L’Europe vers l'interopérabilité...

Microsoft tarde à se plier aux exigences de la Commission Européenne en ce qui concerne la fourniture de données techniques favorisant l’interopérabilité avec les produits concurrents. Notamment «l'accès aux protocoles de communication d'XP et Vista et ainsi permettre une interopérabilité totale entre les machines, quel que soit leur système d'exploitation (1) ». On peut se réjouir de cette volonté européenne de favoriser la concurrence, mais l’Europe n’a t’elle pas omis de s’intégrer à l’équation générale ?

A l’heure de «l’indépendance informationnelle», il apparaît paradoxal que l’Europe, si prompte à rappeler à l’ordre l’éditeur américain, ne semble pas initier la moindre action en faveur de solutions logicielles à dimension européenne. Que les fichiers et systèmes soient interopérables est une chose, être en situation d’indépendance technologique et informationnelle en est une autre. Nombre d’administrations du vieux continent cherchent une alternative aux produits Microsoft (système d’exploitation, suites bureautiques, navigateurs Internet, client de messagerie…) et s'orientent vers le logiciel libre. Malheureusement ces initiatives restent soit locales telles que celles des mairies de Munich et Paris, soit nationales telle que, récemment, l’Assemblée Nationale Française (2).

«Les représentants [députés français] resteront cependant libres dans leur permanence parlementaire de préférer telle ou telle solution, mais s’ils préfèrent tel choix logiciel, cela sera fait sur leur enveloppe budgétaire (3) ». Toutefois, on peut s’interroger sur le fait que l’Assemblée Nationale ne préconise pas une migration vers Mandriva (4) (société française). Le parlement européen a adopté le 5 juillet 2006 une résolution pour faciliter l'implantation du logiciel libre pour «davantage de recherche et d'innovation» et «les investissements pour la croissance de l'emploi».

Mais rien ne fait mention d'une nécessité d'indépendance technologique quant au système d'information à l'échelle européenne. Il est vrai que l'Europe économique est une réalité, que l'Europe politique en est une autre, quant à l'Europe de l'information et du système d'information indépendants, le chantier reste à imaginer. La France, avec le virage qu'elle vient d'amorcer, ne pourrait-elle pas, dans ce domaine, initier cette démarche européenne ?

L'administration danoise est, elle aussi, très engagée vis-à-vis du logiciel libre (5) mais rien n'indique qu'elle veuille s'impliquer dans cette voie. La proposition du député français Bernard Carayon, de créer un pôle de compétitivité dédié au logiciel libre pourrait, s'il venait à exister, créer un point d'ancrage en Europe dans ce domaine ainsi que pour l’ensemble des problématiques qui en découlent : sécurisation de l'information, indépendance technologique, recherches appliquées, propriété intellectuelle...

La France n'a t-elle pas une carte à jouer au niveau européen et ce faisant, prendre ainsi un ascendant sur une possible Europe de l'information dont elle serait le moteur? L'Europe souhaite favoriser l'interopérabilité, les pays de l'Union cherchent des alternatives à Microsoft. Ces ensembles participent à créer un tout cohérent dont la France peut tirer parti. Pour cela, des initiatives doivent être prises de façon cohérente et soutenue. La France devrait dans ce domaine reprendre à son compte les propos de Sir Winston Churchill : «J’aime que les choses arrivent et, si elles n’arrivent pas, j’aime les faire arriver ».

Vincent Munier
Hub Du Libre

1 http://solutions.journaldunet.com/0611/061127-microsoft-commission-europeenne.shtml
2 http://akosh.pcinpact.com/actu/news/33007-assemblee-migration-libre.htm?vc=1
3 http://akosh.pcinpact.com/actu/news/32958-migration-assemblee-libre.htm
4 Site http://www.mandriva.com/fr/community
5 Source : http://www.logiciel-libre.gouv.qc.ca/index.php?id=127