les vecteurs de l’expression des besoins, mais aussi et surtout les superviseurs et garants de l’efficacité et de la sécurité des produits. Avant d’envisager une quelconque industrialisation, il conviendrait donc de créer une cellule de veille et action technologique amont/aval, orientant la recherche globale, concentrant et véhiculant les informations à partir d’un cahier des charges initial. Il n’existe pas pour l’instant de dialogue transversal entre les filateurs, les tisseurs, les ennoblisseurs, les sérigraphes, les confectionneurs et les sous-traitants. Il existe encore une barrière entre le textile et l’habillement. Ces domaines d’activité sont dispersés entre plusieurs syndicats et fédérations représentant le secteur le textile (chaîne et trame), la maille (le tricot) et ceux représentant le secteur habillement (confection de vêtements, transformation de produits tissés ou tricotés en produits vestimentaires alliant mode et fonctionnalité). Il existe bien quelques passerelles, mais il est vrai qu’aujourd’hui, face au déclin de ces professions, les efforts semblent concentrés sur des objectifs de survie plutôt que de développement. ».
Ce texte est toujours d’actualité. Les nouvelles technologies sont des possibilités de rebond mais elles auront des effets limités si elles ne sont pas suivies par le regroupement d’entreprises réunies par une stratégie commune d’approche agressive des marchés.
Lire le fichier PDF Bien que prévisible et annoncée depuis plusieurs années, la montée en puissance de la Chine surprend le monde entier habitué aux équilibres politiques et économiques en place. La Chine, puissance économique en devenir est perçue comme une menace, notamment à travers ses exportations massives de textiles. En 2005, ce sujet a fait l’objet d’un engouement médiatique sans précédent avec une prise de paroles de tous les acteurs concernés : industriels du textile/habillement, fédérations, pouvoirs publics et Communauté européenne. La fin des quotas textiles a fait beaucoup de bruit. Le secteur était sur le qui-vive, attentif à la prise de parts de marché de la Chine, et exploitait l’événement pour faire pression, au niveau national, européen ainsi que dans les réunions d’arbitrage de l’Organisation Mondiale du Commerce. En 2006, l’effet de surprise s’étant émoussé et le référendum sur la constitution européenne, n’étant plus d’actualité, la presse généraliste s’est désintéressée du sujet. Cependant, le rythme des échanges avec la Chine ne s’est pas calmé, il a même enregistré une hausse de 55% sur les six premiers mois de l’année. Les postures prises dans le monde face à cette nouvelle donne sont très différentes. Alors que les Etats-Unis ont une approche offensive, l’Union Européenne a une attitude défensive. L’Europe et les Etats-Unis ont donc adopté deux postures différentes, et finalement engagé de nouveaux accords directs avec la Chine, pour une durée de 2 et 3 ans respectivement, évitant de régler la question sous l’égide directe de l’OMC. Ce délai est censé permettre à l’industrie de s’adapter à cette ouverture tous azimuts…Cela peut paraître quelque peu illusoire, le secteur ayant disposé de dix ans pour se préparer à ce nouveau contexte.
Il n’existe plus en France qu’une filière complète du textile dans la région Midi Pyrénées. Pour survivre, celle-ci doit miser sur l’élaboration de nouvelles fibres qui utilisent les différentes techniques d’intégration dans la fibre d’une substance chimique, ainsi que sur l’évolution des produits textiles dits intelligents, intégrant des éléments conducteurs. Cette volonté de rester compétitif est souvent contrariée par la dispersion des initiatives et le cloisonnement des corps de métier. Pour développer, tester, industrialiser ce type d’innovation, il serait utile d’initier une démarche d’intelligence économique pour capitaliser les efforts d’innovation sur l’ensemble d’une filière. Tel est le sentiment qui se dégage d’un rapport de Jean Pierre Adani, consultant dans le textile/habillement à Lavaur dont le maire est Bernard Carayon :
« L’apparition de nouvelles fibres et leurs traitements permettent d’envisager des orientations neuves, encore faut-il pousser la recherche et développement en intégrant dans la filière complète à constituer, des acteurs scientifiques qui seraient les vecteurs de l’expression des besoins, mais aussi et surtout les superviseurs et garants de l’efficacité et de la sécurité des produits. Avant d’envisager une quelconque industrialisation, il conviendrait donc de créer une cellule de veille et action technologique amont/aval, orientant la recherche globale, concentrant et véhiculant les informations à partir d’un cahier des charges initial. Il n’existe pas pour l’instant de dialogue transversal entre les filateurs, les tisseurs, les ennoblisseurs, les sérigraphes, les confectionneurs et les sous-traitants. Il existe encore une barrière entre le textile et l’habillement. Ces domaines d’activité sont dispersés entre plusieurs syndicats et fédérations représentant le secteur le textile (chaîne et trame), la maille (le tricot) et ceux représentant le secteur habillement (confection de vêtements, transformation de produits tissés ou tricotés en produits vestimentaires alliant mode et fonctionnalité). Il existe bien quelques passerelles, mais il est vrai qu’aujourd’hui, face au déclin de ces professions, les efforts semblent concentrés sur des objectifs de survie plutôt que de développement. ».
Ce texte est toujours d’actualité. Les nouvelles technologies sont des possibilités de rebond mais elles auront des effets limités si elles ne sont pas suivies par le regroupement d’entreprises réunies par une stratégie commune d’approche agressive des marchés.